Église d’Affiénou Côte-d’Ivoire: Comment le viol d’une fillette a poussé l’Abbé Bilé Richard au suicide

On en sait un peu plus sur le fait dramatique survenu à la paroisse saint François d’Assises d’Affiénou, département d’Aboisso.

Le mercredi 24 avril 2019, le corps sans vie d’un prêtre, l’Abbé Bilé Richard, vicaire de ladite paroisse fut découvert pendu, près du presbytère. Selon les premières informations, le prélat qui devait répondre le lendemain à une convocation de sa hiérarchie, s’est donné la mort par pendaison. Avant d’accomplir cet acte, il a pris le soin de rédiger un message dont nous avons révélé ici le contenu. Ce message sous forme de lettre ouverte reste muet sur les causes de la mort, le défunt auteur se contentant abondamment de demander pardon à une multitude de personnes dont il était proche. Cette effroyable nouvelle avait mis en émoi toute la communauté catholique voire tout le village d’Affiénou de sorte qu’on est encore à s’interroger sur les mobiles de ce suicide.

Si l’on en croit le confrère Soir Info dans son édition du jeudi 25 avril 2019, le vicaire de la paroisse était l’auteur d’un viol sur une jeune fille de 6e au Lycée Jacques Batteur d’Affiénou. Un acte qu’il avait avoué devant les parents de la victime lorsque ceux-ci, sous la conduite de leur fille, l’ont retrouvé sur son lieu de service. L’homme de Dieu gêné par ce qui est arrivé et devant le rapport médical implacable de la petite qui démontre le viol, aurait en contrepartie remis la somme de 400 mille FCFA en guise de prise en charge des soins de la jeune fille. Il aurait, dans la discussion discrète qu’ils ont eue, demandé au père et à la mère de la fillette de ne pas divulguer cette affaire. Echec et mat, avant le lever du jour, la nouvelle, comme une traînée de poudre se trouve à tous les recoins de la localité d’Affiénou et parvient aux oreilles de l’évêque de Grand Bassam.

Le vicaire déprime devant cette situation abracadabrante pour lui. Toute chose qui attire l’attention du curé de la paroisse, le père Marcel Assindjo qui le surveille de très près. Il a fallu le relâchement de ce dernier, le temps de célébrer une messe dans la matinée du mercredi 24 avril 2019 pour qu’il vienne constater les dégâts quelques minutes plus tard, près du lieu où l’Abbé élevait des lapins. Il s’est suicidé à la veille d’une convocation à laquelle il devait répondre le jeudi 25 avril devant l’évêque du diocèse de Grand Bassam.

S’il a avoué son crime devant les parents, il n’a pas poussé son courage très loin devant les plus hauts responsables de l’Eglise. Une faute avouée, dit-on est pourtant à moitié pardonnée. Au surplus, notre Dieu qui est un Dieu de pardon lui aurait accordé sa miséricorde. Hélas, l’Abbé a choisi la voie du raccourci commettant un autre gros péché (le suicide) avant de quitter le monde des vivants. Voici pour les faits.

Et si l’Eglise catholique se réformait ?

Ce cas de suicide (pour masquer la honte) pose une fois encore l’épineux débat de la réforme de l’Eglise catholique sur le mariage interdit aux ministres du culte : le vœu de chasteté ou célibat sacerdotal. Un débat aussi vieux que le monde qui est remis au goût du jour au fil des ans mais les lois restent rigides alors que le monde, les mentalités et la philosophie évoluent vers plus de tolérance, plus de souplesse chez la communauté des hommes. Le célibat sacerdotal selon des hommes de Dieu qui s’expriment sur le sujet n’est pas inscrit dans la bible de façon claire et explicite. Ce sont des constats, des pratiques et des positions dominantes dans l’empire romain antique qui ont fini par imposer cette règle. Une émanation du droit canonique qui dispose au canon 277 : «Les clercs sont tenus par l’obligation de garder la continence parfaite et perpétuelle à cause du Royaume des Cieux, et sont donc astreints au célibat, don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage et s’adonner plus librement au service de Dieu et des hommes ».

Des motifs financiers mais aussi philosophico-théologiques avec la désagrégation de l’empire romain d’occident en 1132 sont également la source de cette disposition à interdire le mariage aux prêtres. Pour la pensée ambiante de cette époque, selon nos recherches, « l’existence de prêtres de père en fils risquait d’aboutir à une appropriation par ces familles sacerdotales des biens de l’Église, car à tout office (fonction ecclésiastique) correspondait un bénéfice (revenus plus ou moins substantiels selon les paroisses) ». Tout n’a pas toujours fonctionné ainsi pour autant. Au cours de l’histoire il y a eu des prêtres mariés. Les Eglises africaines qui évoluent dans une sphère culturelle différente du monde occidental devraient se réapproprier ce débat et prendre une position de bon sens. L’on éviterait ainsi les grands maux visibles qui minent l’Eglise catholique comme le phénomène de la pédophilie et de l’homosexualité.

SD à Abidjan
sedebailly@yahoo.fr

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