Le parti communiste de Côte-d’Ivoire appelle le peuple béninois «à intensifier la lutte»

Abidjan le 4 mai 2019

Les élections législatives du 28 avril 2019 organisées au Benin sont tout sauf des élections démocratiques, sensées doter le pays d’institutions représentant le peuple.

Seuls deux partis affiliés au clan de Monsieur Patrice Talon, Président de la République ont pris part à ces élections. Tous les partis d’opposition ont décidé de les boycotter pour exprimer leur désapprobation des lois électorales scélérates et des conditions discriminatoires comme par exemple l’exigence d’une caution exorbitante de 250 millions CFA pour les candidats aux présidentielles, dans un pays où le taux de pauvreté dépasse 40%.

En fait Monsieur Talon et ses amis ont organisé des élections pour eux seuls. Celles ci ne sont pas des élections pour choisir les députés du peuple du Bénin. Elles sont une comédie politique de mauvais goût comme l’affectionnent les hauts bourgeois des pays dominés par l’impérialisme. C’est donc à juste titre qu’à l’appel du Parti Communiste du Benin, et de toute l’opposition, le peuple béninois s’est mobilisé pour dire non à cette mascarade électorale.

Pour le punir, le pouvoir de Talon a procédé à des arrestations, a déversé des tonnes de gaz lacrymogène, tiré à balles réelles sur les manifestants donnant la mort aux combattants de la liberté. Le dictateur a déversé sa colère sur le peuple insurgé du Bénin. Mais vous avez remporté des victoires qui seront gravées dans l’histoire de votre pays. Les résultats de vos luttes sont là, élogieux et éloquents ; 22% de taux de participation selon les statistiques officiels qui en réalité ne dépasse pas 9%, des candidats de la honte hués et indésirables, etc.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire

– Présente ses sincères condoléances aux parents des victimes, souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
– Soutient sans réserve la détermination du peuple frère du Bénin dans sa lutte pour un Benin débarrassé des hauts bourgeois réactionnaires comme Patrice Talon
– Soutient le Parti Communiste du Benin pour tous les efforts qu’il déploie pour orienter, diriger les luttes des peuples du Bénin pour la démocratie, les libertés et le pain et la révolution
A BAS le despote Talon
Vive la lutte d’émancipation des peuples du Bénin

Achy EKISSI
Secrétaire Général

Bénin : Heurts autour de la résidence de Boni Yayi, les éléments déclencheurs

Par Ibrahima Bayo Jr. Lefigaro.fr

La police béninoise a-t-elle voulu procéder à l’arrestation de Thomas Boni Yayi, le prédécesseur de Patrice Talon? Pour quels motifs? Au lendemain d’un 1er mai particulièrement tendu dans la capitale économique béninoise, les réponses à ces questions se résument à une succession de déclarations dans l’entourage de l’ex-locataire du Palais de la Marina. Déclarations très vite démenties par le pouvoir suite à de violents heurts autour de la résidence de l’ex-président. Dans le sillage de l’annonce des premiers résultats des législatives déjà marquées par plusieurs incidents, plusieurs faits ont conduit à cette après-midi de violences.

Traces de pneus brûlés, résidus de grenades lacrymogènes et même des douilles de balles en caoutchouc ! Cadjehoun, un quartier de la capitale économique du Bénin, Cotonou, porte encore les stigmates des violents affrontements du 1er mai.
Rumeur d’arrestation, gaz lacrymogènes contre pierres

Un premier bilan de ces affrontements, livré par la société civile béninoise, fait état de deux blessés. «Il y a eu un blessé à la main, résultat de sa tentative de ramasser une grenade [lacrymogène] de la police qui n’avait pas explosé», minimisent les autorités béninoises dans une guerre des chiffres. Car ce qui devait être un paisible jour férié s’est transformé en une longue après-midi d’échauffourées violentes entre la police et des manifestants.

A la suite de l’annonce par son entourage d’une imminente arrestation, la résidence de l’ex-président Thomas Boni Yayi est assaillie par ses partisans, venus contrer l’important dispositif déployé par la police aux abords immédiat du domicile de leur leader. «Il s’agit d’une fake news. Un projet d’arrestation de l’intéressé n’a jamais existé contrairement à ce qui est relayé», a tenté de désamorcer plus tard Sacca Lafia, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique lors d’un point de presse quelques minutes après le ralliement de la résidence de l’ex-chef de l’Etat. Rien n’y fait.

Aux barricades de fortune érigées avec des monceaux de bois et des pneus usagés, la police réplique en tirant des gaz lacrymogènes et, selon certains témoignages sans doute amplifiés, … des balles réelles contre des jets de pierres. La tension est montée d’un cran lorsque des commerces ont été cassés, des banques vandalisées et une station-service proche de la présidence brûlée. La veille, dans la nuit de mardi à mercredi, la Cena, la commission électorale avait annoncé les résultats provisoires des législatives du 28 avril, des élections contestées dont l’opposition avait été exclue.

Rumeurs contre rumeurs

La période préélectorale avait déjà pris des relents acrimonieux. Après ses appels au dialogue pour tenter de trouver un compromis sur le nouveau Code électoral, sa contre-campagne pour promouvoir le boycott, l’opposition conduite par les anciens chefs d’Etat Nicéphore Soglo (1991-1996) et Thomas Boni Yayi (2006-2016), avait fini par lancer un ultimatum ferme au pouvoir. Il demandaient à leur successeur de procéder à l’arrêt d’un scrutin législatif qualifié de «coup d’Etat électoral». En désespoir de cause, les deux ex-présidents ont fini par appeler à un boycott.

Dans les rangs de l’actuel pouvoir, le discours très offensif de l’opposition avait été perçu comme une provocation ou suffisamment ambigu pour constituer une incitation à la violence pendant le scrutin du dimanche 28 avril. Ce jour-là, 286 incidents ont été enregistrés dans tout le pays dont une majorité dans le Nord Bénin, région acquise au président Thomas Boni Yayi, selon la plate-forme d’observation de la société civile. Si l’on ajoute à l’important dispositif sécuritaire à Cotonou ce 1er mai, les appels dans le camp du pouvoir actuel à l’arrestation des deux hommes, on obtient une succession d’événements qui ont conduit aux violents affrontements de ce mercredi.

En réalité, la transe de la rumeur s’était aussi emparée du camp de Patrice Talon. Bien avant le vote, l’on annonçait déjà que des convois de manifestants seraient en partance du Nord pour rallier Cotonou. L’objectif selon cette rumeur, était de venir grossir les rangs des manifestations du 1er mai qui seraient utilisées en plate-forme de contestation du scrutin. Anticipant l’ampleur de telles manifestations et leur potentiel débordement, le pouvoir aurait déployé cet impressionnant dispositif constitué de chars, de soldats armés et de policiers déployés dans la capitale économique, surtout dans le quartier où tout est parti. « Nous avons envoyé des éléments sur le terrain afin de contourner le mouvement qui se préparait.». L’aveu de Sacca Lafia est suffisant pour conforter cette thèse.

Un coup porté à la démocratie béninoise

Pour l’heure, c’est la démocratie béninoise et ses acteurs qui prennent un sérieux coup. Le forcing de Patrice Talon dont l’opposition dénonce une dérive autoritaire dans l’exercice du pouvoir, aura laissé cette dernière sur la touche, ce qui n’était jamais arrivé depuis plus de 30 ans. Dans leur réplique, les opposants aussi n’ont pas été jugés assez républicains. Le modèle démocratique béninois s’effrite à la lumière des chiffres des législatives. Sans bulletin nul, ce sont moins de 23% des 4,9 millions d’électeurs qui ont choisi les 83 députés du parlement béninois. Avec l’exclusion de l’opposition, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, deux partis proches du pouvoir, raflent les sièges. L’on craint que l’hémicycle ne devienne la chambre d’enregistrement des volontés de Patrice Talon.

Ibrahima Bayo Jr.

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