La BCEAO doit “libérer” le marché du crédit, assène un banquier

Par Albert Savana, Abidjan, redaction FinancialAfrik.com

Comment les banques vont-elles y arriver? Sans défiance aucune à l’institut d’émission, il faut constater que la mesure de relèvement de la borne supérieure du taux de prêt marginal de 3.5 à 4.5 % est un signal. C’est un indicateur de la perception du risque de la zone et, aussi, de la rémunération minimale attendue. C’est comme si la théorie était de décourager les banques à ne faire que de la trésorerie (placement de titres) au lieu du crédit.

Les taux d’épargne se sont d’ailleurs ajustés dans l’offre de certaines banques universelles. Le problème est ailleurs. il est au niveau du refinancement moyen dans la perspective du développement des prêts PME. Sur la place, les trésoriers de banques se coupent les cheveux en quatre (et dans le sens de la longueur) pour trouver des financements pour leur employeur. Comme 4.5% sont chers, les banquiers vont à toute vitesse vers le guichet à 2.5% de la BCEAO. Cette fenêtre est à une semaine mais il faut déposer les bijoux de famille à la banque en contrepartie.

Seulement, avec un financement à une semaine, même revolving, il est utopique de constituer un portefeuille de prêts PME allant sur l’intervalle 3-5ans. il est même impossible, dans ces conditions, de financer la “transformation industrielle”, cette nouvelle musique que nos politiques nous chantent. Quant à l’interbancaire, il n’existe aujourd’hui que sur le papier. “Il n’y a personne qui prête à son camarade” comme le marmonne un trésorier ivoirien. Ou, plus précisément, il n y a personne qui prête à son camarade à moins de 4.5%.

Au Wakanda, les banques font jouer l’interbancaire à leur manière
Les oiseaux de même plumage volant ensemble (bird of same feathers flock together), les banques panafricaines refinancent les banques panafricaines, les banques marocaines refinancent leur filles, les banques françaises, réputées surliquides, ne financent personne au Wakanda. Oui, elles peuvent le dire, “personne n’est capable d’acheter nos lignes à notre prix”. Mais le constat drôle est que les banques les PLUS liquides ne prêtent pas ET tout va bien, madame la marquise. Il y’a comme une prime au mauvais élève.

La recherche de financement est d’autant plus laborieuse que le TEG (Taux effectif global) est passé de 18 à 15% et a été aujourd’hui plafonnè à 15% TTC: cela veut dire que si une banque ne veut pas dépasser les 15%, elle doit prêter à 13% max inclus TVA. De l’alchimie? Qui va financer alors la plantation de Yao dont le titre foncier porte le nom de son arrière grand-père? Yao produit une spéculation non régulée et il n’a pas encore exhibé un contrat de vente ferme.

Par ailleurs, le droit d’exploitation de la ferme n’est acté que par la capacité mystique dissuasive de Yao par rapport à ses frères mais pas sur papier. Qui va financer Michael, brillant informaticien qui a découvert un produit de social média révolutionnaire? Notons que l’entreprise Imaginaire DUPONT SA emprunte “clean” auprès des banques à 5%, à prendre ou à laisser. Mais ne vous inquiétez pas, les Etats eux, trouvent financement sans problème. D’ailleurs, ils viennent ramasser la petite capacité disponible en négociant en amont que leur financement fasse l’objet d’un traitement comptable favorable ( JAMAIS de provisions en tant que produit de trésorerie d’ailleurs) et d’un refinancement intégral à la Banque Centrale.

Après avoir vidéles disponibilités du marché pour leur programmes nationaux de développement, les mêmes Etats désignent un bouc émissaire idéal en campagne électorale: ” il faut que les banques financent”, scandent-ils l’index pointé vers ces charmants banquiers accusés de ne rien faire pour financer l’économie.

Ou trouver les refinancements à moins de 6% sur 5 ans en FCFA pour construire un portefeuille sain? Nous répondrons à cette question dans l’article suivant.

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