Sahel: Les détails de l’opération de libération des otages

Comment s’est déroulée l’opération de libération des otage

REPLAY – Deux soldats français ont trouvé la mort dans une opération au nord du Burkina Faso pour libérer quatre otages, dont deux Français. Le général d’armée François Lecointre et la ministre des armées, Florence Parly, s’exprimaient en direct.

La ministre des Armées, Florence Parly, et le Chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, ont précisé le déroulé de l’opération menée dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 au nord du Burkina Faso pour libérer quatre otages, dont deux Français. Deux militaires français ont été tués au cours de cette intervention «complexe».

Quelques heures après la libération de quatre otages – deux Français, une Américaine et une Sud-coréenne – par l’armée française dans le nord du Burkina Faso, la ministre des Armées, Florence Parly, et le Chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, ont donné des précisions sur le déroulé de cette opération d’une «très grande complexité».

Lors d’un point presse organisé ce vendredi 10 mai, la ministre a qualifié l’intervention menée par l’armée française dans la nuit de jeudi à vendredi de «véritable exploit» que «peu d’armées au monde sont capables de mener». Elle a également fait part de sa «profonde tristesse» au moment d’évoquer la mort de deux officiers mariniers français, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello. Ils étaient respectivement chef de groupe et membre du commando Hubert, l’unité d’assaut de Saint-Mandrier composée de nageurs de combat. «Ils sont morts pour la France et pour sauver des Français. Ils ont protégé les otages au péril de leurs vies. (…) C’est aujourd’hui toute la nation qui s’incline devant leur bravoure», a-t-elle déclaré. Le général Lecointre, visiblement ému, a quant à lui déploré la perte de «deux frères».

Burkina Faso : «Nous avons perdu deux de nos frères»
Le chef d’État major des Armées, le général François Lecointre, n’a pas pu cacher son émotion au moment d’évoquer la mort de Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, les deux militaires morts durant une opération de libération d’otages.

Une opération «très complexe»
Concernant l’opération elle-même, elle s’est déroulée dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le nord du Burkina Faso, à un endroit où les ravisseurs avaient fait une «halte en territoire burkinabé», selon le général François Lecointre. L’objectif était de libérer deux Français, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, qui avaient été enlevés le 1er mai dernier lors d’un séjour touristique au Bénin. Les autorités françaises suivaient l’évolution des ravisseurs depuis plusieurs jours et ont saisi l’opportunité de les frapper en raison du risque «de transfèrement de ces otages à une autre organisation terroriste qui agit au Mali, et qui est la Katiba Macina» du prédicateur Amadou Koufa, ce qui aurait dès lors «rendu impossible d’organiser une quelconque opération de libération», a détaillé le chef d’état-major des armées.

Sans rentrer dans les détails, le général François Lecointre a indiqué que d’importants moyens humains et matériels ont été mobilisés. «Nos meilleurs hommes ont été envoyés sur cette opération», a quant à elle indiqué Florence Parly. Selon le chef d’état-major des armées, les commandos français ont progressé de nuit, dans le noir total, et «ont traversé une zone découverte sur 200 mètres» jusqu’à leur cible: quatre abris. Les militaires ont dû progresser dans un silence absolu en raison de la présence d’une sentinelle aux abords du campement.

Après l’accord d’Emmanuel Macron, les commandos ne sont repérés qu’à une dizaine de mètres des quatre abris mis en place par les ravisseurs pour la nuit. «Cela montre le degré de compétence de nos soldats», a affirmé François Lecointre. «À dix mètres, nos soldats entendent les ravisseurs charger leurs armes dans les abris», précise le général Lecointre. «Ils décident donc de monter à l’assaut sans ouvrir le feu pour être sûrs de ne pas faire de pertes» chez les otages ou des civils potentiellement présents. Dans deux abris distincts, deux coups de feu se font entendre. C’est à ce moment-là que les marines Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ont été tués «à très courte distance».

Burkina Faso : l’assaut lancé pour éviter un transfert des otages qui aurait rendu leur libération «impossible»
Le chef d’État major des Armées, le général François Lecointre a précisé le 10 mai que l’assaut pour libérer les otages a été lancé pour éviter leur transfert vers le Mali, ce qui aurait rendu une opération de libération «impossible» par la suite.

La surprise des deux autres otages
Au total, quatre terroristes sont tués par les militaires français, et deux sont parvenus à s’enfuir. Dans les abris, deux autres otages, une Américaine et une Sud-coréenne, ont été découvertes par les forces armées françaises. Mais leur présence sur les lieux était inconnue. «Personne n’avait connaissance de leur présence. Nous n’avions pas connaissance du fait qu’au côté de nos deux ressortissants il pouvait en avoir d’autres, et les contacts que nous avons eus depuis quelques heures avec les États-Unis et la Corée du Sud montrent que probablement, ces pays-là n’avaient pas nécessairement conscience de la présence de ces deux ressortissantes en territoire burkinabé», a déclaré Florence Parly. «A priori elles étaient otages depuis 28 jours», a précisé le général Lecointre.

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L’identité des preneurs d’otages est encore inconnue. Il est «trop tôt pour se prononcer», a déclaré la ministre des Armées. «L’analyse est en cours. Ce que l’on peut dire c’est qu’il y a deux mouvements terroristes principaux qui opèrent dans cette zone et qui sont affiliés pour l’un à al-Qaida, pour l’autre à l’EIGS (État islamique au Grand Sahara). Nous n’en savons pas plus pour l’instant», a-t-elle précisé. La ministre a également salué l’appui «des forces burkinabé et le soutien américain en renseignement» qui a rendu possible cette opération.

Le président français Emmanuel Macron accueillera samedi à 17 heures les deux ex-otages français, ainsi que l’ex-otage sud-coréenne, à l’aéroport de Villacoublay, au sud de Paris, a annoncé l’Élysée. Le chef de l’État présidera une cérémonie d’hommage national aux deux commandos marine tués lors de cette intervention le mardi 14 mai, à 11h00, aux Invalides.

Yohan Blavignat
Lefigaro.fr

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