Amadou Soumahoro va-t-il conduire l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire au cimetière des Institutions ?

L’Assemblée nationale va-t-elle à sa dernière demeure! ?

Amadou Soumahoro, l’ancien conseiller politique d’Alassane Ouattara et désormais président de la Chambre basse du Parlement, ne fait pas dans la dentelle. Il est déterminé à conduire l’Assemblée nationale au cimetière des Institutions ivoiriennes.

Alors que, dans le préambule de la Constitution du 8 novembre 2016, les Ivoiriens proclament leur « attachement aux principes de la démocratie pluraliste fondée sur (…) la séparation et l’équilibre des pouvoirs », Amadou Soumahoro choisit d’entrer en conflit avec la Loi fondamentale.

« L’Assemblée nationale est autonome, elle n’est pas indépendante. Tant que je serai là, il n’y aura plus de divergences entre les Pouvoirs exécutif et judiciaire », a-t-il ouvertement déclaré pour mettre le Législatif à la remorque de l’Exécutif.

Il ne peut craindre d’être interpellé ou rappelé à l’ordre par le Judiciaire. Le Conseil constitutionnel, « organe régulareur du fonctionnement des pouvoirs publics », ne voit rien, n’entend rien et naturellement, ne dit rien.

En roue libre, il est sur sa lancée pour faire de l’Assemblée nationale une belle chambre d’enregistrement et une parfaite caisse de résonance.
C’est pourquoi, non content que son groupe, le RHDP parti unifié, soit majoritaire (153 députés sur 223, soit 60.47%), il veut imposer un Bureau de l’Assemblée nationale aux ordres, en donnant aux trois autres groupes parlementaires de l’opposition (PDCI-RDA, Vox Populi et Rassemblement) la portion congrue, malgré l’alinéa 2 de l’article 6 du Règlement intérieur qui dispose: « Le bureau doit être le reflet de la configuration politique de l’Assemblée nationale« .

La Chambre basse du Parlement, condamnée (!?) à devenir godillot, est donc bloquée dans son fonctionnement régulier. Les deux sessions plénières convoquées les 17 et 20 mai 2019 pour établir le calendrier des travaux parlementaires ont échoué.

Et après qu’il a mordu la poussière au Parlement de la CEDEAO où il a tenté d’opérer un passage en force, Amadou Soumahoro est dos au mur.

Il a fait recours à… l’Union africaine. Celle-ci a dépêché une représentante qui se trouve au cœur d’une crise unilatéralement occasionnée par la violation des textes dont le pays s’est dotés.

Ferro Bailly

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