Un président est payé avec les impôts des contribuables pour travailler

Certaines personnes, y compris dans le camp des supporters de Laurent Gbagbo, ne se contentent plus de s’enthousiasmer pour « le travail abattu » par Ouattara depuis qu’il a été installé dans le fauteuil présidentiel par le voyou et assassin Nicolas Sarkozy. Elles estiment aussi qu’on doit lui dire merci. Ont-elles raison ?

Lorsqu’une maternité, un collège, un barrage d’eau, un marché, une université et/ou une route sont construits, les populations (paysans, étudiants, fonctionnaires, etc.) devraient-elles remercier le chef de l’État, constituer une forte délégation et braver la pluie ou la chaleur pour lui exprimer de vive voix la reconnaissance du village ou de la ville ? Sans hésitation, ma réponse est « non ».

Les raisons de ce « non », je les partageai pour la première fois en mai 2010 avec une dizaine de personnes qui suivaient mes conférences hebdomadaires au Centre Saint François-Xavier du Lycée Sainte Marie (Cocody). Une militante du FPI, qui participait à ces conférences, fut choquée de m’entendre dire qu’un président n’était pas là pour être remercié mais pour travailler. Je lui expliquai d’abord que le président se servait, non pas de son propre argent, mais des deniers publics pour bâtir ceci ou cela. Je dus ensuite la renvoyer aux propos tenus, quelques mois plus tôt, par Laurent Gbagbo devant un groupe d’Ivoiriens vivant aux États-Unis. Ce que son leader avait dit à la diaspora ivoirienne, elle l’ignorait, ce qui montre bien que beaucoup suivent le cofondateur du FPI sans avoir jamais pris le temps de lire et de bien lire ses discours et écrits.

Ce jour-là, Laurent Gbagbo avait dit ceci (je cite de mémoire) : le président de la République n’a pas à être remercié pour telle ou telle chose faite dans le pays, parce qu’il a été élu pour que les gens aient des routes, écoles, logements, ponts et hôpitaux dignes de ce nom, parce que, lors de la campagne électorale, il promet de faire tout son possible pour que les gens vivent bien, parce qu’il est payé pour ça.
À ce propos, je considère que les présidents africains sont trop bien payés quand je pense à leur salaire, plus élevé que celui de leurs collègues occidentaux, aux avantages de toutes sortes dont ils bénéficient (factures d’eau, d’électricité et de téléphone payées par l’État) et au colossal budget de souveraineté qu’ils s’octroient sans l’accord du Parlement.

Il est temps que ce salaire, comme celui des ministres et députés, soit revu à la baisse car il n’est ni décent ni juste que l’employeur (le peuple) tire le diable par la queue ou croupisse dans une misère noire et déshumanisante pendant que les employés (les élus et leurs collaborateurs) fêtent leurs milliards et accumulent véhicules, immeubles et terrains.

En démocratie, le pouvoir appartient au peuple. Des gens à qui nous avons momentanément délégué notre pouvoir et qui sont à notre service, nous ne devons pas, par ignorance ou par fanatisme, en faire des dieux infaillibles, leur vouant un culte et les laissant s’enrichir outrageusement sur notre dos.

Dans une République, on ne remercie pas les personnes payées par l’État avec les impôts du contribuable pour améliorer les conditions de vie et de travail des citoyens. Donald Trump, Emmanuel Macron, Angela Merkel et autres ne sont pas remerciés chaque fois qu’ils agissent pour le bien-être de leurs populations. Nos nègreries et autres attitudes infantilisantes et dégradantes doivent donc s’arrêter. Et elles doivent s’arrêter le plus tôt possible !

Jean-Claude DJEREKE

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