L’Alliance entre Bédié et Gbagbo ne « pourra pas aider la Côte d’Ivoire », selon Dah Sansan du RDR (interview)

Edwige FIENDE

Le président des jeunes du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) Dah Sansan a estimé qu' »une alliance entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), « totalement vidé de son fond » et le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) ne pourra pas aider la Côte d’Ivoire », dans une interview à ALERTE INFO.

Vous venez de recevoir un nouveau véhicule de luxe des cadres du RDR après avoir restitué celui que Soro Guillaume vous avait offert, pourquoi cette démarche ?

J’ai une mission, celle de défendre le président Alassane Ouattara, de rassembler la jeunesse du RHDP au sein d’une plateforme qui va garantir une élection paisible et une victoire certaine du RHDP en 2020. Rien ne doit me détourner de mon objectif. J’ai pris la décision parce que celui qui était le donateur d’hier a changé radicalement de position. Ses prises de position étaient gênantes et son entourage avait des positions difficiles à comprendre. Comme le seul lien entre l’ex-président de l’Assemblée nationale et moi, c’est le véhicule, j’ai décidé de m’en débarrasser afin d’être totalement libre de mon engagement, totalement indépendant. C’est une question de cohérence et de conviction.

Est-ce que le chantage que vous dénoncez est un motif suffisant pour rendre le véhicule ?

Bien sûr, c’est largement suffisant. Je ne supporte pas qu’on puisse avoir des idées d’arrière-plans pour me détourner de mon objectif. Dès que le véhicule a été déposé, le donateur est venu récupérer sa chose, ça veut dire qu’il attendait. Ça veut dire aussi que j’ai bien fait. Actuellement, chacun est libre de tout engagement.

Le président Alassane Ouattara ne doit pas faire l’objet d’un jeu. Son orientation politique est tellement claire, et c’est tellement bon que les Ivoiriens puissent comprendre véritablement où il veut amener la Côte d’Ivoire que nous n’allons pas permettre que des gens par des méthodes populistes viennent jouer avec une orientation jamais acquise depuis que la Côte d’Ivoire est indépendante. Il faut que chacun comprenne qu’Alassane Ouattara n’agit que dans l’intérêt des Ivoiriens.

Vous parlez de défendre le RHDP, que devient le RJR que vous dirigez ? Faut-il considérer que ça n’existe plus ?

Le RJR subit le même sort que le RDR. Si le parti qui a créé le RJR a une orientation politique, c’est clair que le RJR subira le sort du RDR. Présentement, nous sommes au RHDP dans un cadre du rassemblement global de l’ensemble des Ivoiriens afin de conquérir le pouvoir en 2020 et le conserver.

Une visite du chef de l’Etat est annoncée à Katiola où Guillaume Soro a séjourné récemment, Est-ce à dire que le camp présidentiel est embêté par les tournées de l’ex-président de l’Assemblée nationale ?

Aucune tournée, aucune déclaration, aujourd’hui, ne peut faire l’objet de crainte du RHDP qui est une véritable machine, un véritablement outil de conservation du pouvoir et pour longtemps. Dire que c’est parce que l’ancien président de l’Assemblée nationale est parti à Katiola que le président veut partir, je dis non. Ne vous trompez pas. Pendant les visites d’Etat, des localités n’avaient pas été visitées par le président de la République. C’est tout à fait normal qu’il puisse faire un programme pour se rendre à Katiola. La programmation d’aller à Katiola ne date pas d’aujourd’hui. Ca été programmé depuis très longtemps, ce n’est qu’un concours de circonstances, cela n’a aucun lien avec la visite de Guillaume Soro. Le président de la République est libre de circuler partout en Côte d’Ivoire.

Cette liberté est-elle garantie pour Guillaume Soro ?

C’est un Ivoirien qui est libre d’aller et de venir, de circuler partout en Côte d’Ivoire comme il veut. Il est totalement libre. C’est en cela que chacun de nous doit saluer le président Alassane Ouattara parce que la Côte d’Ivoire n’a jamais été aussi démocratique. Par le passé, sous d’autres régimes, un opposant qui s’affiche et qui insulte le pouvoir en place, depuis longtemps, il était interpellé. Je ne pense pas que si Soro était à la place d’Alassane Ouattara ce qu’il est en train de faire allait être possible. Je sais que l’ancien président de l’Assemblée nationale n’aime pas la contradiction, ce n’est pas en étant président de la République qu’il va accepter une contradiction. Nous avons un président qui est apte à laisser les opposants faire ce qu’ils ont envie de faire, mais attention, il faut qu’ils le fassent dans l’ordre. S’ils exagèrent, alors nous serons là pour les interpeller et les actions en justice ne vont pas manquer. Tous ceux qui sont opposants doivent exprimer leur droit démocratique dans le respect des lois.

Etes-vous en train de menacer M. Soro ?

J’interpelle chaque opposant au respect des lois de la République, des normes politiques. Qu’ils défendent leurs projets de société sans injures, sans désinvolture. Il faut être cohérent, respectueux. Si le dire est une menace, je dis oui parce qu’on ne peut pas laisser faire les choses comme si la Côte d’Ivoire n’avait pas de règles. Chacun de ces acteurs a été responsable de haut niveau et ils savent qu’une République, c’est le respect des règles. La tolérance a des limites.

Jeannot Ahoussou a annoncé son adhésion au RHDP, est-ce que cela ne confirme pas la thèse de débauchage des cadres du PDCI ?

Ahoussou Jeannot est un responsable de haut niveau et lorsque la question du RHDP a commencé, il n’est pas venu immédiatement. Il a pris le temps de réfléchir et de peser les pour et les contre d’une adhésion au RHDP, c’est à l’issue de cet exercice qu’il a décidé d’annoncer son adhésion au RHDP. Je ne pense pas une seule seconde qu’Ahoussou Jeannot puisse faire l’objet d’un débauchage. Il faut que les Ivoiriens respectent la moralité que le président Alassane Ouattara veut donner à la Côte d’Ivoire. Vous pensez que le président Alassane Ouattara est un homme qui peut donner de l’argent facilement à des gens ? Acheter les consciences aujourd’hui, c’est totalement inutile. Le RHDP ne le fait pas. C’est l’occasion d’appeler tous les acteurs politiques à la modération, à comprendre où se trouve l’intérêt de l’Etat.

Croyez-vous à une alliance entre Gbagbo et Bédié ?

Nous sommes en démocratie et les alliances se font et se défont. Le PDCI de Bédié que j’appelle le PDCI formaliste, totalement vidé de son fond veut se mettre avec le FPI sans doute ça va être possible. Mais quand on regarde une idéologie du PDCI de la droite et une idéologie du FPI de la gauche, comment ces deux idéologies peuvent se rencontrer pour construire la Côte d’Ivoire. J’ai peur que dès que ces idéologies vont se rencontrer, ils vont passer le temps à gérer le choc que leur rencontre va créer avant de commencer à s’occuper de la Côte d’Ivoire. C’est une alliance qui ne pourra pas aider la Côte d’Ivoire. Une alliance FPI-PDCI, nous au RHDP cela ne nous fait pas peur. Nous sommes convaincus de notre aptitude à conserver le pouvoir à partir de 2020. Il n’y a pratiquement pas d’effort à faire. Je ne sais pas d’où va venir cet extraterrestre pour bousculer le RHDP en 2020. Je ne vois pas.

Les groupes parlementaires PDCI, Vox-populi et Rassemblement dénoncent depuis un recul de la démocratie à l’Assemblée nationale et protestent contre la formation du bureau de l’Assemblée, qu’en pensez-vous?

J’ai vu malheureusement certains de mes collègues aller se livrer en spectacle à l’Assemblée nationale, en train de faire du bruit, parce que le président de l’Assemblée nationale n’aurait pas respecté d’autres dispositions. Ces députés, animés par la volonté de créer un blocage institutionnel, sont allés loin en boycottant l’élection du président de l’Assemblée nationale. Quel non-sens pour des gens qui sont censés être des modèles.

L’autre erreur, c’est de dire que le bureau de l’Assemblée nationale n’a pas été constitué selon les règles. La Constitution, dit que le bureau doit être le reflet de la configuration politique de l’Assemblée nationale. Les députés d’en face sont animés manifestement de mauvaise foi et il faut qu’ils se ravisent. Malheureusement pour eux, l’Assemblée nationale est aujourd’hui en nombre pour délibérer, de telle sorte qu’ils peuvent venir comme ne pas venir, mais cela ne pourra pas bloquer le fonctionnement de l’Assemblée nationale.

J’ai été sidéré d’entendre la députée Yasmina Ouégnin lors d’un colloque dire que la Côte d’Ivoire n’est pas un Etat démocratique et qu’elle n’est pas favorable au soutien de l’international aux Ivoiriens. C’est une incohérence qu’il convient de dénoncer. Je serais à la place de Yasmina Ouégnin, j’allais être parmi ceux qui réclament un 3e mandat d’Alassane Ouattara afin que Cocody continue de rayonner.

La commune de Cocody d’où elle est députée est l’une des meilleures communes et c’est le reflet de la Côte d’Ivoire grâce aux projets importants qui embellissent la ville. Il faut qu’elle arrête de jouer les bébés gâtés. Ces dons, qui arrivent de l’extérieur, vont d’une façon ou d’une autre aider les Ivoiriens. Dire à des investisseurs étrangers de ne pas venir parce qu’il n’y a pas de démocratie, c’est jouer contre les intérêts de la nation et c’est même condamnable. Notre règlement condamne cela, et notre règlement permet qu’un député qui s’est mal comporté vis-à-vis de l’Etat soit interpellé. Si elle continue avec de telles âneries, nous serons obligés d’actionner la procédure et appliquer les règles de la démocratie.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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