Éducation: Le think tank « Croyons en nous » expose ses solutions pour l’école en Côte-d’Ivoire

Par Connectionivoirienne

‘’Il faut désormais dire professeur des écoles au lieu d’instituteur’’ (Serge Amissah, pdt)

Comme il l’avait promis le mois dernier lors d’une rencontre avec la presse, le think tank ivoirien ‘’Croyons en nous’’ présidé par Serge Amissah, (un ancien du lycée scientifique de Yamoussoukro et dirigeant de plusieurs entreprises après une formation aux Etats-Unis), a abordé la question de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire.

Pour M. Amissah et ses amis, le constat est clair, le diagnostic est sans appel, l’école ivoirienne est à l’agonie, elle a cessé de fonctionner. De sorte que pour la redynamiser, il faut, estime-t-il, définir une vision claire et du temps, au moins 30 ans pour la ressusciter. ‘’La vision manque’’, a-t-il fait observer avant de dérouler les propositions de son organisation.

Bien avant M. Amissah, il est revenu à Dadié Tayoraud son associé de révéler quelques statistiques parlantes issue de leur recherche. Selon lui, la Côte d’Ivoire compte aujourd’hui 7 millions d’illettrés soit 30 % de la population, 6,3 millions de scolarisés, 66% de taux d’échec et 167 mille enseignants. Dans 50 ans, le nombre d’élèves devrait doubler et se situer autour de 14 millions d’élèves. Toute chose qui nécessite de prendre des mesures bien pensées maintenant.

Lors de son intervention, le président de ‘’Croyons en nous’’, Serge Amyssah a indiqué que quatre piliers sont nécessaires pour bâtir la nouvelle école ivoirienne. Ce sont les infrastructures éducatives qui doivent être disponibles et accessibles quel que soit le lieu où on se trouve sur le territoire national. Le deuxième pilier est le programme éducatif qui devrait passer par une alphabétisation accrue, l’enseignement du calcul de base, la promotion de la culture scientifique. Vient ensuite la pédagogie qui doit reposer sur l’équité et l’esprit critique chez l’apprenant. Enfin il y a le système d’évaluation à revoir. Celui-ci doit être flexible, créatif et permettre de déceler très tôt le talent chez tout élève qui en possède forcément, selon M. Amissah.

Tout ceci, a-t-il dit ne peut opérer que si quelques préalables sont réglés. Le recrutement qualitatif, la politique salariale revue, un statut particulier pour l’enseignant et la motivation. ‘’Il faut accorder un statut particulier aux enseignants et les mettre au cœur du système éducatif. Aujourd’hui l’appellation instituteur est moins motivante. Il faut changer cette dénomination et adopter la dénomination ‘’professeurs des écoles’’ plus valorisante. Il faut faire des enseignants un corps d’élite’’, a défini l’orateur devant un auditoire attentif. Pour lui, une grille salariale spécifique aux enseignants serait une source de motivation et d’attraction des diplômés ivoiriens vers ce corps de métier. Selon l’intervenant, il faut revoir l’utilisation de la masse salariale actuelle consacrée à l’éducation nationale qui est de 900 milliards de FCFA l’an. A défaut de l’augmenter, il faut l’utiliser de manière à créer la motivation car, martèle-t-il, il ne s’agit pas de comparer les salaires des enseignants ivoiriens à ceux de leurs collègues de la sous-région pour soutenir qu’ils sont bien traités. Il faut plutôt, se référer, à son avis aux salaires dans les dix pays du monde qui sont cités en exemple en matière d’éducation.

M. Amissah va plus loin en proposant à l’état de ‘’briser la contrainte du financement’’ en jetant par exemple un coup d’œil du côté de la politique d’immigration. Quel impact le taux d’immigration peut-il avoir sur le système éducatif ? Combien dépense l’Etat ivoirien dans la scolarisation des enfants d’immigrés ? Il faut aborder et traiter cette question sans tabou et sans complexe, estime M. Amissah qui pense qu’ainsi, l’état peut créer ‘’des zones d’économie’’ qui peuvent permettre de financer l’éducation. De même que mener une politique contre les détournements de fonds publics.

Une autre proposition de ‘’Croyons en nous’’ concerne l’enseignement privé. Il a suggéré à ce niveau que l’Etat prenne entièrement en compte le salaire des enseignants de cet ordre d’enseignement parce que s’il a concédé ce service public, cela devrait se limiter à la construction des infrastructures scolaires et exclure le recrutement des enseignants qui doit être du domaine réservé de l’Etat. Dans certains pays qui ont un bon système éducatif, révèle-t-il, le primaire est exclusivement réservé à l’Etat.

Répondant à une question sur ‘’l’école gratuite’’ comme on en entend dans les discours propagandistes, M. Amissah a fait valoir que si dans l’absolu l’école gratuite est possible, en Côte d’Ivoire, on n’a pas encore les moyens de la financer. Encore faut-il définir jusqu’à quel âge on peut le faire.

Des étudiants ont témoigné au cours de ce panel. L’un, en master de droit à Cocody, a reconnu qu’au vu de ce qui se fait dans les universités, il est bien normal de conclure à un manque de vision chez les autorités en charge de l’école. Il dit ne pas comprendre jusque-là l’enseignement de certaines matières qui n’apportent rien à la qualification de l’étudiant. Des cours sur le leadership, des cours sur l’entreprenariat manquent encore aux curricula de formation, a-t-il décrié à la grande approbation de ses camarades étudiants.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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