Depuis les USA, le Comité d’Actions Pour la Côte-d’Ivoire désavoue « l’alliance électorale » PDCI/FPI

Déclaration du C.A.C.I

Tant qu’on taira l’histoire, « Oulotto, Béoumi, et Agboville » vont se multiplier au détriment de la réconciliation nationale
Le 13 avril 2019, le Comité d’Actions pour la Côte d’Ivoire (C.A.C.I) a coanimé une causerie-débat organisée sous l’égide de E.D.S. à New York aux Etats-Unis avec pour thème : « Comment sauver la Côte d’Ivoire ? » Dans notre exposé initial, nous avons parlé des dangers qui guettent la Côte d’Ivoire, d’autant plus que le thème de la causerie-débat en évoque l’existence.
L’un des dangers évoqués est qu’une bonne majorité des acteurs et actrices politiques de la Côte d’Ivoire n’accepte pas la transition comme une voie de sortie de crise. Pourtant, sans cette transition qui consiste à faire parler l’histoire et assainir les discours politiques, économiques et sociaux, le climat social et politique continuera de se dégrader comme le prouvent la sortie de Mme. Oulotto et les affrontements inter-ethniques qui se sont déroulés à Béoumi et Agboville en ce mois de mai 2019.
D’abord, c’est Mme. Anne Oulotto, une des ministres de M. Alassane Ouattara, qui a ouvert la série des controverses en déclarant le 4 mai 2019 à Tiassalé qu’il n’y avait jamais eu de génocide d’un peuple Wè, sinon elle, qui est membre de ce groupe ethnique, ne serait pas en vie. Elle répondait à Mme. Simone Gbagbo, qui a dit à Duékoué que les Wès ont subi un génocide entre 2002 et 2011. La sortie de Mme. Anne Oulotto est maladroite et reflète la volonté du régime au pouvoir de taire l’histoire. Mme. Oulotto est consciente que personne ne peut nier les massacres des Wès parce que ceux-ci sont suffisamment documentés. Le moins qu’elle puisse faire c’est de substituer le terme génocide et demander avec empressement qu’on ne politise pas lesdits massacres. Mais, en quoi évoquer les tueries systématiques et nombreuses d’une population revient à les politiser ? N’est-ce pas le devoir des partis politiques et organisations de la société civile de défendre les droits des hommes, femmes, enfants et surtout le droit à la vie. Ces massacres ne sont-ils pas les conséquences d’un conflit politique et social ?

En réalité, c’est Mme. Oulotto et le RDR qui politisent les massacres des Wès parce qu’ils veulent les taire. Ils se sentiraient plus à l’aise si personne, au nom d’une prétendue réconciliation, n’en parlait. Mme. Oulotto et le RDR peuvent tenter de réduire l’histoire au silence parce qu’il n’existe pas de discours officiels et collectifs sur la crise que vit le pays depuis 1999. Il n’existe pas des repères pour situer les responsabilités, prononcer les sanctions, demander et dire les pardons.
C’est pour cette raison que nous assistons à une cascade d’affrontements sanglants et meurtriers dans les villes et villages du pays. Dans le seul mois de mai 2019, des graves affrontements ont eu lieu à Béoumi et à Agboville. A Béoumi, les 15 et 16 mai 2019, une bagarre, qui au départ opposait deux personnes, s’est transformée en des affrontements entre Baoulés et Malinkés faisant officiellement 11 morts, 84 blessées, et des dégâts matériels importants. A Agboville, on rapporte que des lycéens abbeys et malinkés se sont bagarrés.

Ce qui inquiète c’est le que fait des altercations entre deux personnes se muent rapidement en des affrontements « inter-ethniques » dans lesquels des armes de guerre et des armes blanches sont utilisées. Cela veut dire que premièrement la sécurité humaine est très précaire, deuxièmement des populations, notamment « les gens du Nord, » recourent aux armes de guerre parce qu’elles se sentent assurées de la protection du régime au pouvoir, troisièmement la fracture sociologique s’accentue, et quatrièmement l’intolérance ethnique refait surface avec véhémence. Justement, cette intolérance ethnique qui caractérise les évènements de Béoumi et Agboville, s’accentue parce qu’on a fait le silence sur « Nahibly, » « Guitrozon, » « Petit Duekoué, » « Anokoi-Kouté, » etc. et parce que le régime au pouvoir croit et règne par la violence. Ce régime a une vue sélective des victimes de la crise de 2002-2011, cajole les « microbes, » encourage l’impunité, et pratique le rattrapage ethnique.
Les affrontements de Béoumi et d’Agboville rouvrent aussi le débat sur la circulation des armes légères et petites en Côte d’Ivoire et l’échec des processus de désarmement depuis 2002. Les armes circulent et sont utilisées profusément parce que le corps social et politique ivoirien n’a pas encore engagé une transition pour désarmer les cœurs et les esprits. C’est aujourd’hui une évidence que le discours politico-social se durcit davantage.

Malheureusement, les forces politiques ivoiriennes hésitent à intégrer pleinement la transition dans leurs plans de sortie de crise malgré les incessantes interpellations des organisations de la société civile et la recrudescence de la violence. Ces forces politiques parlent plutôt de 2020. Le PDCI et le FPI, pour ne citer que ces deux grands partis politiques, mettent un accent particulier sur la réforme de la Commission Électorale et l’assurance de leur retour au pouvoir en 2020. L’alliance qu’ils négocient entre eux en ce moment semble être une alliance électorale.

Nous estimons qu’il est illusoire de dire aux Ivoiriens et Ivoiriennes que la recomposition de la Commission Électorale est une condition suffisante pour garantir un climat apaisé, une réconciliation effective, et des élections libres, transparentes et ouvertes à tous en 2020. Au contraire, nous réaffirmons que deux choses s’imposent irrémédiablement à la Côte d’Ivoire : premièrement faire reculer le régime d’Alassane Ouattara et deuxièmement instaurer une transition politique. Donc, toutes les alliances et les plateformes qui se négocient en ce moment au sein de la classe politique et sociale doivent aller dans ce seul sens.

C’est pourquoi, le C.A.C.I réaffirme sa solidarité aux organisations telles que le Mouvement de Solidarité Démocratique (MSD-France), le Congrès des Ivoiriens du Canada (CIC) et l’Alternative Citoyenne (ACI- Côte d’Ivoire), qui militent et travaillent pour l’avènement d’une transition politique en Côte d’Ivoire.

Eric Edi, PhD
Secrétaire Exécutif,
Comité d’Actions Pour la Côte d’Ivoire (C.A.C.I-USA)

Photo:
Un émissaire du comité d’actions pour la Côte d’ivoire / USA chez Ouegnin le jeudi 26 juillet 2018 au siège provisoire de EDS, sis à Cocody-anono.

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1 réflexion au sujet de « Depuis les USA, le Comité d’Actions Pour la Côte-d’Ivoire désavoue « l’alliance électorale » PDCI/FPI »

  1. « Depuis les USA, le Comité d’Actions Pour la Côte-d’Ivoire désavoue « l’alliance électorale » PDCI/FPI
    Je recherche le paragraphe où se trouve cette déclaration, svp?

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