Côte-d’Ivoire: Après son acte chez Bédié, Abdoul Awassa « Ce n’était pas du sang mais un liquide rouge pour dire notre indignation »

Par Connectionivoirienne

Nous avons pu joindre Abdoul Awassa, le principal organisateur de la manifestation devant la résidence du président Bédié lundi dernier. Il avait déversé un liquide ressemblant à du sang. Il est revenu sur cet acte de profanation et le but de son action qui consistait, selon lui, à exprimer son indignation après les propos de M. Bédié qu’il juge xénophobe

On vous dit proche de Hamed Bakayoko et que vous agissez sous son instigation. Qu’en dites-vous ?

Sur les réseaux sociaux, on me dit proche du pouvoir, proche de Hamed Bakayoko mais moi, je suis de Daoukro. Je suis proche de Henri Konan Bédié. Le président Bédié est mon grand-père. Il me reçoit matin, midi et soir (il nous envoie une photo récente prise avec Bédié).

Ta manifestation était-elle organisée pour soutenir le pouvoir ou était-ce un combat désintéressé ?

C’est un combat de la jeunesse et précisément, un combat de la jeunesse du grand centre (l’organisation qu’il dirige, ndlr). Je me dis que c’est nous les jeunes qui souffrons toutes les fois que les politiciens de la trempe de Bédié dérivent. Ce n’était donc pas un soutien au pouvoir mais l’expression d’un ras-le-bol pour dire que nous avons assez souffert des actes des politiciens qui déstabilisent le pays. Toutes les fois qu’il y a des troubles politiques ce sont les jeunes qui meurent. Et nous ne voulons plus mourir pour les dérapages des politiciens.

N’y avait-il pas d’autres moyens de protester que de verser un liquide ressemblant à du sang devant le domicile d’une autorité politique ? N’est-pas là un acte de profanation ?

Nous voulions juste marquer un symbole. D’ailleurs ce n’était pas du sang que nous avons versé. Où allons avoir du sang pour faire ça ? Non, c’était un liquide rouge pour symboliser notre indignation. Nous nous sommes inspirés de l’exemple d’un pays où ils sont allés verser du sang au parlement. Nous voulons interpeller que tous les problèmes ici sont nés des questions identitaires et qu’il faut éviter d’autres crises en manipulant ces sujets. Le sang des jeunes a beaucoup coulé et on ne veut pas en arriver là, à cause des déclarations de notre pépé.

Est-ce qu’en agissant ainsi, vous ne vous prenez pas au piège d’une certaine propagande du pouvoir parce que vous auriez aussi pu vous interroger sur la cause du message de Bédié qui recevait des populations ivoiriennes ?

Moi je ne voudrais pas rentrer dans ces histoires politiques. Je reste sur ma ligne. Nous refusons que les jeunes meurent. Bédié a 85 ans, c’est mon grand-père. A cet âge, il n’a plus d’avenir, il n’a que des souvenirs. La Côte d’Ivoire s’est occupée de lui et il est important qu’on soutienne la Côte d’Ivoire et les autorités pour donner la chance à d’autres jeunes d’évoluer. Ces jeunes qui veulent travailler, qui veulent investir. Mais à 85 ans, tenir des discours incendiaires ne rassure guère. Et au moment où je vous parle, je vous apprends que des étrangers ont peur, ils veulent rentrer chez eux. Nous ne voulons pas de cela, nous voulons que le pays évolue dans sa diversité.

Et vous faites quoi de votre côté pour rassurer ces étrangers qui veulent rentrer chez eux ?

Nous leur demandons de faire confiance à l’état de Côte d’Ivoire, à son gouvernement et à sa jeunesse. Le pays d’Houphouët ne va pas sombrer parce qu’il nous a enseigné la paix et l’intelligence pour vivre avec nos frères non-nationaux. Dans une déclaration, Houphouët avait dit que tous, nous venons de quelque part. Ça veut tout dire. Mais le président Bédié depuis l’instauration de sa philosophie de l’ivoirité, nous a créé trop de problèmes. Nous sommes pour la paix, nous ne sommes pas pour la xénophobie.

Par SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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