Dédicace « Duékoué : La vérité interdite » Saint Tra Bi promet d’aller jusqu’au bout des révélations

L’intervention du magistrat François Guéi qui a failli gâcher la cérémonie

Le confrère, actuel correspondant du quotidien Fraternité Matin à Duékoué, Goré Bi dit Saint Tra Bi a organisé la première dédicace de son livre témoignage ‘’Duékoué : La vérité interdite’’, ce jeudi 20 juin 2019 à Novotel Plateau, devant un parterre de personnalités et de journalistes. La cérémonie ponctuée de témoignages, de félicitations et de critiques a été riche mais aussi émouvante quand dans une autre phase, les organisateurs ont fait une projection des photographies réalisées par l’auteur. Des images qui rappellent l’horreur de la longue guerre meurtrière qui a secoué cette partie du pays entre 2002 et 2012. Des corps exhumés, des puits transformés en sépulture, des corps disséminés dans les rues, les pillages, les destructions, les acteurs aux visages pleins d’inhumanité, des fosses communes…

Selon le critique littéraire, Pr. Adama Coulibaly, le livre est un texte documenté. ‘’Il ne s’agit pas d’une fiction mais d’un témoignage. (…) Une écriture sanguine avec en toile de fond la mémoire manipulée’’, commente-t-il.

Pour sa part, Tra Bi a livré quelques détails de son œuvre affirmant qu’il s’agit de la relation de faits vécus, documentés et photographiés. Il ne s’agissait pas, dit-il, de prendre une position pour un camp contre un autre mais d’un devoir de mémoire pour montrer à quel point ce conflit a été dévastateur. Un seul tome ne saurait suffire pour relater tout ce qu’il sait et tout ce qu’il a vu. Aussi a-t-il promis un tome 2 dès le mois de juillet. Il promet d’aller jusqu’au bout des révélations en rentrant dans les détails les plus inextricables. Il révèle dans ce premier tome que le conflit de l’Ouest ivoirien était à l’origine des palabres issues de l’occupation des terres. Palabres exacerbées par les rivalités politiques.

Et les politiques étaient bien présents à cette cérémonie de dédicace. Le magistrat François Guéi, précédemment membre du Conseil constitutionnel et pro-Ouattara, a eu droit à la parole. Il a provoqué une vive clameur dans la salle lorsqu’il a nié l’existence d’un ‘’génocide’’ à l’ouest. ‘’Il y a eu des meurtres, des assassinats, des tueries et des massacres mais il n’y a jamais eu de génocide wê’’, a-t-il déclaré tentant de donner sa définition de génocide au milieu d’une vague d’indignation de ses frères wê qui ne voulaient plus l’écouter. Un autre, Evariste Méambly, qui avait bien commencé son intervention en appelant à l’apaisement, sera lui aussi chahuté vers la fin quand il transforme l’occasion qui lui a été donnée en une tribune politique pour louer les bienfaits d’Alassane Ouattara en faveur des pro-Gbagbo. Il a brandi une proposition de loi d’indemnisation des victimes, une initiative personnelle qu’il entend défendre après sa proposition d’amnistie.

Au total, Saint Tra Bi aura eu le mérite de mettre côte à côte, le temps d’une dédicace, les frères d’une région divisés par la politique et qui ne se supportent pas dès lors qu’un sujet sensible comme celui du génocide wê est évoqué. La ministre Anne Oulotto en sait quelque chose. Ce jour encore, la salle a été surchauffée à l’évocation de ce vocable quand bien même cela ne constitue pas la trame du livre du confrère.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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