Politique Côte-d’Ivoire: Après avoir «incendié» et fait douter le régime, pourquoi Konan Bédié calme le jeu

Par Connectionivoirienne

Après des propos d’une rare dureté dénonçant un ‘’hold-up’’ sur la Côte d’Ivoire ‘’sous couvert de l’orpaillage clandestin’’, le président du Pdci a décidé de passer à autre chose, le temps de lancer une autre bombe. Depuis sa retraite de Daoukro, la charge portée contre le régime qu’il a aidé à installer en 2011 a fait beaucoup de bruit au sein de la classe politique et au-delà. Il y a eu çà et là, récrimination, soutien et condamnation.

Revenu à Abidjan, Bédié a rencontré les délégués de son parti sur l’ensemble du territoire pour leur donner des instructions fermes sur la marche à suivre.

Si tous les observateurs avertis et des militants convaincus s’attendaient à ce qu’il rallume encore le feu, l’ancien chef d’Etat (1993-1999) fera preuve de retenue. Ce 22 juin 2019, les délégués avaient fait le plein de la salle, personne ne voulait se laisser conter l’événement et le discours qui allait être dit. Tous étaient suspendus à ses lèvres pour entendre que le premier responsable du parti apporte un peu plus d’éclairage à son discours tenu le 5 juin devant des militants venus de Koumassi, commune de la capitale économique. Il n’en soufflera aucun mot quand bien même les délégués lui avaient prêté le flanc, louant même sa clairvoyance et son esprit patriotique. Les huit intervenants représentant les grands ensembles régionaux du pays ont tous dénoncé l’orpaillage clandestin et la mainmise des étrangers sur ce segment de l’économie nationale, l’inscription frauduleuse sur les listes électorales, l’occupation des terres dans leurs zones respectives. « Nous comptons dans plusieurs villages des individus de plusieurs nationalités qui pillent nos ressources », a déclaré le porte-parole des délégués du Nord, Soro Dolourou qui ajoute que ces questions qui donnent des démangeaisons au gouvernement sont une réalité dans notre pays.

Dans son intervention, le président du Pdci esquive et préfère plutôt donner des recettes pour la reconquête du pouvoir à travers une feuille de route en six points.

L’ancien président est conscient du rôle et de la place qu’il tient dans l’arène politique ivoirienne. Il sait que dans sa guéguerre contre le pouvoir d’Alassane Ouattara, il est désormais celui qui impose le tempo non seulement par l’influence non négligeable de son parti mais également par la portée de ses messages dont il a le courage. Il en était ainsi le 26 janvier 2019 lors du congrès ordinaire du Rhdp. Ce rassemblement se tenait à Abidjan mais les yeux étaient rivés sur Daoukro ce même jour car Bédié y recevait les hommages de la jeunesse de son parti lors d’un rassemblement populaire. Il avait alors qualifié le Rhdp de ‘’rassemblement de détourneurs de deniers publics’’ de même qu’il accusait ses dirigeants d’enfants ‘’adultérins’’ d’Houphouët, moquant au passage la mobilisation du stade Houphouët-Boigny rendue possible selon lui, par la corruption des participants. Il n’en fallait pas plus pour noyer le rassemblement du RHDP qui était moins commenté que les propos de Bédié en ce temps-là.

L’onde de choc créée avait fini par se dissiper jusqu’à ce que, ce 5 juin, Bédié récidive en portant de nouveau une estocade. Chauffer le fer à blanc pour le battre, le refroidir quand c’est nécessaire, la stratégie communicationnelle du vieux sphinx est toute trouvée. Il a l’avantage de connaître Ouattara en ses points forts et en ses faiblesses, les sujets qu’il affectionne et ceux dont il a horreur, pour avoir été dans son intimité durant de longues années.

Henri Konan Bédié qui rejette désormais toute offre politique d’Alassane Ouattara veut pousser celui-ci à la faute pour l’affaiblir. Il agit donc en connaissance de cause et intègre bien que le chef de l’Etat n’aura pour seule option que son arrestation pour le faire taire. Une recette qui a fait ses effets contre l’opposition pro-Gbagbo. Mais Bédié n’est pas n’importe quel justiciable en vertu de son statut d’ancien chef d’Etat qui ne peut être jugé que par la haute cour de justice. Une juridiction qui n’existe pas encore, Ouattara ayant toujours rusé avec son installation. Toutefois, il étudie la faisabilité d’une arrestation de Bédié en dehors de cette juridiction.

Des informations de source bien informée font savoir que le président de la République a donné des instructions « fermes » à son ministre de la justice afin d’échafauder le plan de la reddition « forcée » du Bouddha de Daoukro.

En attendant, Bédié partira très bientôt en France et en Belgique, remettre le prix UNESCO Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la Paix au Premier ministre Éthiopien Abiy Ahmed All, avant de rencontrer Laurent Gbagbo à Bruxelles.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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1 réflexion au sujet de « Politique Côte-d’Ivoire: Après avoir «incendié» et fait douter le régime, pourquoi Konan Bédié calme le jeu »

  1. Comme toujours Ouattara aura le dernier mot sur ses adversaires pour la simple raison qu’il réagit rarement sous le coup de l’émotion. Depuis quelques temps il n’y a que Bedie qui parle quand Ouattara comme à son habitude garde le silence pour frapper au moment opportun la ou ça fait mal. Autant Bedie connaît Ouattara aura ce dernier le connaît aussi. Dans tous les cas que ce désamour entre les alliés d’hier ne fasse pas encore des morts c’est tout ce nous leur demandons. Que la sagesse habite les uns et les autres afin que le pays connaisse la paix.

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