CNI: Lobognon a-t-il bien argumenté son amendement rejeté par l’assemblée nationale en Côte-d’Ivoire ?

Commentaire par Connectionivoirienne

À l’analyse, la proposition du député de Fresco jouit d’une légitimité en ce sens que la question de la carte nationale d’identité est un document au centre des crises ivoiriennes de ces dernières années.

C’est pourquoi, le rejet de l’amendement proposé ici, choque l’opinion.

Mais à y regarder de près et sur la base de ce qui est écrit, peut-on dire que le député s’y est bien pris pour faire passer son texte ?

Tous ceux qui commentent pour critiquer le régime Rhdp dont les députés sont présentés comme des anti-patriotes, commentent avec un peu d’émotion. Le sujet en vaut sans doute la peine.

Sinon dans le fond, le porteur de l’amendement s’est limité à des généralités sans apporter des arguments irrésistibles à son texte.

Interrogeons pour cela l’article 107 de la constitution Ouattara que l’ex ministre des Sports Lobognon a contribué à voter :

« Les membres du Parlement ont le droit d’amendement (al. 1) – Les propositions et amendements déposés par les membres du parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins qu’ils ne soient accompagnés d’une proposition d’augmentation de recettes ou d’économies équivalentes (Al. 2) »

Nulle part le député n’a étayé son amendement d’une proposition  »d’économies équivalentes », si l’État qui a déjà fait voter le budget 2019 devait abandonner les frais de timbre de 5000 FCFA. L’amendement a tout de même été jugé recevable par le Bureau de l’Assemblée et il est arrivé jusqu’aux débats en plénière. On peut donc reprocher aux députés du groupe majoritaire Rhdp de manquer de solidarité et d’avoir fait preuve d’égoïsme, mais le député qui a porté l’amendement n’est pas allé au bout de son argumentation en laissant entrevoir dans sa proposition les failles pour sa propre destruction.

Ce n’est pas fini.

Après l’Assemblée, le texte va atterrir sur la table des sénateurs. Et c’est ici que, même décrié à sa création, le Sénat pourrait trouver toute sa place dans le fonctionnement de l’institution parlementaire. À moins de jouer les suivistes, elle devrait apporter une analyse et un regard plus experts sur la question et trancher en dernier ressort. Et alors la loi serait définitivement rejetée ou adoptée.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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