Blé Goudé « Je ne participerai jamais à une alliance pour combattre un individu » (interview)

Dans une interview qu’il a accordée récemment à notre confrère Tv5 monde, Charles Blé Goudé renouvelle son ambition de jouer un rôle de premier plan sur la scène politique ivoirienne, se rêvant désormais artisan de la « paix » et de la « reconstruction ».

« Je souhaite que les politiques ivoiriens puissent dépassionner les débats et tirer toutes les leçons de ce qui nous est arrivé en 2010 pour ne pas recommencer (…) Aucune ambition politique n’est au-dessus de la vie des Ivoiriens », plaide-t-il.

L’ancien leader des « jeunes patriotes », qui se dit « inquiet » de la tournure que prennent les événements en Côte d’Ivoire, estime qu’«il faut éviter de surfer sur tout ce qui est identité», même s’il faut poser et régler les questions du foncier et de la nationalité.

S’il est favorable à l’idée de la plateforme non idéologique circonstancielle de l’opposition contre le pouvoir pilotée par le président du Pdci, Henri Konan Bédié, c’est à la condition que cette coalition ne soit pas une arme de destruction massive dirigée contre une personne.

«Je ne participerai jamais à une alliance pour combattre un individu, mais pour proposer des idées, pour changer la Côte d’Ivoire (…) Les groupements contre des individus perdent la société », prévient-il, estimant qu’une alliance entre Gbagbo et Bédié serait salutaire, si elle « peut permettre que le calme revienne de nouveau, que les Ivoiriens se parlent à nouveau ».

« Je ne suis pas de ceux qui sont dans un négativisme total. C’est-à-dire que tout ce qui vient de l’adversaire est mauvais et doit être considéré comme mauvais. Il y a eu des mesures. Je les salue sur ce plateau. Des mesures qui ont permis que des camarades de lutte, des autorités qui ont dirigé ce pays-là, retrouvent leurs familles. Je salue ces mesures. Il y a mieux à faire. On n’en fait jamais assez pour la paix », soutient-il, en évoquant l’ordonnance d’amnistie prise par le Président Alassane Ouattara le 6 août 2018.

Jugeant que la réconciliation « n’est pas une option mais un impératif. J’ai été le 1er Leader à envoyer une délégation pour rencontrer le Président Bédié. Nous étions en 2018 et j’étais encore derrière les barreaux de la CPI. »

Il souhaite voir les effets de l’amnistie élargis aux militaires encore en détention. Et il « salue » le discours à la réconciliation de l’ex-première dame Simone Ehivet, elle-même bénéficiaire de l’amnistie.

En leader politique qui postule à une haute carrière, il appelle de ses vœux une opposition « réunie autour de valeurs ».

Fer de lance de la mobilisation sous le régime de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé met au défi quiconque d’apporter « une bande sonore » où il serait « en train d’appeler à des violences contre des Français » pendant la crise militaro-politique de 2002 à 2010.

La vérité sur les 300 morts ? II estime que les Ivoiriens auront tout le temps d’en parler. Depuis janvier 2019, Charles Blé Goudé, faut-il le rappeler, est en liberté sous condition à La Haye aux Pays-Bas.

Benoît HILI
Fratmat.info

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