Côte d’Ivoire: Huit ans après la crise post-électorale, la mort continue de frapper les pro-Gbagbo en exil

Papier d’Angle par Serge Alain KOFFI

Bohoun Bouabré, Jean Gomont Diagou, Mamadou Ben Soumahoro, Pol Dokoui, et tout récemment Philippe Attey : le décompte macabre des ex-collaborateurs de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, décédés en exil continue de s’allonger huit ans après la fin de la crise post-électorale à l’issue de laquelle ils avaient choisi pour la plupart de quitter la Côte d’Ivoire.

A Abidjan, la dépouille de Philippe Attey, décédé le 26 juillet à Orléans en France, était arrivée mercredi soir. Comme assez régulièrement depuis 2011, la Direction du Front populaire ivoirien (FPI, ex-parti présidentiel) avait encore demandé à ses militants de réserver “un accueil vibrant au camarade défunt, à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny’’.

 

En quittant à la sauvette la Côte d’Ivoire, au plus fort des combats de la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011 qui a officiellement fait 3.000 morts, ces ex-proches de Laurent Gbagbo, nourrissaient certainement le secret espoir de regagner leur pays, une fois la paix revenue.

Si certains ont eu cette chance de refouler le sol ivoirien après des années d’exil, d’autres ont succombé de maladies diverses loin de leur terre natale.

Des décès en cascade qui ne se comptent plus et transforment leur exil en une sorte d’antichambre de la mort.

La triste et longue série a débuté par l’ex-maire de Facobly (ouest) et ancien Président du Conseil d’Administration de la Société de développement du tourisme de la région des lacs (SODETOURLAC), Gnan Raymond, mort à Lomé, au Togo, le 6 décembre 2011.

Un mois plus tard, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Paul Antoine Bohoun Bouabré, décède en Israël dans la nuit du 10 au 11 janvier 2012.

Quelques semaines après, Jean Gomont Diagou, ancien maire de Cocody, meurt au Ghana, le 17 février 2012.

En septembre 2013, Jean-Claude Atsé , ancien leader du Forum national des jeunes du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), un mouvement de soutien à ce parti et à son président Henri Konan Bédié, décède à Accra, au Ghana. Militant du PDCI, il s’était rangé du côté de Laurent Gbagbo, lors de la crise post-électorale.

Comme beaucoup de ses compagnons d’infortune, il avait quitté la Côte d’Ivoire pour se réfugier au Ghana, voisin, après la chute de l’ex-président le 11 avril 2011.

Pendant quatre ans, la grande faucheuse a semblé avoir lâché le camp Gbagbo avant de faire une nouvelle victime de taille: l’ancien journaliste Mamadou Ben Soumahoro, ex-député indépendant de Bako, décède au Ghana un 11 avril (précisément le lundi 11 avril 2016) comme pour marquer son attachement à l’ex-président.

Deux ans après la mort de Mamadou Ben Soumahoro, un autre ancien journaliste Pol Dokoui succombe le 6 juin 2018 à Cotonou, au Bénin.

Le 11 juillet 2019, l’ancien ministre Mel Théodore rend l’âme en France. La presse et la classe politique ivoirienne n’avaient pas encore fini avec les hommages au disparu que vingt jours seulement après, l’ex-Directeur général de la Société de transport abidjanais (SOTRA), Philippe Attey meurt le mercredi 31 juillet, en France.

A Abidjan, et particulièrement dans le camp Gbagbo, le manque de moyens financiers lié au gel des avoirs de ces personnalités par le gouvernement ivoirien, est régulièrement évoqué comme raison de ces décès en cascade.

“Comme beaucoup de cadres pro-Gbagbo, Attey Philippe était en exil en France, il avait lui aussi son compte bloqué par’’ le chef de l’Etat Alassane Ouattara, écrivait sur sa page Facebook, l’artiste chanteur Serges Kassy, partisan de l’ancien président, à l‘annonce de la mort de l’ex-DG de la Sotra.

SKO

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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