Côte-d’Ivoire: 40% des ouvrages publics construits sous Ouattara et Gbagbo ne respectent pas les cahiers de charge (Audit)

De nombreux habitants de la Côte-d’Ivoire ironisaient jusque-là sur la mauvaise qualité des infrastructures routières construites depuis l’accession du président Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. Durant la décennie de gouvernance à intermittence de coups de canons et de couvre-feux sous l’ex Chef de l’État Laurent Gbagbo, la refondation était elle aussi victime des mêmes railleries de la part des militants du RDR et du PDCI-RDA.

Un rapport d’audit sur l’état de ces routes vient apporter de l’eau à leur moulin. Produit par l’Autorité nationale de régulation des marchés publics( Anrmp), et présenté par Kossonou Koko Olivier son secrétaire général, ce rapport d’audit révèle, en effet, que certaines routes ne sont pas du tout conformes aux normes édictées en la matière.

Taxées de « biodégradables » par les contempteurs du régime Ouattara, ces infrastructures routières ont été réalisées au mépris des standards, soutiennent en effet les auteurs du rapport.

Et 40% des ouvrages publics, construits entre 2003 et 2017, l’auraient ainsi été sans respecter les normes en vigueur.

Il ressort de l’enquête faite sur le terrain, que ces infrastructures « coupé-cloué » présentent une bonne brochette de défaillances : nids de poule sur les chaussées, affaissement à certains endroits des chaussées, fissures multidirectionnelles, arrachement et dés-enrobage du bitume, mauvaise qualité de béton se traduisant par la faible résistance à la compression et à la température etc.

En guise d’exemple, le rapport pointe la mauvaise qualité des travaux de voirie dans le District d’Abidjan.

« (…) il a été noté que la voirie urbaine revêtue du District d’Abidjan se situe en région du littoral (R1), avec un sol de plateforme en sable argileux latéritique (S3) et un trafic de type (T2). En se basant sur le sondage réalisé, la structure de chaussée réalisée est de type 2. Dans ce cas, l’épaisseur de la couche devrait être de 15cm au lieu de 12cm comme exécuté ».

Conclusion des auditeurs : « Ainsi, il ressort que la structure de la chaussée rencontrée (Rue Pharmacie Riviera Bonoumin) est non conforme aux prescriptions du catalogue des structures du Lbtp en vigueur en Côte d’Ivoire ».

Un autre exemple cité, de travaux bâclés, c’est l’autoroute Singrobo-Yamoussoukro, dont le marché a été passé en 2007, sous Laurent Gbagbo donc. L’audit révèle que «la couche de fondation (couche 3) en graveleux latéritique stabilisée est non conforme à la projection du marché, qui indique une couche en grave non traité».

Par ailleurs, les auteurs de l’audit dénoncent «la couche de forme (couche 4) en graveleux latéritique rougeâtre, d’épaisseur 15cm relevée, est non conforme aux spécifications techniques du marché (épaisseur 18cm).

Et d’en déduire : «Les sondages effectués nous permettent de retenir que la structure de chaussée réalisée est non conforme aux prescriptions techniques du marché». En plus de l’épaisseur, la largeur «étroite» de la chaussée a été épinglée.

Le bitume de la route Boundiali-Tengrela, qui a fait l’objet de passation de marché en 2014, est également jugé non conforme aux standards.

De fait, indique le rapport d’audit, «selon les paramètres évoqués, la mission note que l’axe Boudiali-Tengrela, frontière du Mali, se situe en région centrale Nord (R5) avec un sol de plateforme de graveleux latéritique (S4) et un trafic de type (T3). À l’issue du sondage mené sur le site, la structure de chaussée rencontrée est de type ( T2) et le matériau utilisé pour la couche de revêtement est d’épaisseur 4cm. Ces caractéristiques sont sous-estimées pour une voie internationale ».

Et les auteurs dudit rapport de soutenir : « Ainsi la mission peut conclure que la structure de la chaussée rencontrée n’est pas conforme aux prescriptions du catalogue des structures du Btp en vigueur en Côte d’Ivoire ».

Au total, plusieurs infrastructures routières de ces quinze dernières années ne répondent pas aux normes établies en la matière. Notons que l’audit a porté sur 40 ouvrages publics, réalisés de 2003 à 2017.

Avec
Lebanco.net
Karine Koré

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