À Grand-Bassam en Côte-d’Ivoire, la lagune en crue, des habitations dans l’eau, 1.100 personnes relocalisées (reportage)

Edwige FIENDE

Au centre de la ville balnéaire de Grand-Bassam, sous le préau de l’église Catholique Cœur Immaculé de Marie du quartier Impérial, au-dessus duquel a été érigée une statue de la Vierge Marie, veuve Okou et ses deux enfants, sinistrés après les pluies qui ont provoqué une crue de la lagune Ouladine, ont été accueillis sur ce site d’hébergement provisoire.

Des matelas et nattes étalés au sol dans des cloisons en bois, des baluchons entreposés dans un coin, des sinistrés désemparés, nous sommes au préau de la paroisse Cœur Immaculé de Marie, l’un des sites d’hébergement d’urgence.

Contrainte de quitter son domicile au quartier « garage BP », veuve Okou n’a pu récupérer qu’un sachet en plastique noir contenant une infirme partie de ses affaires.

« L’eau a atteint un niveau qui nous a contraint à quitter la maison », explique t-elle désemparée.

Comme elle, plusieurs familles ont vu leurs maisons inondées. 1100 sinistrés ont été relocalisés sur des sites d’hébergement provisoire.

Après plusieurs jours de pluies, des inondations ont plongé une partie de la ville historique de Grand-Bassam, à une quinzaine de kilomètres d’Abidjan, dans l’eau, la crue a gagné cinq quartiers.

Plusieurs familles des quartiers phare, France, Odoss, petit-paris ou encore Moosou ont abandonné leurs maisons dans ces quartiers qui longent les bordures de la lagune.

La famille Coulibaly et leurs quatre enfants entre un et 16 ans vivent dans l’un des deux cloisons prévus pour la prise en charge des sinistrés à l’Eglise Catholique du quartier Impérial.

« L’eau nous prenait à la poitrine, on ne savait pas où déposer la tête » mais ici nous sommes « bien encadrés », affirme l’aîné de la famille Aboubacar Coulibaly, 16 ans.

Des agents de la croix rouge et de la mairie sont présents sur les différents sites pour encadrer les sinistrés. Les trois repas de la journée y sont servis.

Des dispositions ont également été prises pour les urgences. « En cas de maladie, nous avons les pompiers civiles qui font des évacuations en collaboration avec l’hôpital général » de Grand-Bassam, explique le responsable du service communication de la Marie Roger Amonchi.

« Il y a très longtemps » que les habitants de Grand Bassam « ’ont connu un phénomène pareil ».

Au quartier France, qui abrite la fête séculaire de l’Abissa, les habitants ont les pieds dans l’eau. Ecole et la stèle portant le nom des personnes tuées dans l’attaque de Grand Bassam, sont cernées par les eaux. Des restaurants sur les bords lagunaires ont cessé leurs activités.

« Nous avons tout perdu, il y a rien qu’on peut récupérer », se lamente le président du quartier France, N’guessan Yao

Ne sachant « plus où aller », Konaté, maçon, Konaté a décidé de « sauver » des personnes. Avec sa pirogue, il prête ses services pour les déménagements de sinistrés qui le sollicitent.

« Le canal entre la lagune et la mer a été ensablé donc la circulation de l’eau de la lagune à la mer n’est plus normale. Malheureusement, il y a pas de digue autour de ses quartiers », fait savoir M.Amonchi.

Les victimes continuent d’être recensées par des bénévoles déployés sur le terrain. De 566 personnes mercredi, le nombre de personnes relocalisées est passé à 1.100 samedi.

Au centre-ville, l’enceinte du phare, monument inscrit au patrimoine matériel de l’UNESCO, a été également aménagé pour accueillir des sinistrés.

L’Abissa qui marque la célébration du nouvel an du peuple Nzima Kotoko, a été décalée de deux semaines en raison de ces inondations. Initialement prévue du 20 octobre au 03 novembre, cette fête devrait se tenir du 03 au 17 Novembre.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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