La sortie de Simone Gbagbo en Côte-d’Ivoire participe à la réflexion sur « Gbagbo ou rien » (bilan)

On mènera ce débat sans coup férir !

Par Hermann Aboa

En 1990, j’étais en classe de sixième au CEG d’Anyama. Je venais de passer toute mon enfance à Memni du CP1 au CM1 à l’École primaire Garcons du village. J’ai pu ainsi suivre le sillonnement par feu mon père Yapi Timothée des 65 villages et campements de la zone d’Alépé pour porter le message du FPI porté par Laurent Gbagbo. J’ai vu à plusieurs reprises Laurent Gbagbo venir les entretenir dans des réunions nuitamment chez monsieur Gougoua, professeur d’arts plastiques résidant dans le même Quartier résidentiel d’Anyama.

Pour résumer cette introduction, retenons que mon père a été le premier SG de la section Fpi d’Alépé aux côtés d’autres précurseurs comme Vincent Adon et Guiebi Cousso. Plus tard j’ai moi-même librement milité au Front Populaire Ivoirien. Je suis parvenu à être élu au congrès de 2001 membre du Commissariat aux Comptes national faisant de moi membre du Bureau national de la JFPI.

Cette introduction pour rappeler aux uns et aux autres que s’agissant du FPI, je sais aussi de quoi je parle. Bref. Revenons au débat actuel.

Nous sommes dans le prolongement d’un vieux débat né de la crise postélectorale. Sur la démarche du Fpi face à la situation de ces militants ou sympathisants emprisonnés, contraints en exil ou carrément décédés du fait du régime oppresseur du camp Ouattara. Pendant que certains souhaitent un réajustement de la ligne pour rester dans la vision du parti, d’autres avec des arguments tous aussi raisonnables soutiennent le boycott de tout en attendant le retour de Laurent Gbagbo.

A ceux-là nous n’avons cessé d’inviter à la mise en place d’une stratégie avec des plans de complémentarité au cas où. Nous avions été longtemp accusés à tort, de traîtrise… ayant reçu des émoluments pour faire disent-ils le jeu du pouvoir Ouattara. Nous avons alors observé et laissé suivre la méthode du rien du tout sans Gbagbo. 9 ans après, nous en sommes où en réalité ?

La réponse à cette question ramène inéluctablement tout esprit non confus à un réajustement pour atteindre l’objectif de voir le leader totalement libre mais de se pencher aussi sur l’essence même des années de lutte de celui-ci : réussir l’idéal de rompre le cordon colonial, mais surtout améliorer les conditions de vie des populations. Ainsi Laurent Gbagbo incarne certes cette vision en tant que boussole de cette marche. Mais il n’est pas lui-même cette vision. Il est le facteur principal pour atteindre l’idéal. Mais n’en est pas l’objet. Je crois qu’il n’acceptera lui-même jamais que certains fassent cet amalgame. Que les choses soient alors bien claires. Tout peut et doit se faire autour de Gbagbo (à juste titre d’ailleurs) mais sa condition difficile temporaire ne doit être une excuse pour arrêter la reconquête du pouvoir d’État afin d’imprimer la vision du leader pour la Côte d’Ivoire.

Voici octobre 2020 qui pointe à l’horizon. On fait quoi si Laurent Gbagbo ne peut être physiquement là ? Si même on présente sa candidature et que l’organe inféodé au pouvoir en charge des élections rejette sa candidature ? Si même c’est admis que le camp Gbagbo n’aligne pas de candidat ? Si si…??? Certes on ne construit pas avec des « si » mais on réfléchit avec. Et la sortie de Simone Gbagbo participe à nourrir cette nécessaire réflexion.

C’est responsable.

Et rien de compromettant. Ou alors certains veulent nous dire qu’ils ont déjà choisi de boycotter encore une fois les échéances électorales de 2020 ? Qui sont alors les véritables ennemis de Laurent Gbagbo et de la Côte d’Ivoire ?

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