Côte d’Ivoire: Le report de son meeting est une défaite de l’opposition (PAPIER D’ANGLE)

Serge Alain KOFFI

Au grand dam de certains de leurs partisans, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI), les deux principaux partis de l’opposition, ont fini par annuler vendredi le meeting conjoint qu’ils entendaient organiser samedi à Port-bouet. Pour des observateurs, c’est une défaite.

En annonçant nuitamment le report in extremis et sine die du rassemblement qu’elle avait décidé de maintenir en dépit des injonctions du gouvernement pour une reprogrammation, l’opposition essuie depuis une avalanche de critiques.

“Opposition de salon’’, “opposition en panne de stratégie’’, “opposition couarde’’, “opposition sans contenu’’, certains partisans et observateurs rivalisent d’anathèmes pour dénoncer ce qui apparait pour la plupart d’entre eux comme une reculade face au pouvoir, à dix mois de la présidentielle avant laquelle chaque victoire, fût-elle symbolique, peut-être un bon appoint psychologique pour chaque camp.

“Ceux qui stigmatisent l’opposition de salon du voisin ont eux-mêmes adopté l’opposition de courtoisie (…) Ceux qui se disaient prêts à violer les interdictions aux cris de « ça passe ou ça casse » ont battu en retraite devant une supposée infiltration du meeting’’, analyse le journaliste Maurice Ferro Bally, dans une contribution sur sa page Facebook.

“Et ainsi, de rétropédalage en reculade, de sagesse en impuissance, la montagne a accouché d’une souris’’, ajoute-t-il.

Le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué et son homologue du FPI, Assoa Adou, qui avaient appelé à ce rassemblement, au nom des deux principales plateformes de l’opposition, sont critiqués.

M. Guikahué a beau plaidé un “repli tactique’’, suite à des “informations faisant état de manœuvres d’infiltration’’ pour “semer le désordre’’ et M. Assoa Adou se réjouir d’être, avec le reste de l’opposition, “en train de gagner (le) rapport de force’’, le report du meeting passe mal.

“L’opposition aurait pu maintenir son meeting. Premièrement, pour montrer qu’elle est capable d’aller jusqu’au bout dans sa quête d’expression de libertés. Secundo, pour montrer au pouvoir RDR devenu RHDP que l’histoire de ce parti est récente. En effet, l’on se souvient que le RDR a toujours bravé les mesures d’interdiction de marches ou meetings’’, estime le rédacteur en chef du site d’informations générales Afriksoir.net, Jules Claver Aka, dans un article publié samedi.

Pour lui, “tant que l’opposition reculera dans ce genre de situation, elle découragera non seulement des jeunes militants, mais aussi et surtout montrera son incapacité à lutter efficacement face à un adversaire qui a longtemps utilisé des moyens peu démocratiques pour accéder au pouvoir d’État’’.

La délocalisation à Port-bouet du rassemblement, initialement prévu à Yopougon, après que le maire de cette dernière commune, Gilbert Kafana Koné, par ailleurs ministre au sein du gouvernement, a pris un arrêté interdisant “toutes manifestations publiques pouvant entrainer des mouvements de foule sur les espaces ouverts de la commune du lundi 16 décembre au lundi 05 janvier 2020’’, laissait présager d’un bras de fer.

Et ils étaient nombreux les Ivoiriens qui attendaient d’en voir l’issue pour se forger une opinion sur la capacité de résistance de chaque camp dans une espèce d’avant-goût de la présidentielle de 2020.

L’opposition “subira toujours des camouflets tant qu’elle ne mesure pas bien la réalité de la force qui est en face d’elle’’, assure le célèbre journaliste et analyste politique André Silver Konan, pour qui, le pouvoir “a remporté (ce) bras de fer’’.

Du côté de l’opposition, on veut malgré tout, “relativiser’’ face à “tous ces reproches (qui) ne sont pas justes’’.

Dans une vidéo sur la toile, le vice-président du Mouvement pour la promotion des valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire (MVCI), un parti d’opposition proche de Guillaume Soro, le député Alain Lobogbon assure qu’“il y aurait eu des violences’’ si le rassemblement avait été maintenu.

“Nous n’allons pas encourager les Ivoiriens à prendre les armes là où le bulletin de vote fera la différence’’, explique-t-il.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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