«Au-delà de la problématique monétaire, la question du franc cfa est éminemment politique», selon Mamadou Koulibaly

Viviane Forson | Le Point Afrique

Pour l’opposant ivoirien Mamadou Koulibaly, qui a veillé très tard dans la nuit de samedi à dimanche pour répondre aux questions que se posaient citoyens et partisans, il est «triste de constater, encore une fois, que Ouattara a trahi les peuples ouest-africains qui voulaient s’offrir une bonne monnaie, l’eco, dans la Cedeao et auxquels il vient de voler leur rêve d’intégration monétaire, en sacrifiant cet espoir à un vestige de l’esclavage qui a pris les avatars de la colonisation et qui, moribond, cherchait une source vivifiante pour rebondir», a réagi le candidat du parti LIDER à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire.

«Je me suis demandé si Ouattara avait l’aval des autres pays membres de l’Uemoa pour faire ce qu’il a fait et si les autres pays de la Cedeao avaient donné leur accord pour que l’eco soit reprise en main par la France qui va lui donner sa garantie avec une parité fixe contre l’euro», s’interroge-t-il dans un échange avec Le Point Afrique.

Et l’homme connu pour son activisme sur la question du franc cfa d’avouer sa surprise quant à cette annonce qui n’a fait l’objet d’aucun débat parlementaire dans le pays. Selon lui, le droit n’a pas été respecté. «Dans des univers d’État de droit, une telle réforme ne se serait pas contentée de la signature de deux ministres. Car, ce qui semble avoir été modifié par les Ouattara et Macron à Abidjan, c’est la convention du compte d’opérations qui gère la domiciliation des réserves de change des pays membres de la Bceao, la parité du franc cfa, les garanties de convertibilité… Or, remettre en cause ce dispositif change les statuts de la Bceao qui doivent être modifiés pour définir où et comment détenir les réserves de change et d’or des pays», poursuit par écrit Mamadou Koulibaly.

«Toucher à ces statuts remet en cause le traité de coopération monétaire entre la France et l’Uemoa. Qui dit traité, dit signature par les chefs d’État et de gouvernement, et ratifications par référendum ou par les parlements. Ce que je veux dire, c’est que, si on n’a pas jugé utile de faire intervenir les chefs d’État et de gouvernement et les parlements nationaux, c’est parce que, en définitive, rien ne change.»

«Les jours qui viennent nous diront pourquoi cette précipitation et quel est d’agenda caché de telles annonces qui ne changent en définitive que les soi-disant 0,75 % de taux d’intérêt que la France versait à la Bceao comme rémunération des réserves qui y étaient déposées. Mais en attendant, la France, inquiète de la montée de la clameur publique contre le franc cfa, a peut-être pensé désamorcer cette pression ?» se demande Mamadou Koulibaly.

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