Le gouvernement aux Évêques: « Il n’y a ni prisonniers politiques, ni prisonniers d’opinion en Côte d’Ivoire »

Prisonniers politiques, réconciliation nationale… Sidi Touré répond aux évêques : «il n’y a pas de prisonniers politiques en…

Le porte-parole du gouvernement, le ministre Sidi Touré, a dans une publication mise en ligne sur son compte Facebook, réagit à la dernière déclaration des Évêques de Côte-d’Ivoire sur la présidentielle 2020. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview avec en copie la déclaration initiale des Évêques.

« Le Gouvernement a réalisé beaucoup pour la réconciliation, la consolidation de la paix et le vivre ensemble. Aujourd’hui notre pays est en paix et en sécurité. L’implication des chefs religieux a été d’ailleurs d’une importance capitale à cet effet.

Cependant, les enjeux actuels appellent que les prises de positions soient mesurées. J’ai effectivement pu lire « Prisonnier politique et d’opinion » dans ladite déclaration et j’aimerais simplement relever que la qualité de politicien ne nous dédouane pas du fait que nous sommes tous justiciables, d’autant plus quand il s’agit de flagrant délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat.

Il n’y a pas de prisonnier politique ni de prisonnier opinion en Côte d’Ivoire, il faut que cela soit bien clair.

Ce n’est pas juste de dire que les résultats des travaux de cette institution ont été abandonnés.

Le Président de la République a toujours mis au cœur de son action la sécurité des populations et la réconciliation. C’est dans ce contexte que loi d’amnistie permettant la libération de 800 prisonniers civils impliqués dans la crise post-électorale a été prise en 2018.

N’oublions pas qu’il y a eu 3000 morts et des milliers de victimes dans cette crise. Nous devons à ces familles compassion et assistance. Il faut se prémunir définitivement contre la répétition de tels drames dans notre pays. Nous ne pourrons pas aboutir au pardon sans passer par la justice.

Le Gouvernement a toujours eu recours au dialogue à chaque fois qu’il s’est agi d’entamer des questions d’ordre national. Cela a été le cas dans le cadre de l’élaboration de notre actuelle Constitution, cela a également été le cas quand il a fallu recomposer la CEI, et sur ce dernier point je voudrais indiquer qu’Il y a eu le temps du dialogue, nous sommes présentement à quelques mois de l’échéance électorale, l’heure est donc au travail pour la Commission Électorale Indépendante. Le Président de la République l’a affirmé, il n’y aura pas de retour en arrière sur ce sujet.

Toutefois, relativement au code électoral, le Gouvernement fidèle à sa démarche d’ouverture a initié à nouveau un cadre d’échanges qui a d’ailleurs débuté avec la présence effective de toutes les parties. A cet effet, nous invitons les Chefs Religieux de Côte d’Ivoire à encourager toutes les forces vives de la nation à participer à ces échanges ».

L’Eglise Catholique présente ses 4 «conditions» pour un scrutin apaisé (Communiqué)

A nos gouvernants, à nos concitoyens et à tous ceux qui sont épris de
justice et de paix pour notre beau pays, la Côte d’Ivoire.

Que le Dieu qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a
confié le ministère de la réconciliation vous donne la grâce et la paix
! (cf. 2 Corinthiens 5, 18).

*PRÉAMBULE*

Au terme des travaux de la 114ème Assemblée plénière de notre Conférence
au centre Notre Dame du Rosaire de LATAHA dans l’Archidiocèse de
Korhogo, nous Archevêques et Évêques de Côte d’Ivoire, préoccupés par la
situation socio-politique qui prévaut à la veille des élections
générales dans notre pays, vous adressons ce message, comme une suite
logique de celui délivré à Agboville en juin 2019, intitulé «
Évitons-nous une autre
guerre ».

Dans les prochains jours, nous publierons une lettre pastorale sur «
L’Église en Côte d’Ivoire, au service de la réconciliation, la justice
et la paix ». Mais d’ores et déjà, nous désirons ardemment par le
présent message, attirer l’attention de tous nos concitoyens sur
quelques conditions d’élections justes et apaisées. Nous sommes tous
invités à tirer des leçons d’un passé douloureux, afin de reconstruire
notre pays et laisser aux
générations futures, un héritage d’unité et de paix.

*ÉTAT DE LA SITUATION*

Au sortir de la crise post-électorale de 2010, les autorités étatiques
s’étaient fixé pour priorité la réconciliation et s’étaient engagés à
ressouder le tissu social déchiré. Ce grand chantier avait suscité un
immense espoir avec la mise en place successive de deux institutions :
la Commission Dialogue, Vérité, Réconciliation (CDVR) et la Commission
Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes (CONARIV).

Malheureusement, les résultats de leurs travaux n’ont pas eu de suite.
Comme il fallait s’y attendre, les ressentiments ont ressurgi, entre
autres, à travers les mutineries, les conflits intercommunautaires qui
se sont soldés par des pertes en vies humaines. Ces conflits ont montré
combien les cœurs ne sont pas encore apaisés et que tout peut exploser à
tout moment. Surtout avec les armes utilisées lors de ces affrontements
et qui révèlent que le processus de désarmement tant souhaité au sortir de la crise
post-électorale n’est pas allé à son terme.

A cette fracture sociale est venue s’ajouter celle des partis politiques
fractionnés en plusieurs entités. Les alliés d’hier sont devenus des
adversaires et même des ennemis aujourd’hui. Les rapports sont teintés
de ressentiments, de revanche ou de vengeance, où l’on cherche désormais
à se mesurer ou à s’écraser mutuellement. Progressivement s’installe
dans notre pays un climat de peur et de terreur, et nous avons le
sentiment diffus de la menace et du déploiement de la force.

*CONDITIONS POUR DES ÉLECTIONS APAISÉES*

Les élections d’octobre 2020, nous en convenons, représentent un
tournant décisif pour notre pays. Nous saisissons les enjeux importants
qui se jouent dans ces consultations électorales, qui doivent être
préparées minutieusement et avec la conscience qu’il s’agit là du destin
et de l’avenir d’un peuple, d’une nation, voire d’une sous-région, en
raison de ce que représente la Côte d’Ivoire pour la partie occidentale
de l’Afrique. La situation sécuritaire de cette sous-région, rendue
particulièrement délicate ces dernières années, doit nous convaincre que
nous n’avons pas droit à l’erreur.

Au vu de cette situation, *la première condition* qu’il faut observer
dans la préparation de ces élections doit être *la réconciliation*.
Cette réconciliation suppose, voire exige le retour des exilés avec des
garanties de sécurité et de réintégration, la libération de tous les
prisonniers politiques et d’opinion, sans exception et le dégel des
avoirs. Nous saluons tous les efforts accomplis par nos gouvernants dans
le sens de la réconciliation, et les encourageons à aller plus loin.
Nous rappelons qu’il est de leur devoir de créer toujours
davantage un climat d’apaisement nécessaire à la conduite d’élections
apaisées. Tous les leaders politiques doivent s’inscrire dans cette
dynamique, sans recourir à la violence comme solution aux problèmes.

*La deuxième condition* *est* celle de *la concertation et du
consensus*, pour prendre en compte les exigences et les aspirations
légitimes de tous les acteurs sociopolitiques et les avis éclairés de la
communauté internationale. Le dialogue entre acteurs politiques et
société civile si bien relancé récemment, la concertation nationale
périodique, s’ils sont effectués dans la transparence et le respect de
la différence, peuvent nous apporter un regain d’énergie et de
fraternité constructive.

Nous devons en effet nous accorder sur le fait que les prochaines
élections doivent être transparentes, crédibles et pacifiques, pour que
tous acceptent les résultats qui en sortiront comme expression de la
volonté de la majorité des Ivoiriens.

*La troisième condition doit être l’instauration et la consolidation de
l’Etat de droit* qui implique le respect de la Constitution, afin que
personne ne nourrisse l’intention ou la volonté de manipuler les
personnes, les textes ni les institutions qui seront impliquées dans le
processus électoral. Par ailleurs, le Pouvoir Exécutif devra agir de
sorte à garantir aux personnes et aux institutions, notamment la Commission Électorale
Indépendante (CEI), une totale indépendance. Comme toute compétition,
les élections ont besoin d’un arbitre.

De la position de l’arbitre dépend le bon déroulement de la compétition.
Si l’arbitre est à la fois joueur et arbitre, la fin de la compétition
est déjà connue. Par contre, si l’arbitre n’est qu’arbitre, avec une
indépendance qui ne souffre d’aucun doute, la compétition se termine
paisiblement. Voilà pourquoi le rôle d’arbitre dévolu à la CEI exige son
indépendance
totale.

Or, la question de l’indépendance des structures devant arbitrer ces
joutes électorales, comme la CEI divise et cristallise encore les
tensions autant que le sont celles du découpage électoral, la question
des pièces d’identité, de la liste électorale, du code électoral. Toutes
ces questions exigent absolument un dialogue et une concertation entre
tous les acteurs politiques, et méritent d’être étendues à la société
civile.

*La quatrième condition*, qui est une conséquence logique de
l’indépendance de la CEI, est celle *d’une élection présidentielle
ouverte*, *qui garantisse l’égalité des chances de tous les candidats
désireux de compétir*. La lutte contre l’exclusion trouverait ici tout son sens.

L’histoire est maîtresse de vie, et la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui peut
éviter de laisser aux générations futures, l’image d’un pays miné par
des dissensions politiques. Nous invitons donc tous nos concitoyens à
vivre cette année 2020 de façon sereine, à reconnaître dans le calme et
la lucidité, la gravité des problèmes qui sont les nôtres, sans
désespérer de l’avenir.

Au terme de notre message, nous implorons la miséricorde divine sur
notre pays et tous ses habitants, par l’intercession de Notre Dame de la
Paix, afin que nos efforts de conversion soient soutenus, nos désirs de
vérité, de justice, de réconciliation et de paix affermis et que notre
nation continue sa marche dans la sérénité et la paix.

Fait à Korhogo, le 19 janvier 2020.
Les Archevêques et Évêques de Côte d’Ivoire.

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Commentaires Facebook

3 réflexions au sujet de “Le gouvernement aux Évêques: « Il n’y a ni prisonniers politiques, ni prisonniers d’opinion en Côte d’Ivoire »”

  1. NOUS SOMMES EN PAIX ET EN SÉCURITÉ
    ===================================

    « ..Aujourd’hui, notre pays est en paix et en sécurité. L’implication des chefs religieux a été d’ailleurs d’une importance capitale à cet effet ».

    Oui peut être monsieur le ministre et cher jeune frère.

    NON aussi à cause des multiples conflits intercommunautaires qui peuvent que nous serions assis sur des volcans. Le dernierben date et le plus médiatisé est celui de …BEOUMI chez vous !!!

    Face à un message qui est adossé à un précédent et qui sera accompagné d’un autre, tel qu’annoncé, est il sage en votre qualité officielle de porte parole du Gouvernement de vous précipiter pour faire cette sortie ?

    Face à la qualité des auteurs du message, êtes vous qualifié pour y répondre ? Et de surcroît de manière péremptoire sur votre page Facebook…

    C’est peut-être parce que les chefs religieux chrétiens estiment que leur travail n’est pas encore abouti qu’ils lancent cet important message « aux gouvernants, (MAIS AUSSI) à nos concitoyens et à tous ceux qui sont épris de justice et de paix pour notre beau pays, la Côte d’Ivoire.

    Jeune homme vous avez l’avenir devant vous. Épousez des positions tournées vers ces horizons nouveaux. Demain si Dieu vous donne longue vie, tôt ou tard vous composerez avec ces religieux. Regardez les aujourd’hui comme des incontournables interlocuteurs de demain et acceptez les dans leur fonction de régulateurs sociaux.

    Ne jugez point avant d’avoir pris le temps d’écouter et de comprendre.

    Ministre originaire de Beoumi, vous avez été déjà désavoué par la crise de Mai 2019. Gardez donc un profil bas quand on parle de PAIX ET DE SÉCURITÉ.

    On sait désormais que la sagesse ne transmet pas nécessairement par le sang…Méditez cette dernière phrase.

  2. >On sait désormais que la sagesse ne transmet pas nécessairement par le sang

    Rien de plus vrai : « Ahmed Touré au micro, bonjour à tous ». Nous buvionns littéralement ses propos !

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