Quand le bureau de l’Assemblée nationale se ridiculise en Côte-d’Ivoire

C’est avec amusement que j’ai appris aujourd’hui qu’une des décisions les plus inutiles de l’histoire de l’Assemblée Nationale a été prise par le Bureau de cette Chambre du Parlement, celle relative à la levée de l’immunité parlementaire de six députés de l’opposition.

J’ai juste envie de dire qu’après celle de l’Institution judiciaire, il ne manquait que plus la note du Parlement à cette symphonie ô combien mal écrite des procédures judiciaires, que dis-je politique, ouvertes contre Monsieur Soro et 5 députés. Surtout que le Maître d’orchestre si malhabile à la baguette prétende à la faire jouer de nouveau dans des salles où les huées poussées par des fins connaisseuses de ce type de musique, dont les grincements discordants, des premières notes écorchaient les délicates ouïes, l’avaient fait reculer.

Malgré sa volonté de ne pas ranger ses instruments et constater que son compositeur n’avait guère été inspiré sur le coup, il va falloir pourtant si résoudre tant le résultat est catastrophique.

En effet la levée de l’immunité parlementaire est préalable à l’ouverture de toute poursuite conformément à l’article 92 de la Constitution à moins de de se trouver dans le cas d’une infraction flagrante. Que l’absence d’une telle a pour conséquence de rendre nulle et de nullité absolue toute la procédure qui n’en a pas bénéficié. Par conséquent, la levée de l’immunité parlementaire par le Bureau de l’Assemblée Nationale est aussi inutile que la tentative de rattraper dans l’opinion nationale et internationale, ce vice qui porte la marque de la dictature assumée par le Président de la République qui n’a aucun respect pour le principe de la séparation des pouvoirs. Il met un soin un particulier à rabaisser avec le concours de ceux qui les animent les deux autres pouvoirs qui renoncent à jouer les rôles qui sont les leurs. Le Bureau de l’Assemblée Nationale est d’autant plus ridicule qu’elle a produit deux décisions dans le cadre de la même affaire.

Par ailleurs les procédures ayant été ouvertes et les arrestations opérées le 23 décembre, c’est-à-dire en pleine session de l’Assemblée comme prévu à l’article 94 (la session ordinaire part du 1er avril au dernier jour ouvrable du mois de Décembre soit le mardi 31 en l’espèce), ce n’est pas le Bureau mais la Chambre elle-même qui devait autorisée si cela avait demandé la levée.

Il suffit de lire les termes du communiqué du Bureau de l’Assemblée Nationale en date du 23 janvier pour comprendre la posture de ses auteurs qui tentaient déjà de sauver la défaillance du Parquet car comment celui-ci peut-il prendre la peine d’informer seulement l’Assemblée Nationale de l’ouverture d’une information, sans demander de levée de l’immunité parlementaire contre des députés dont l’identité n’est pas précisée en plus.

Ce communiqué pue le faux à mille lieux à la ronde, il ne faut y voir le zèle d’un Président de l’Assemblée Nationale qui se fait déjà complice de la violation des droits de parlementaires sans qu’on ne lui ait encore rien demandé.

On tombe vraiment très bas et cela pour plaire à un seul individu : le Président de la République.

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