Sûreté/Côte-d’Ivoire: Soro accuse désormais Akim Laacher d’être l’auteur de l’enregistrement

Par Jeune-Afrique

Soro change de version à propos de l’enregistrement qui l’accuse

25 janvier 2020 | Par Vincent Duhem

Selon les avocats de Guillaume Soro, l’auteur de l’enregistrement sonore qui vaut à l’ancien président de l’Assemblée nationale d’être accusé d’atteinte à la sûreté de l’État ne serait pas le président du groupe Pefaco, Francis Perez, mais Akim Laacher, lobbyiste franco-algérien de 27 ans.

Déposer plainte en France contre le procureur de la République de Côte d’Ivoire. La démarche a de quoi surprendre. C’est pourtant de cette manière que Guillaume Soro a choisi de réagir aux accusations portées contre lui par les autorités ivoiriennes, fin décembre 2019.

Dans cette plainte, l’ancien président de l’Assemblée nationale est revenu sur sa version initiale. S’il n’avait pas au préalable contesté l’authenticité de l’enregistrement rendu public par le procureur de la République Richard Adou, lors d’une conférence de presse le 26 décembre, Guillaume Soro doute désormais de sa « sincérité ». Il le juge « incomplet et tronqué », selon les termes utilisés par ses avocats dans la plainte déposée, et assure qu’il a été obtenu « de manière illicite ». Raison pour laquelle il est reproché au procureur – visé pour « diffusion d’un enregistrement illicite » et « tentative d’escroquerie au jugement » – d’avoir fait de cet audio un élément central de ses accusations contre Soro.

Francis Perez, Olivier Bazin, Akim Laacher, trois autres personnes concernées par les enregistrements sonores, qui valent à Soro d’être accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, sont également visés par une plainte des avocats. Comment expliquer ce retournement de situation ?

« La voix identifiée est celle d’Akim Laacher »

Dans l’enregistrement de mauvaise qualité, on entend l’ancien président de l’Assemblée discuter avec une tierce personne de ses soutiens au sein de l’armée. Soro y dit aussi être « positionné un peu partout » et avoir la « télécommande » pour passer à l’action. Dans un premier temps, l’entourage de Soro avait affirmé que ce dernier s’entretenait avec Francis Perez, le président du groupe Pefaco, qui possède des casinos et des hôtels dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, et qu’Olivier Bazin, un proche du marchand d’armes Robert Montoya, était lui aussi présent.

Or, les avocats de Soro expliquent dans leur plainte que « la voix identifiée est celle d’Akim Laacher ». Selon eux, ce Franco-Algérien de 27 ans, qui avait rencontré l’ancien Premier ministre en 2017 à Paris, serait donc l’auteur de cet enregistrement jugé « illicite ». Ils ne précisent pas si la conversation a eu lieu en France ou en Côte d’Ivoire. Selon nos sources, plusieurs conversations auraient été enregistrées par le jeune lobbyiste : certaines en France, d’autres en Côte d’Ivoire, notamment à Krinjabo (à l’est d’Abidjan), au début de 2018.

IL Y A EU UNE CONFUSION ENTRE LES ENREGISTREMENTS, ON A CONFONDU L’UN POUR L’AUTRE

Ce changement de version de la part du camp Soro a de quoi surprendre. « Il y a eu une confusion entre les enregistrements, on a confondu l’un pour l’autre. La voix n’était pas bien audible », tente-t-on d’expliquer dans son entourage.

Quid de Perez et Bazin ? Ils auraient eux aussi réalisés « d’autres enregistrements illégaux », expliquent les avocats dans leur plainte. L’un d’entre eux aurait eu lieu à l’hôtel Napoléon dans le 8e arrondissement de Paris.

Plainte déposée en France
L’équipe de défense de Soro, constituée d’Affousiata Bamba-Lamine, Charles Consigny, Robin Binsard et Emmanuel Daoud, espère désormais que le parquet de Paris acceptera de se saisir de leur plainte.

« Toute tentative de saisine des juridictions répressives ivoiriennes serait vaine, tant il est vrai que la Côte d’Ivoire est classée 105e au classement 2018 de la corruption de Transparency International, que le Comité des droits de l’Homme a formulé de nombreuses réserves quant aux juridictions ivoiriennes et, plus encore, que tant le barreau que les syndicats de magistrats ivoiriens déplorent les immixtions régulières du pouvoir exécutif au sein des instances judiciaires », écrivent-ils notamment pour justifier le dépôt de leur plainte en France.

« Comment la justice française pourrait-elle accepter une plainte visant un magistrat ivoirien ? Ça n’a pas de sens. Dans tous les cas, la procédure a lieu en Côte d’Ivoire, non en France, elle suit son cours et avance très bien », estime une source judiciaire ivoirienne. Contacté, le procureur de la République n’a pas donné suite aux sollicitations de Jeune Afrique.

En parallèle de ces accusations de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État, Guillaume Soro est également visé par une procédure devant la Cour de cassation. Il est soupçonné de recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux dans le cadre de l’achat de sa résidence de Marcory en 2008.

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