NON à un 3e mandat en Guinée: Après la rue, Alpha Condé (81 ans) sous la pression des autorités religieuses

lebanco.net – Ben Ismaël

En Guinée, les semaines se suivent et se ressemblent depuis le 14 octobre, début de la contestation contre le projet de nouvelle Constitution qui pourrait permettre à Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

Le FNDC, une plateforme hétéroclite qui réunit des partis politiques, des organisations syndicales et de la société civile, appelle chaque semaine à des manifestations qui sont réprimées dans le sang.

Les deux dernières manifestations ont fait cinq morts dans le pays dont trois à Labé.

Le bilan macabre de la contestation a franchi la trentaine de morts. Alors que la répression se durcit, les leaders religieux musulmans et chrétiens du pays tentent de trouver une solution à la crise, quitte à mettre pression sur Alpha Condé.

« L’heure est grave ! Les exactions injustifiées et abus de tous genres, les pertes en vies humaines et matérielles ont provoqué la peur et tristesse chez la population», constate l’Union du Clergé Guinéen qui a invité le Chef de l’Etat à respecter la constitution en vigueur et à promouvoir le dialogue.

« Nous vous exhortons à assurer la sécurité de la population, respecter la constitution en vigueur, observer le principe démocratique de l’alternance, à travers des élections libres et transparentes (…) Garant de la souveraineté nationale, nous vous prions de briser le silence pour ramener la quiétude, l’harmonie et la réconciliation dans le pays afin de sortir de cette crise qui perdure et affecte l’unité nationale », a lancé le Père François Sylla, président de l’Union du Clergé Guinéen, dans une déclaration largement commentée dans le pays.

Une semaine plutôt la conférence épiscopale avait invité les guinéens à observer trois jours de jeûne et de prières pour invoquer Dieu et demander son secours pour une paix durable.

Soupçonné de manoeuvrer pour se maintenir au pouvoir, Alpha Condé et son entourage n’ont pas commenté cet appel du clergé qui a sonné comme une douche-froide à l’endroit des promoteurs du troisième mandat en Guinée.

Le chef de l’Etat appuyé par son parti et son gouvernement sont tous tournés vers les élections législatives du 16 février, un scrutin boycotté par les principaux partis d’opposition.

Lundi dernier 27 janvier, à la surprise générale, alors que la campagne pour les législatives est lancée, l’Archevêque de Conakry Monseigneur Vincent Koulibaly et le Grand Imam de Conakry, Elhadj Mamadou Saliou Camara, deux autorités morales très respectées dans le pays, ont invité le président Alpha Condé à repousser la date des élections législatives le temps nécessaire pour garantir des élections libres, transparentes.

« Les leaders religieux musulmans et chrétiens recommandent au chef de l’Etat, président de la République garant de la paix et de la quiétude sociale d’user des pouvoirs que lui confèrent son statut de Père de la Nation et de ses prérogatives constitutionnelles de repousser à une date ultérieure les élections législatives, le temps nécessaire pour garantir des élections libres, transparentes », a déclaré monseigneur Vincent Koulibaly, l’archevêque de Conakry.

Arrivé au pouvoir en Guinée en 2010, Alpha Condé âgé de 81 ans n’a pas dit ouvertement qu’il briguera un troisième mandat, mais les signaux sont là.

Ils continuent à lancer des projets d’envergures et à tenir des promesses politiques à quelques mois de la fin de son quinquennat.

Outre la pression de la rue, le chef de l’Etat a aujourd’hui sur son dos les religieux qui veulent peser de tout leurs poids pour éviter au pays un basculement.

De notre correspondant à Conakry, Ben Ismael

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