Côte-d’Ivoire: L’annonce de Ouattara vise à « détourner de l’essentiel », selon l’opposant Mamadou Koulibaly

Manuella YAPI

L’annonce de la décision du président ivoirien Alassane Ouattara de ne pas briguer un troisième mandat vise à « détourner de l’essentiel », a estimé jeudi l’opposant Mamadou Koulibaly, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre et fondateur de la formation politique Liberté et démocratie pour la République (LIDER), sur Twitter.

En fin de matinée, M. Ouattara a proposé à Yamoussoukro (Centre) devant le Parlement des modifications de la Constitution adoptée en 2016 et fait part par la même occasion de sa décision « de ne pas être candidat à l’élection présidentielle » prévue le 31 octobre afin de « transférer le pouvoir à une jeune génération ».

« Une annonce pour détourner de l’essentiel », a tweeté M. Koulibaly, ajoutant que « rien dans le serment du président ne lui demande de modifier la Constitution et le code électoral, sans consultation du peuple, de désigner son successeur, jeune ou vieux, et de se féliciter de ne pas briguer un troisième mandat anticonstitutionnel ».

Selon l’ex-président de l’Assemblée nationale, « tant que les principes démocratiques sont respectés et que les partis en compétition jugent qu’il leur faut changer de génération, un peuple libre et digne fera toujours le bon choix (…) sans contraintes, ni manipulation ».

« Peut-être que la clameur publique liée à notre dénonciation de ses velléités l’aura fait évoluer dans ses ambitions. Quand sous les cris l’aigle lâche sa proie… », a poursuivi Mamadou Koulibaly, en allusion aux motivations de cette décision qui vient mettre un terme au débat relatif à une éventuelle candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, dénoncée depuis plusieurs mois par l’opposition.

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2 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: L’annonce de Ouattara vise à « détourner de l’essentiel », selon l’opposant Mamadou Koulibaly”

  1. LA PREMIÈRE GROSSE VICTIME DU PARRAINAGE
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    MamKOUL le sait certainement mieux que tout le monde. L’essentiel pour lui est ailleurs.

    Le parrainage introduit dans les règles du jeu électoral risque de faire une première victime de taille (?) : LUI.

    Une chose est de manipuler les textes de son propre parti à la hâte pour être déclaré candidat inamovible aux élections présidentielles, une autre chose est de changer les mentalités des citoyens appuyés à monnayer leurs votes contre promesses concrètes.

    Et le parrainage à ce titre est une épreuve impitoyable. Ses modalités sont un couperet pour les Partis Politiques présent sur les réseaux sociaux (quel pourcentage de la population ?) mais peu implantés au cœur du pays profond. Il s’agira de démontrer avec preuves non répudiables juridiquement à l’appui, ni plus ni moins une représentativité territoriale démontrée dans la moitié des régions du pays avec des quotas minimum de population.

    Où trouver ce précieux pourcentage quand les caisses du parti sont encore vides, dans un pays où l’argent travaille et où l’argent parle ?

    Etre un intello du Franc CFA est une chose, trouver des voix dans un pays où les bases régionales du Candidat sont le premier rideau de son électorat est une autre chose.

    Le cas WODIE avec son PIT (député de COCDY) est comparable à celui de MAMKoul (Maire de AZAGUIE). Il faut appeler les choses par leur nom. Sans l’appui régional très ancré, le décollage du FPI et surtout du député GBAGBO dont le discours de campagne aux législatives de 1990 et des premières années était surtout mobilisateur contre le PDCI par un savant dosage de frustrations historiques régionales ressuscitées à l’occasion, aurait été plus lent.

    L’absence d’un ancrage régional fera fortement défaut à MAMKoul bien avant que la présence territoriale éclectique de son parti ne l’enterre à jamais !

    On peut le dire sans ambages. A la différence d’un Wodié, Gbagbo a capitalisé au premier moment de sa lutte politique des sédiments des frustrations des populations locales après les échecs politiques d’Adrien Dignan Bailly, de Victor Capri Djédjé ou d’un Kragbé Gnagbé. Pire le sort d’un Victor BIAKA BODA au PDCI RDA donnait raison à tous ceux étaient convaincus que politiquement on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! L’essence au demeurant du dernier message de Sékou SANOGO à ses parents de Séguéla. A ce titre on peut donc dire que Gbgabo était une sorte de NANKAMA qui ne portait pas son nom.

    C’est peut être triste mais pour le moment ce sont les règles du jeu.

  2. LES DENIERS DU DÉVOIEMENT ET LES PROMESSES MIROBOLANTES
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    Il aura beau s’en défendre, MamKoul n’est pas un acteur vierge du jeu politique ivoirien.

    Pour le compte du FPI il aura été Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire du 22 janvier 2001 au 12 mars 2012. Soit plus d’une dizaine d’années.

    On souvient aussi qu’en 2015, Mamadou Coulibaly s’est retiré de la course à l’élection du président de la République de Côte d’Ivoire. Cependant, sans restituer le chèque des 100 millions CFA perçu des autorités d’Abidjan pour financer sa campagne, au motif selon son double, Nathalie Yamb, que « Les 100 millions c’est une avance sur les arriérés de son statut d’ex PAN (Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire). Pourquoi devrait-il jeter quelque chose auquel il a droit et pour lequel il se bat depuis 3 ans ? Il reste au minimum encore 160 à 200 millions à recouvrer. ».

    La quatrième de couverture (dernière page) de GOUVERNER AUTREMENT LA COTE D’IVOIRE (Front Populaire Ivoirien – Préface de Laurent Gbagbo) on peut lire exactement ceci :
    « Nous voulons gouverner la Côte d’Ivoire autrement…pour offrir une alternative démocratique au parti unique.
    Aujourd’hui, plus que jamais, on ne peut plus admettre qu’une personne prenne le pouvoir sur la base d’un malentendu. Tout prétendant au pouvoir doit dire ce qu’il entend faire quand il y sera installé. Le FPI publie son programme de gouvernement et prend clairement rendez-vous avec le peuple de Côte d’Ivoire.

    L’enjeu des élections à venir est de permettre au peuple souverain de choisir en toute connaissance de cause entre, d’une part ceux qui ont déjà gouverné par la volonté et à l’ombre d’Houphouët Boigny et dont on connait le bilan et, le FPI dont on connait le combat et le projet pour refonder la Côte d’Ivoire. Entre l’ancien et le nouveau, entre l’immobilisme et le changement… »

    Dans le titre de l’ouvrage, le mot AUTREMENT est en couleur distincte des autres et en bleu.

    Rappelons également que Le Front Populaire Ivoirien (FPI) avait déjà publié en 1987, chez l’Harmattan, « Propositions pour gouverner la Côte-d’Ivoire »
    On résume donc l’ambition « Propositions pour gouverner la Côte-d’Ivoire » mais surtout « Gouverner autrement La Côte d’Ivoire »

    On attend donc des candidats qui se déclarent qu’ils aillent dans ce sens « Aujourd’hui, plus que jamais, on ne peut plus admettre qu’une personne prenne le pouvoir sur la base d’un malentendu. Tout prétendant au pouvoir doit dire ce qu’il entend faire quand il y sera installé ».

    Afin que le citoyen choisisse en connaissance de cause entre l’ancien et le nouveau.

    MamKoul est-il un nouvel acteur ? Assurément NON !
    En 1990, avec le recul du temps, on pourrait affirmer que la relative popularité de GBAGBO et du FPI reposaient sur précisément UN MALENTENDU.

    En 1980, certaines populations aspiraient légitimement à un changement après un très long règne du parti unique. Ce d’autant que dans tous les domaines du politique au culturel en passant surtout par l’économique, une certaine nomenklatura contrôlait le pays. Ainsi beaucoup de riches paysans et des opérateurs économiques de toutes les régions, exclus des droits aux fameux quotas entre autres faits de mauvaise gestion clanique, ont pris fait et cause pour des promesses d’un libéralisme total.

    Mais on connait la suite de l’histoire. On se souvient encore en 2010 de la réaction du Président de l’Assemblée Nationale qu’il était, lui l’objecteur de conscience, face aux résultats des enquêtes du Procureur lors des accusations graves de recrutement massif de personnes originaires de la région du ministre de l’Intérieur….

    En 2015, le brave ancien Président de l’Assemblée Nationale réclamait donc les arriérés du travail vraiment bien accompli.

    Aujourd’hui avec le recul on pourrait reprendre la belle formule de la quatrième de couverture (dernière page) de GOUVERNER LA COTE D’IVOIRE par ceci :
    « L’enjeu des élections à venir est de permettre au peuple souverain de choisir en toute connaissance de cause entre, d’une part ceux qui ont déjà gouverné avec une expérience éprouvée et à l’ombre d’Houphouët Boigny et dont on connait le bilan et, les aventuriers dont on connait par ailleurs les promesses de refondation et leurs « résultats » concrets en Côte d’Ivoire… »

    Quand l’aigle (merci pour la belle comparaison) doit lâcher sa proie, ce n’est pas à coup sûr le colibri qui s’en accaparera.

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