Ouattara, Bédié et Gbagbo “sont dépassés’’ en Côte-d’Ivoire (interview, Jean Yves Dibopieu)

Serge Alain KOFFI

L’ancien secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Jean Yves Dibopieu, a appelé dimanche au “renouvellement total’’ de la classe politique ivoirienne, estimant que ses principaux animateurs le chef de l’Etat Alassane Ouattara et les opposants Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo “sont dépassés’’, dans une interview à ALERTE INFO.

On a vu il y a quelques semaines une déclaration sur l’organisation de la présidentielle d’octobre, signée par vous avec le titre de président d’ICON (Intégrité et conscience nationale). C’est quoi ICON ? Sa nature ? Ses missions ? Ses objectifs ?

ICON est le produit final de plusieurs années de lutte et de combat de Jean Yves Dibopieu. Je veux dire, toutes mes années d’activité politique que ce soit aux côtés du président Laurent, au sein de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), de Solidarité africaine (SOAF). C’est une nouvelle organisation politique que nous sommes en train de mettre progressivement sur pied avec des Ivoiriens de toute classe sociale afin de prendre notre place dans le débat politique. ICON sera présenté officiellement bientôt.

Dans cette déclaration, vous proposez que l’organisation de la présidentielle soit confiée aux religieux à travers ce que vous appelez l’autorité religieuse pour des élections transparentes (ARET)…

Nous avons réfléchi en essayant de faire l’historique des élections en Côte d’Ivoire. Nous avons retenu que l’organisation des élections a presque toujours accouché des contestations, des crises et des conflits. Nous en connaissons tous es conséquences. C’est pourquoi, nous nous sommes dit qu’étant donné que la Commission électorale dans sa forme classique a montré ses limites, nous proposons l’ARET. Ils sont nombreux, ceux qui disent que les hommes religieux ne sont pas sérieux. Pour moi, ils sont les références quoi que certains d’entre eux ne soient pas sérieux. Dans tous les milieux, il y a des médiocres. La récente sortie des évêques montre qu’il y a des hommes de Dieu crédibles dans notre pays. Je demande à toutes les confessions religieuses de leur emboiter le pas. Nous proposons que la présidence de l’ARET soit assurée par alternance aux différentes confessions religieuses.

La nouvelle Commission électorale indépendante (CEI) vient d’être mise en place et le chef de l’Etat a assuré que le gouvernement ne reviendra plus sur la question. Alors, comment entrevoyez vous la présidentielle d’octobre dans le contexte actuel ?

Notre proposition n’est liée uniquement à la prochaine présidentielle. Nous pensons qu’elle peut être retenue pour les prochains scrutins dans les années à venir. La CEI dans sa forme actuelle est prédisposée à nous conduire dans une nouvelle crise.

Dans une interview que vous nous aviez accordée en 2017, vous affirmiez et je vous cite : “La classe politique ivoirienne est devenue caduque parce qu’elle est vieillissante. Depuis 1990, ce sont les mêmes personnages qui animent le débat politique, ce sont les mêmes pensées politiques. Cette classe politique dépassée n’a rien à proposer aux Ivoiriens. L’horizon est sombre parce qu’il n’y a rien de nouveau’’. Est-ce que vous partagez la position du chef de l’Etat Alassane Ouattara qui propose aux autres leaders de passer le témoin à une nouvelle génération ?

Je partage entièrement cette idée. Il faut renouveler la classe politique ivoirienne dont les acteurs sont les mêmes depuis plusieurs décennies. Je réitère mes propos. Cette classe politique est devenue caduque. Elle n’a rien à proposer. Il faut penser à son renouvellement total.

Après l’annonce du chef de l’Etat, beaucoup d’Ivoiriens souhaitent également le retrait de Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Souscrivez-vous à cette idée ?

C’est exactement la même chose quand je parle des acteurs qui sont dépassés. Je ne citerai pas de noms parce qu’on connait tous ceux qui sont des acteurs politiques en Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies dans notre pays. Je pense que les jeunes d’hier sont matures maintenant. Ils peuvent proposer de nouvelles choses aux Ivoiriens.

Est-ce que cette nouvelle génération pourrait-elle être incarnée par Guillaume Soro ou Charles Blé Goudé par exemple ?

Pourquoi pas si le peuple le veut ? C’est pourquoi, je souhaite qu’ont laisse ceux qui aspirent diriger le pays, être candidat s’ils le veulent. Le peuple, seul maitre du jeu démocratique, pourra alors décider.

Quel commentaire faites-vous des déboires judiciaires de Guillaume Soro, ancien secrétaire général de la FESCI comme vous ?

Je ne peux que regretter. Je n’accepte pas ce qui enfreint aux libertés, aux droits fondamentaux des citoyens. Nous avons entendu qu’il est accusé de déstabilisation, nous attendons d’avoir des preuves concrètes et que cela ne se limite pas aux simples discours juridiques.

Rejoindre le COJEP de Blé Goudé avec qui vous étiez membre de l’Alliance des jeunes patriotes est-il envisageable pour vous ?

Tout ça n’est pas exclu. Nous sommes en politique. Charles Blé Goudé et moi partageons beaucoup de choses.

Que devient Jean Yves Dibopieu ? Que faites vous de vos journées ? Comment vous vous occupez ? Où travaillez-vous ?

J’ai déjà répondu en partie à cette question. Je suis là et je me porte bien par la grâce de Dieu après tout ce que j’ai subi. Je me suis organisé et je suis en train de venir. J’arrive sans rancune et sans rancœur.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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