Gestion de la crise du covid-19 en Côte-d’Ivoire: Questions en attente de réponses

Gouvernement de Côte d’Ivoire, maintenant qu’on est à plus de 100 cas et que vous ne nous dites pas quelles sont les zones concernées par les contaminations mais vous acceptez que les cas importés deviennent des cas de transit d’Abidjan vers l’intérieur du pays en reportant le confinement d’Abidjan, passons au dépistage systématique et massif parce que le mal s’est déjà répandu parmi nous et sera exporté dans nos villages grâce à vous. Cela aura l’avantage de dire clairement qui est porteur, qui ne l’est pas, qui est à risque et qui ne l’est pas, qui est malade et qui ne l’est pas. Ainsi on pourra endiguer ce mal par des mises en quarantaine ciblée si on ne peut pas faire la mise en quarantaine générale ou confinement ; les zones concernées devant être bouclées par les forces de l’ordre pour empêcher les entrées et les sorties.

Votre gestion de cette crise me laisse perplexe. Des gens entrent sur le territoire avec ce nouveau mal du siècle. Vous ne les mettez pas en quarantaine (échec de la quarantaine à l’INJS des 1213 personnes en provenance des zones endémiques dû à votre égoïsme pour faire plaisir à votre coterie (le B to B)). Ils filent le mal à leurs proches qui le filent à leur tour à leurs entourages respectifs, ainsi de suite. Vous portez la responsabilité administrative et morale de la propagation de ce mal en Côte d’Ivoire. Normalement, après la crise, vous devez en tirer toutes les conclusions.

Vous gérez la situation avec le même laxisme qu’a été gérée l’affaire du Probo Koala qui a entraîné des levées de bouclier de votre part du temps où vous étiez dans l’opposition. Vous n’en avez retenu aucune leçon. Seule la jouissance et la conservation à tous les prix du pouvoir semblait être votre préoccupation principale pendant que le mal frappait bruyamment à nos portes. Vous avez merdé même si vous essayez de rattraper les choses et je vous encourage à faire encore plus. Mais le mal est déjà fait et nous sommes tous en danger. La mort rôde parmi nous, cherchant qui faucher rapidement.

La centaine de cas recensés à ce jour, sont-ce les anciens pensionnaires de l’INJS ? Sont-ce des cas locaux issus de la contamination par ces pensionnaires ? Quelle est la cartographie des cas identifiés, zone par zone et comment progresse la contamination dans ces zones à risque identifiées ? Répondre à ces questions simples permettra d’établir un périmètre précis d’isolement et de zones à désinfecter et à traiter. La Chine qui est sous régime communiste n’a pas fait de mystère autour des zones touchées à moins qu’on ait du mal à établir une cartographie fiable ; ce qui pose des problèmes de compétence dans la gestion de cette crise sanitaire.

Votre communication laisse penser que vous cachez la vérité aux ivoiriens et cela encourage les rumeurs les plus folles. On ne va pas se nourrir de rumeurs alors que vous êtes là pour éviter que cela soit ainsi. Tout n’est pas que politique. Là, on n’est plus dans la politique des coups bas où la ruse se le dispute avec la méchanceté et la rancœur. Il n’y a pas en face de pro-Gbagbo, de pro-Soro ou de pro-Bédié à casser avec hargne. Il n’y a pas non plus de maisons ou de commerces à casser sans état d’âme. Il y a à casser un mal pernicieux, silencieux et indétectable à vue d’œil mais qui met à genoux même ceux qui sont plus avancés que nous en tout. Mais là, vous avez malheureusement des états d’âme et votre favoritisme va tous nous tuer. A moins que vous vouliez atteindre une contamination de masse. Mais à quelle fin ? Et, je ne vous crois pas habités d’un tel cynisme.

Depuis le début, vous gérez mal cette crise. On n’est même pas à 1000 cas mais vous semblez avoir perdu le contrôle de l’avion. Le crash est inévitable si Dieu ne vient pas à notre secours.

Certaines expertises qui ont fait leur preuve peuvent nous servir à résoudre la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés à cause du covid-19. Pourquoi ne pas y recourir pour traiter et guérir efficacement la centaine de cas qu’on a actuellement et éviter une propagation de plus grande ampleur du mal avec une contamination de masse ? N’attendons pas le pire, quand on sera débordé pour recourir à cette expertise médicamenteuse qui a déjà vaincu ce mal ailleurs. On sauvera ainsi des vies même si, pour cela, on ne bénéficiera pas du « pandemic bonds ». « Le pandemic bonds qui est une initiative de la Banque mondiale permet d’envoyer rapidement des capitaux à des pays faisant face à une ou plusieurs épidémies ». Pour qu’un pays bénéficie du Pandemic bonds, il faut que le coronavirus ou toute pandémie en cours provoque au moins 2500 morts dans un et 20 dans un deuxième ou fasse au moins 250 victimes dans un pays émergent et que le taux de contamination atteigne un certain niveau. Nous y sommes déjà. Le protocole du Professeur Didier Raoult demande de recourir à l’hydroxychloroquine dès les premiers symptômes ; ce que le gouvernement français a finalement retenu après mille tergiversations. Mais, vous, vous en êtes à leur position initiale qu’ils ont abandonnée à trier les malades qui doivent bénéficier de ce protocole, à défaut de mieux.

C’est en période de crise que se révèlent les grands dirigeants. Il y a beaucoup de laxisme de votre part et beaucoup de laxisme de la part de la population aussi qui ne respecte en rien les consignes pour leur propre santé. Trop de laxisme tue la discipline qui est pourtant une des composantes de notre devise. Vous êtes-vous renseignés sur comment Taiwan a géré sa crise pour éviter la contamination de masse ? Heureusement qu’internet existe et qu’on peut profiter de l’expertise des autres à moindre coup. Il faut juste du temps et un clic.

Le laxisme ambiant nuit à votre réactivité. Il n’est pas tard pour changer de fusil d’épaule. A quoi sert un couvre-feu ou la fermeture des marchés si on ne procède pas à la désinfection des lieux publics ? C’est vrai qu’on maintient les gens chez eux entre 21 h et 6 du matin et on limite les contacts ; ce qui est une excellente chose. Mais après le couvre-feu, ils reviennent dans les mêmes endroits prendre des germes. On repousse l’échéance de la contamination mais on ne l’enraie pas. Or, on doit justement chercher à enrailler ce mal qui met à nue nos limites et les défaillances de nos systèmes sanitaires au monde. En repoussant la mesure de confinement de la ville d’Abidjan, vous permettez au mal de se répandre dans tout le pays et là, la situation sera ingérable, surtout qu’il n’est pas sûr que, dans les villages, les gens respectent les mesures prescrites. On vous regarde, on vous soutient et on vous aidera à améliorer votre angle d’approche. Vous avez le pouvoir de décider ; nous, nous avons le pouvoir de proposer et d’apprécier. Nous sommes dans le même bateau et c’est chacun pour tous et tous pour chacun.

Pascal Fobah Eblin
Analyste politique

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