Faux, Bill Gates n’a prédit aucune pandémie de COVID-19

Il n’a pas non plus créé de vaccin contre le coronavirus.

Un article dont le titre est « La Fondation Bill & Melinda Gates et d’autres ont prédit jusqu’à 65 millions de décès liés à une Pandémie – Dans une simulation réalisée il y a 3 mois ! ». Le mot FAUX est sur l’image.

Des articles conspirationnistes affirment que Bill Gates aurait prédit que la pandémie de COVID-19 ferait 65 millions de morts

Des théories conspirationnistes prétendent que Bill Gates aurait prédit la pandémie actuelle de COVID-19 et affirmé qu’elle ferait 65 millions de morts. Certains disent également que le chercheur français Didier Raoult exhorterait les Africains à ne pas prendre un vaccin créé par le milliardaire. Toutes ces rumeurs sont fausses.

La rumeur voulant que Bill Gates ait prédit la pandémie actuelle vient d’une simulation réalisée en octobre 2019 par le Centre pour la sécurité sanitaire de l’École de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins.

Lors de cet événement, intitulé Event 201 (Nouvelle fenêtre), des experts ont pris part à un exercice de modélisation d’une pandémie fictive de coronavirus.

L’exercice était réalisé en partenariat avec le Forum économique mondial et la Fondation Bill & Melinda Gates, mais le fondateur de Microsoft n’était pas directement impliqué dans la simulation.

Pas une prédiction de la pandémie actuelle

Comme l’a expliqué l’institution dans un communiqué (Nouvelle fenêtre), cet exercice, réalisé avant que n’émerge la COVID-19, visait à se préparer à de futures pandémies.

Pour ce scénario, nous avons modélisé une pandémie de coronavirus fictive, mais nous avons explicitement dit que ce n’était pas une prédiction. L’exercice servait à mettre en évidence la préparation et les défis qui surviendraient dans une pandémie très sévère.

Le virus de la pandémie fictive d’octobre 2019 différait de plusieurs façons du SARS-CoV-2, qui frappe présentement la planète. Dans la simulation, le coronavirus fictif émergeait d’une porcherie au Brésil et causait la mort de 65 millions de personnes.

L’Université Johns Hopkins souligne que cela ne prédit d’aucune façon que la COVID-19 fera 65 millions de victimes.

Pour l’épidémiologiste Nimâ Machouf, de la Clinique du Quartier latin, et chargée de cours à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, cet exercice est tout à fait normal dans le domaine. « C’est quand même une université qui est très forte en santé publique », explique-t-elle.

Ça doit être très normal qu’une université s’amuse à faire des prévisions, des simulations, pour éventuellement, en théorie, essayer d’étudier différents scénarios possibles dans une épidémie.

Pourquoi l’exercice simulait un coronavirus?

Certains internautes trouvent suspect que la simulation d’octobre dernier concerne un virus de la famille des coronavirus. En fait, les virus de cette famille sont connus depuis longtemps et ont causé plus d’une épidémie dans les dernières décennies, explique Mme Machouf.

Les deux dernières [épidémies] qu’on a vécues et qui ont été quand même assez épeurantes dans le monde, c’était le MERS [syndrome respiratoire du Moyen-Orient, en 2012] et c’était le SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère, en 2002-2003]. Les deux étaient des coronavirus.

D’autres coronavirus ont aussi été responsables de maladies chez les animaux, comme le virus de la bronchite infectieuse aviaire (Nouvelle fenêtre). Le rhume peut aussi être causé par des coronavirus plus bénins.

Pour Nimâ Machouf, le fait que l’université ait fait un exercice au sujet d’un coronavirus fictif quelques mois avant une réelle pandémie de coronavirus ne relève que du hasard.

C’est comme les exercices des pompiers. Ce n’est pas parce que cette semaine, on fait un exercice de pompiers, puis on sort tous les élèves de l’école… Si la semaine prochaine, il y a un incendie, [on ne peut pas dire] “Ah bien regarde, c’est eux qui l’ont fait parce qu’ils nous ont préparé la semaine passée à l’exercice.”

Pas le premier exercice du genre

Dans les dernières années, le Centre pour la sécurité sanitaire de l’Université Johns Hopkins a réalisé d’autres simulations concernant des maladies infectieuses.

En 2001, l’exercice intitulé Dark Winter (Nouvelle fenêtre) simulait une attaque de variole sur des citoyens américains, tandis que l’exercice Atlantic Storm, en 2005 (Nouvelle fenêtre), mettait en scène une attaque bioterroriste.

Précision

Bill Gates a donné une conférence lors de l’événement TED, en 2015 (Nouvelle fenêtre), où il parlait de l’importance de se préparer à de futures pandémies, à la suite de la crise de l’Ebola en Afrique de l’Ouest. Il n’était toutefois pas alors question de coronavirus. Cette conférence n’a sinon pas été évoquée par les conspirationnistes.

Des publications virales affirment faussement que le chercheur français Didier Raoult mettrait en garde contre un vaccin contre le coronavirus commercialisé par Bill Gates.

Une autre publication virale impliquant le fondateur de Microsoft se révèle également fausse. On y affirme que le chercheur français Didier Raoult — connu pour ses travaux sur la chloroquine — aurait appelé les Africains « à ne pas prendre le vaccin de Bill Gates pour lutter contre le Corona virus [sic] ».

On y attribue faussement au professeur Raoult une déclaration voulant qu’un tel vaccin soit bientôt mis en vente et qu’il contienne « du poison ». On y dit aussi « les occidentaux veulent anéantir l’Afrique sous prétexte que c’est le Corona virus qui a détruit l’Afrique [sic] ».

Selon l’IHU Infection Méditerranée, le centre de recherche que dirige M. Raoult, ces propos sont inventés de toutes pièces. (Nouvelle fenêtre)

Le professeur Didier Raoult n’est pas à l’origine de cette citation, c’est une fausse citation.
Déclaration de l’IHU Infection Méditerranée

Bien que la Fondation Gates (Nouvelle fenêtre) finance le développement de nouveaux vaccins à travers le monde pour diverses maladies infectieuses, aucun vaccin sur le coronavirus n’est sur le point d’être prêt. Les experts estiment qu’il faudra entre 12 et 18 mois avant qu’un vaccin pour le SARS-CoV-2 ne soit disponible.

Les chinois pourraient y arriver bien avant, selon certains experts fin avril ou fin juin au plus tard. Les Chinois ont en effet l’avantage d’avoir sequencé le virus SARS-CoV-2 en premier.

SOURCE: Ici.radio-canada.ca

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