Complot contre Adesina à la BAD ? Sa « mise au point » face aux accusations de « favoritisme » par Le Monde, quotidien français

Mise Au Point Du Dr. Akinwumi Adesina, Président Du Groupe De La Banque Africaine De Développement

« Abidjan, Côte d’Ivoire, Le 6 Avril 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Un article publié dans le Monde a été porté à ma connaissance.

A la suite de cette publication, j’ai été littéralement submergé par les marques de soutien et de solidarité extraordinaires qui continuent de me parvenir.

La Banque africaine de développement jouit d’une très solide réputation de bonne gouvernance. Elle a été classée 4e institution la plus transparente au monde par Publiez ce que vous financez.

J’ai une grande confiance dans les systèmes de gouvernance de la Banque mis en place par le Conseil des gouverneurs.

Le Comité d’éthique du Conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’examen interne.

Laissons le Comité achever son examen et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit.

Je suis totalement convaincu que sur la base de faits et de preuves, les procédures régulières d’examen et la transparence révèleront que tout cela ne constitue que des allégations fallacieuses et sans fondement.

Je voudrais que tous les membres du personnel, les actionnaires et les partenaires de la Banque, qui sont particulièrement dévoués, ne soient ni touchés ni ébranlés par ces allégations manifestement fausses.

Je resterai calme et résolu. Je ne me laisserai pas distraire. Aucun mensonge, quelle qu’en soit la propagation, ne pourra jamais dissimuler la vérité. Bientôt, la vérité éclatera au grand jour.

Je continuerai à m’acquitter de mes devoirs et responsabilités de Président, avec le plus haut niveau de professionnalisme, de dévouement et de détermination inébranlable, pour diriger et soutenir la mission audacieuse de la Banque en faveur du développement accéléré de l’Afrique, et pour aider à protéger le continent en cette période de pandémie de COVID19″.
« 

Dr Akinwumi Adesina

………….

Lu pour

Afrique/Economie/Par Le Monde-Afrique Publié hier à 17h00

A la Banque africaine de développement, le président Adesina contesté par des employés

Des employés viennent d’alerter les gouverneurs de la Banque sur des comportements « contraires à l’éthique » et des traitements de faveur au sein de l’institution panafricaine.

Une enquête interne, sensible et gênante, suit son cours à la Banque africaine de développement (BAD). En toute discrétion car elle vise son président, le nigérian Akinwumi Adesina. A la tête, depuis 2015, de la première institution de financement du développement d’Afrique, ce brillant économiste et ancien ministre de l’agriculture du Nigeria (2011-2015) se retrouve accusé par une frange du personnel de favoritisme au profit de proches compatriotes et de comportements « contraires à l’éthique ».

Les soupçons portent également sur des cas de « violation du code de conduite » et d’« entrave à l’efficacité (…) affectant la confiance dans l’intégrité » de la Banque.

A l’origine de cette affaire embarrassante, il y a « un groupe de membres du personnel préoccupés » par des pratiques jugées douteuses qu’ils ont recensées avec minutie, dans l’ombre, pour éviter, disent-ils, une « crise institutionnelle ». Soucieux de préserver leur anonymat, ces employés se sont mués en lanceurs d’alerte, comme le permet le code de conduite de la BAD. Le 19 janvier, ils ont déposé plainte et transmis au département de l’intégrité et de la lutte contre la corruption de la Banque un document de onze pages détaillant seize cas d’abus présumés, impliquant parfois directement le président Adesina. Des allégations actuellement « examinées par le conseil des gouverneurs de la BAD », précise le directeur du département des services juridiques, Godfred Awa Eddy Penn, qui s’interdit tout commentaire.

Depuis, ces lanceurs d’alerte déplorent des entraves à l’enquête mais aussi « des tentatives faites pour découvrir nos identités », écrivent-ils dans une lettre adressée en ce début de mois d’avril, cette fois directement aux gouverneurs de la BAD, représentant les 54 pays membres africains et les 26 pays non régionaux (dont la France). « Des membres du personnel proches du président [Adesina] se sont efforcés de saboter toutes les tentatives du comité d’éthique de remplir ses fonctions », soulignent les lanceurs d’alerte dans cette dernière missive. Ce dernier n’a pas souhaité réagir.

« Nigérianiser » la BAD

Dans cette note consultée par Le Monde Afrique, les lanceurs d’alerte commencent par pointer des « traitements de faveur » accordés à des ressortissants du Nigeria, première puissance économique d’Afrique et principal actionnaire de la BAD depuis sa création en 1964. « Alors qu’environ 9 % des nouvelles recrues étaient des Nigérians (ou des binationaux d’origine nigériane), ils représentent environ 25 % des postes de direction nouvellement recrutés », écrivent-ils. Ce qui donne un certain écho aux critiques formulées ces dernières années par des gouverneurs de la BAD mais aussi par certains chefs d’Etat du continent.
Lire aussi « L’Afrique mérite de meilleures questions pour de meilleures réponses à son développement »

Fin 2019, le président tchadien, Idriss Déby, avait écrit à M. Adesina pour exprimer son agacement à ce sujet. L’Ethiopie avait aussi rappelé disposer de candidats pour des postes à responsabilité. « Adesina n’a pas caché sa volonté de “nigérianiser” la BAD en confiant à des compatriotes les postes-clés, mais aussi en accordant plus facilement des lignes de crédit à des entreprises nigérianes de premier plan », dit un ancien cadre proche du président. Un autre dénonce un faux procès : « Proportionnellement à ses parts de capital, le Nigeria [9,33 %] est sous-représenté parmi le personnel de la BAD. A l’inverse, la France [3,7 %] compte de nombreux salariés. »

Des proches du président Adesina ont été désignés à des fonctions stratégiques au sein de cette institution établie à Abidjan qui gère notamment de l’argent public des contribuables africains. Mais ces nominations font fi des règles strictes de recrutement, insistent les lanceurs d’alerte. Ces derniers citent le cas d’un ami de M. Adesina nommé à un poste de direction, pourtant encore occupé par son prédécesseur. Ce qui contraignit la BAD brièvement à régler deux salaires. Un autre, ami d’enfance cette fois, s’est vu octroyer, en 2017, un contrat de 326 000 dollars (environ 300 000 euros) pour sa société de communication nigériane, avant d’être lui-même recruté à la BAD quelques mois plus tard. Pourtant, lors d’un audit interne de l’institution, le contrat avait été signalé comme relevant potentiellement d’un « conflit d’intérêt ».
Vague de départs

Plus récemment, une juriste nigériane réputée pour ses compétences et son entregent fut propulsée fin 2019 à la tête du forum d’investissement qu’organise la BAD. Or cette ancienne dirigeante de la Commission nationale des pensions au Nigeria, avait été limogée deux ans plus tôt par le président Muhammadu Buhari. Elle est depuis visée par des enquêtes des autorités de son pays pour de présumés détournements de fonds publics. « M. Adesina ne pouvait pas ignorer sa situation [judiciaire] lorsqu’il l’a recrutée », écrivent les lanceurs d’alerte dans leur note. Interrogée à ce sujet, la BAD n’a pas souhaité réagir.

Un proche conseiller d’Adesina reconnaît, sous couvert d’anonymat, une forme de « gouvernance verticale parfois perçue comme autoritaire », avant de rappeler que le président « a la liberté politique de choisir des hommes et des femmes en qui il a confiance. C’est comme ça partout ». A 60 ans, M. Adesina va briguer un second mandat cette année et compte bien rester le tout-puissant patron de la BAD qu’il a dynamisée à sa façon, en attirant notamment des capitaux privés. Dans un secteur du développement particulièrement concurrentiel et politique, l’institution reste un acteur incontournable dont le capital passera de 93 à 208 milliards de dollars d’ici à dix ans. « Cette augmentation de capital est sans précédent et Adesina est sans doute le meilleur promoteur que la Banque n’ait jamais eu », explique un diplomate occidental.

Sauf qu’en interne l’ambitieux et séduisant M. Adesina jouit d’une réputation plus nuancée et sa gouvernance est particulièrement contestée. Volontiers « show off », un brin autoritaire dans sa manière de diriger, le patron se montre indifférent aux critiques et à la grogne de ses employés. Il n’a guère semblé s’émouvoir de la récente vague de départs volontaires de certains des meilleurs techniciens de la BAD, las de sa gouvernance et des lubies de sa « cour ». « Pour avoir un bon poste, ce n’est plus les compétences qui priment, mais la proximité avec Adesina et ses lieutenants. C’est la triste réalité, confie un ancien cadre. Or c’est une institution qui gère de l’argent public. »

Mélange des genres

Sur le plan international, M. Adesina est une personnalité reconnue et appréciée, lauréat du Prix Sunhak de la paix 2019, deux après avoir reçu le World Food Prize. Sauf que les 750 000 dollars perçus pour ces deux prix n’ont, selon les lanceurs d’alerte, jamais été reversés dans les caisses de la BAD qui a pourtant réglé les déplacements de sa délégation pour assister aux cérémonies, aux Etats-Unis et en Corée du Sud. Même mélange des genres autour de sa biographie, parue en 2019 : la BAD paie l’auteur chargé du portrait élogieux du président Adesina qui en conserve les droits à titre privé.

Il n’aime rien tant que parler de sa « vision » pour l’agriculture, du développement du continent africain. Plus discrètement, il fait de la politique inhérente à sa fonction. « Il a décomplexé les réserves politiques d’usage et donne l’impression de renvoyer l’ascenseur à ceux qui l’ont porté au pouvoir », observe un ancien cadre, déçu par le président Adesina.

Très proche du chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara, qui l’avait soutenu lors de sa première candidature et a annoncé qu’il l’appuierait à nouveau, le président de la BAD à l’éternel nœud papillon s’affiche volontiers avec les responsables politiques de son pays, le Nigeria. Il s’y rend fréquemment, se mettant en scène avec le chef d’Etat, Muhammadu Buhari, ou avec son vice-président Yemi Osinbajo.

« Traitement de faveur »

D’après les lanceurs d’alerte, les Nigérians ne sont toutefois pas les seuls à bénéficier de « traitements de faveur ». Dans leur document, ils pointent du doigt d’autres recrutements et démissions de hauts cadres intervenus ces dernières années dans des circonstances douteuses. Et les cas sont, là aussi, légion. Ainsi, en 2016, le tout fraîchement nommé directeur des ressources humaines signe un contrat avec une entreprise de recrutement kényane dans laquelle il aurait des parts.
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Alors qu’un audit interne est demandé pour faire la lumière sur cette affaire, le président Adesina aurait, selon les lanceurs d’alerte, permis à son collaborateur de démissionner et de jouir d’une « importante indemnité de départ ». Cette même année 2016, un cadre zambien a « attribué frauduleusement », selon un autre audit et une enquête interne, deux contrats d’un montant de 18 millions de dollars à des sociétés russe et américaine. Il a été promu en octobre 2019. « Un cas d’impunité qui laisse perplexe », notent les lanceurs d’alerte. A les lire, ces pratiques n’ont pas vraiment cessé. En janvier 2020, le bureau de l’éthique de la BAD a une nouvelle cheffe nommée grâce à de « petits arrangements entre amis », en dépit de ses erreurs passées. Elle avait accusé son prédécesseur de harcèlement mais sa plainte s’est avérée fausse et « malveillante », selon une enquête interne.

« Le président nomme comme cheffe de l’éthique une personne coupable d’un comportement gravement contraire à l’éthique », constate les lanceurs d’alerte qui se disent mobilisés pour « empêcher la fraude, la corruption ou la mauvaise conduite (…) pour rétablir la confiance dans l’efficacité de la gouvernance de la Banque ». La direction de la BAD assure que ces faits, pour la plupart démontrés par des enquêtes internes passées, sont actuellement « examinés ».

Joan Tilouine et Yassin Ciyow(Abidjan, correspondance)

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1 réflexion au sujet de « Complot contre Adesina à la BAD ? Sa « mise au point » face aux accusations de « favoritisme » par Le Monde, quotidien français »

  1. L’INGRATITUDE LÉGENDAIRE DE L’HOMME NOIR AU SERVICE DE LA RANCUNE TENACE DU BLANC ?
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    Il faut remonter aux dessous de l’élection de Mai 2015 et aux non-dits pour comprendre certains des enjeux cruciaux de cette agitation au sein de la BAD.

    Ceux qui comme moi Wara (un lion n’est pas un pangolin) ont eu la chance de décortiquer les dossiers de programme des candidats en 2015, s’en souviennent.

    Au départ, Akinwumi Adesina n’avait pas été le candidat préféré des Africains.

    Plus grave les actionnaires internationaux qui pèsent tant sur le financement de cet organisme avaient opté en bloc pour la candidate Cap Verdienne Madame Cristina Duarte contre laquelle par contre laquelle une forte campagne était menée au sein de la boîte.

    Adesina et le Nigeria ont joué serré et fait peser tout leur poids historique en tant que CONTRIBUTEUR au sein de la Banque Africaine de Développement. Car avant Adesina et en dépit des candidats brillantes par le Nigeria, le géant africain avait toujours « tapé poteau ». Le retrait de la candidature de Yesufu Seyyed Abdulaï en août 1995 pour laisser passer enfin Omar Kabbaj le marocain a été mal vécu. 

    Mais que proposait la CapVerdienne de mieux qu’Adesina pour être la chouchou des occidentaux ?

    Rapprocher la Banque des États par une nouvelle organisation qui privilégie la proximité et accélère la mise à disposition des financements mais surtout REDUIRE LES EFFECTIFS À LA SUITE D’UN DOWNSIZING DE L’ORGANIGRAMME ! Ce volet de son programme aurait été fatal à beaucoup d’agitateurs d’aujourd’hui !

    Les occidentaux ayant senti ce blocage des africains ont petit à petit lâché leur protégée Duarte pour ….le Tchadien Bedoumra Kordjé. Les africains jusqu’à la fin bouderont la Cap Verdienne.

    Adesina entretemps rassurait les agents mais travaillait à fond les réseaux sur la crédibilité et l’opportunité des axes majeurs de son programme. Car c’est le candidat zimbabwéen Thomas Sakala qui avait le vent en poupe côté africain…Mieux vaut un zimbabwéen ou un Tchadien plus accessible qu’un puissant et peut être imprévisible nigerian !

    Adesina est finalement passé éliminant donc au passage les chouchous de départ des occidentaux et des africains !

    Le BAD dont le capital passera de 93 à 208 milliards de dollars d’ici à dix ans, n’est pas aussi mal gérée qu’on voudrait le faire croire. ADESINA a repris et mis en exécution une bonne partie des propositions de Duarte la Cap Verdienne dont l’organisation éclatée. Et défendu les points forts de ses propositions. Il a tenu promesse en ne faisant pas des coupes sombres et massives dans les effectifs.

    Au regard de sa contribution historique et cela n’est contesté par personne, les cadres africains devraient témoigner une reconnaissance à ce grand pays panafricain. Surtout à l’heure du Coronavirus. Quand il faudra payer ses contributions après la pandémie dont personne ne mesure à présent ni la durée ni l’impact sur nos fragiles économies, beaucoup d’Etats se déclareront ENCORE défaillants. Et les mêmes dont le Nigeria, mettront encore la main à la poche !

    Tiens j’oubliais qu’en Afrique « c’est une seule personne qui tue l’éléphant que tout le village partage ! ».

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