En Côte-d’Ivoire, la commune de Yopougon, entre défiance et rébellion

Source: RTBF.info TV Francophone Wallonie Belgique

Par Amandine Réaux

Coronavirus en Côte d’Ivoire : à Abidjan, la commune de Yopougon cristallise défiance et rébellion

« Tu peux enlever ton masque, ici il n’y a pas corona ! », lance un client hilare à son camarade. Le maquis de Nicolas* serait-il un îlot immunisé ? Ce jeudi après-midi, ils sont une trentaine à enchaîner les bières ou siroter une carafe de vin rouge. Les uns sur les autres, comme si de rien n’était. Malgré l’annonce de la fermeture de tous les lieux de rassemblement, mi-mars, le petit restaurant est toujours ouvert. Et à Yopougon, immense commune populaire d’Abidjan, il est loin d’être le seul. Trois fois, les policiers ont ordonné à Nicolas de fermer. Trois fois, il s’en est tiré en les soudoyant. 15 euros par bakchich, le prix de la paix provisoire.

« Je sais que ce n’est pas normal, mais je suis obligé de frauder, sinon comment vais-je nourrir mes trois enfants ? », justifie Nicolas. Le gérant attend avec impatience les aides aux travailleurs informels promises par le gouvernement dans son plan de 2,6 milliards d’euros.

A lire aussi Et soudain, le calme : chronique d’une Côte d’Ivoire qui change de visage au temps du coronavirus

Dans ce maquis à l’écart des grandes artères goudronnées, on vient souffler un peu. Avec ce calme et le sable, on se croirait au village. Jérémy*, 22 ans, diplômé en comptabilité, vit chez ses parents. Pas réjouissant de rester toute la journée dans cette petite maison. Alors il part se promener et se « distraire ». Tenter d’oublier qu’il ne gagne plus son pain quotidien en bossant sur des chantiers. « Ici, c’est comme un refuge », abonde Aymeric, 20 ans, qui boit des bières avec deux amis. Comme un monde parallèle, même.

Ces temps-ci, le covid n’est pas la source des problèmes. Le manque d’argent, plutôt. La pandémie est même un sujet de rigolade. Un client amuse la galerie en listant les alcools forts qui, soi-disant, tuent le virus. Un autre pointe sa peau noire, qu’il croit plus résistante à la maladie. Les gestes barrières sont une exigence qui leur passe tous au-dessus.

Chantier vandalisé

(…)

La suite de l’article sur RTBF.info

Commentaires Facebook