30 ans de FESCI en Côte-d’Ivoire: Ce procès d’intention que les Fescistes refusent

Il y a 30 ans naquit un esprit: La Fesci

Le 21 avril 1990, à l’église Sainte famille de Cocody de la rivière 2 (Abidjan), naissait de la fusion de quatre organisations de base, la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Déjà sa naissance fut tumultueuse et slogan « Il ne peut y avoir d’École Nouvelle sans Démocratie véritable » ne pouvait arranger les choses. Car avec un tel slogan, la FESCI bien qu’ayant pour objectifs de lutter pour les intérêts moraux et matériels des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, elle (FESCI) se réservait le droit d’intervenir sur toutes les questions touchant à l’avenir du pays. Le PDCI pendant longtemps parti unique (1959 au 30 avril 1990), avec des réflexes de conservateurs et réactionnaires, vit en la FESCI…

FESCI, POUR UNE ÉCOLE NOUVELLE

Dans les années précédant 1990, la Génération des Enseignants, génération devancière des années 70 rompue à la lutte syndicale clandestine a libéré La Parole Syndicale et Politique.

Poussée par l’énergie de la Parole Libérée, La Génération Estudiantine 90 en cherchant à améliorer les conditions d’études et de vie des élèves et étudiants, a apporté la pluralité politique à travers de déroutantes manifestations spontanées.

Ayant fait le constat du manque de volonté politique et à cause du musèlement de la jeunesse embrigadée dans la rigidité structurelle inhérente au parti unique, la FESCI naissante s’est structurée en quatre mouvements de base pour former une FÉDÉRATION:

• La CESCOCI dirigée par AZOWA Beugré Amos
• Le SEECI dirigé par GOGOUA Clément
• L´ONEECI dirigée par ANOH Timothée
• L’UEECI dirigée par APPIAH

La CESCOCI (Conscience Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) à laquelle j’appartenais comptais comme membres :

Beugré Amos AZOWA
Joseph Martial AHIPEAUD
Mampo Gérard GUILLET
Charles ZAGBO GROGUHÉ
Désiré LAGBRÉ
Lago Apollinaire SÉRY

Après analyses du terrain, la FÉDÉRATION ESTUDIANTINE ET SCOLAIRE DE CÔTE D’IVOIRE a conclu dans son slogan d’Espoir d’une Lutte : IL NE PEUT Y AVOIR D’ÉCOLE NOUVELLE SANS DÉMOCRATIE VÉRITABLE.

Nous nous rencontrions où nous pouvions (Cocody, Adjamé, Deux-plateaux.. ) et très souvent en plein-air, car disait-on à cette époque, que les murs ont des oreilles.

C´est ainsi que nous nous retrouvions dans la cour des églises en l’occurrence à St Kizito de Williamsville.

Notre cellule de Williamsville a comporté des acteurs fougueux comme SIMI Thomas, le russe et MANTHO Manix.

Mais le nom qui a le plus marqué la FESCI depuis ses premières heures jusqu’à aujourd’hui est celui du Commissaire Caillou, Jean DÉKPAI.

L’aventure du journal de la FESCI, LE FÉDÉRAL « Informer et Former pour mieux Transformer » dont j’étais le Rédacteur en Chef, a tourné court après quelques mois de parutions en 1991 avec l’enlèvement du Directeur de Publication, le Secrétaire Général de la FESCI, Martial AHIPEAUD. Il fut emprisonné à Dimbokro.

Pour exiger sa libération ainsi que celle de plusieurs étudiants enlevés par la suite et emprisonnés, la marche du 18 Février 1992 fut organisée au Plateau. Elle aboutit à l’emprisonnement des leaders de l’opposition ainsi que de la société civile dont Laurent GBAGBO ; Secrétaire Général (à l’époque) du FPI ET DÉGNI Ségui, Président de la LIDHO (Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme).

IL NE PEUT Y AVOIR D’ÉCOLE NOUVELLE SANS DÉMOCRATIE VÉRITABLE.

Ce slogan est toujours d’une brûlante actualité, trente années après, vu le manque criard d’infrastructures scolaires adéquates proportionnelles au nombre de scolarisés et malgré les immenses moyens dont dispose l’état de CÔTE D’IVOIRE.

Une école nouvelle ne sera donc possible que dans un environnement politique sain avec une vision centrée sur les véritables besoins de la jeunesse scolaire et aboutissant à une transformation qualitative basée sur une formation pratique à partir d’informations ancrées dans la richesse endogène africaine catalysée par un transfert de technologies respectueux du patrimoine africain.

Nous sommes pour une école nouvelle.

Apollinaire SÉRY

AVANT QUE LA FESCI NE FASSE SON BILAN, UNE ESQUISSE DE RÉPONSES À UN FRÈRE

Hier 21 avril 2020, dans ma modeste contribution, j’avais indiqué que ce n’était ni le moment, ni le lieu de faire le bilan de la FESCI. J’ai par contre remarqué que certains frères ont plus exposé leurs griefs contre la FESCI. Cela est tout à fait normal et même enrichissant pour l’avenir. Cependant c’est lorsque la FESCI est pointé du doigt comme la seule source des malheurs des élèves et étudiants, alors j’ai estimé, à mon modeste niveau de remettre certaines choses à leur place.

De quoi s’agit-il ? Un frère X disait ceci : « Ces maudits-parlant des responsables de la FESCI-qui ont détruit le parcours scolaires de bons nombres d’entre nous (…) ».

Comme je l’ai indiqué hier, il eut des dérives. Et nous en sommes désolés, puisque notre intention était d’améliorer les conditions académiques, économiques et sociales des élèves et étudiants, c’est-à-dire de permettre à ce qu’ils soient dans de bonnes conditions pour étudier et réussir leurs parcours scolaires.

Par exemple, en 1990, pour une capacité de 6000 chambres dans le CNOU (aujourd’hui CROU), l’université comptait 50 000 étudiants. Nous avions demandé à ce qu’on construise des cités universitaires en plus. Nous avions exigé la suppression du bac probatoire, instauré en première (6ème année secondaire) et qui servait de goulot d’étranglement et de filtres. Nous avions exigé que la bourse soit donnée à tous les étudiants. Et ce n’était pas de l’utopie. Nous avions été les premiers à demander la construction d’autres universités. L’État donnait le terrain, le gouvernement formait une commission composée de la société civile et des partis politiques pour lancer l’opération « construisons nos universités », comme cela fut fait pour l’opération sur la sécurité en 1989. Et les Ivoiriens et non Ivoiriens y avaient contribué. La FESCI se proposait de mobiliser les étudiants comme main d’œuvre. Mais rien n’y fit. Le pouvoir ne voulait même nous écouter.

Lorsque nous posions clairement et simplement nos revendications sur la table des responsables académiques (ministres Salif N’Diaye, Kipré Pierre, Saliou Touré ou Recteurs Tuyo Bakary ou Semi-Bi Zan ou Haidara, les directeurs et proviseurs des collèges et lycées etc.), après 1 mois voire 2 aucune réponse ne nous était communiquée pour savoir ce qui était faisable. Et c’est lorsque nous décidons de faire grève qu’en ce moment, et toujours à la veille, qu’un communiqué est lu pour dire ce que le gouvernement comptait faire ceci.

Des fois, c’était simplement de la propagande et la désinformation en disant que tout allait bien et que c’était un groupuscule d’étudiants manipulés par l’opposition qui voulait empêcher la majorité d’aller s’instruire. Et bien évidemment, le lendemain les forces de l’ordre étaient sur les campus violant la loi et principes des franchises universitaires, pour dit-on protéger « la majorité qui veut aller à l’école ». Et comme je l’ai indiqué, hier, nous avions décidé de défier l’autorité pour faire aboutir nos revendications légitimes. Donc nous maintenons quand même le meeting. Et le jour, les forces de l’ordre se livrent, à cœur joie, à la bastonnade et les arrestations des élèves étudiants, souvent innocents. Cette violence policière débutée sur les campus finissait dans les résidences universitaires. Cette fois, c’était la chasse aux responsables de la FESCI, grâce aux indicateurs qui allait se poursuivre, et ce le lendemain voir les jours suivants.

Très souvent plusieurs responsables sont arrêtés et conduis à la DST pour y subir des tortures. Ce ne sont, de manière non exhaustive, Dr Martial Ahipeaud, Touré Mama, BLÉ Guirao, Gnato Zérégui, Roska Kouamé, Dékpai Jean, Jean-Brice Beaudhots, GBANSE Alexis, Soro Guillaume, BLÉ GOUDÉ, Damana Pickass, Dr Bossina Maruis, Maya Dominique, etc. La liste est très longue qui me diront le contraire.

Démunis que nous sommes, c’est ainsi que nous (les quatre premiers grévistes étaient des responsables de la FESCI) avons utilisé cette arme de la grève de faim et qui a permis d’avoir la sympathie des parents. Et ainsi nous avions pu exposer le sens de notre combat à la société civile qui s’était constituée. Mais le pouvoir a laissé jouer le temps sans rien résoudre. Nous avions risqué notre vie.

En septembre 1994, la direction de la FESCI, dirigée par le Secrétaire général DJUÉ Eugène, apprend, puis obtient une liste 857 étudiants que le pouvoir soupçonne de fraudeurs au baccalauréat. Non seulement ils ne sont pas inscrit à l’université ou grande école, mais ils sont passibles de poursuites judiciaires et même de peines de prison. La FESCI mène ses enquêtes et se rend compte que c’est un prétexte. Puisqu’une dizaines d’élèves ont été pris, alors le PDCI conclut que tous ceux qui avaient obtenu 10/20 au baccalauréat en cette année étaient des tricheurs. Le gouvernement va reculer et la FESCI se proposera elle-même, pour ne pas qu’il ait des lésés de faire partie de la commission. C’est ainsi que nous avons accueilli les dossiers de tous les étudiants. Et sur base de 3 choix faits par eux-mêmes, ils étaient non orientés. Et cela gratuitement. Pourtant le camarade Jean Brice Beaudhots fut brûlé sur la tête par la police avec leurs gaz incendiaires. J’ai moi-même fait partie de cette commission à Abobo Adjamé avec, par exemple, le camarade Tiégbé Ludovic dit Laïdo.

Pour conclure, je dirais que La FESCI n’est pas ce monstre né pour détruire la scolarité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Cela serait incompréhensible si vous saviez combien de responsables de la FESCI qui été emprisonnés voire renvoyés pendant cette lutte. À moins que nous soyons masochistes et idiots. Je ne pense un seul instant cela. Nous avions à cœur que les conditions des élèves et étudiants s’améliorent.

C’est pourquoi je vais ici emprunter une phrase du camarade Damana Pickass: « Nous étions effectivement manipulés mais par nos problèmes ».

Pour finir, je dirais que la FESCI est prête à faire son bilan mais en toute objectivité.

C’est ça le sens de l’histoire.

C’est pourquoi je me permets de lancer un appel à tous qu’on se retrouve pour écrire un livre sur la FESCI.

Ce sera le tribunal auquel nous allons nous soumettre.

FESCI TOUJOURS
Cordialement Tapé GROUBERA
EX Secrétaire Général de la FAST (Faculté des Sciences et Technique)

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