La Côte-d’Ivoire est le seul pays où les opposants attendent que le Pouvoir leur donne le pouvoir

Pr. Prao Yao Séraphin

Les partis politiques constituent un maillon essentiel du processus démocratique dans un pays. Si les partis politiques sont des machines électorales, ils restent surtout des arènes de débat. Or, le débat politique est une pièce essentielle de la démocratie pluraliste. Les partis politiques sont également des groupements de socialisation. En effet, les partis politiques sont des organisations qui tendent à discipliner les élus et favoriser la prise de conscience des solidarités entre groupes sociaux différents. Au regard de l’importance de leur fonction, les partis politiques, surtout les partis de l’opposition doivent constituer un contre-pouvoir, au bénéfice des populations. Depuis 2011, la Côte d’Ivoire vit un drame dont tous les dictionnaires ne trouvent pas de superlatifs pour le décrire dans tous ses états. Face à cette misère politique et morale, l’opposition qui devrait donner espoir aux Ivoiriens, se cherche et s’englue dans un verglas politique insoupçonné. Les Ivoiriens souffrent, pleurent et appellent au secours. Le pouvoir en place a montré ses limites, il a confondu vitesse et précipitation, agrégats et bien-être. Sur le perron de la réconciliation, comme une fiancée en quête d’amour, les Ivoiriens ont tendu la main d’association en vain. Et pendant ce temps, que fait l’opposition ?

1. Une partie de l’opposition s’oppose à l’opposition

Aujourd’hui, tous les opposants ivoiriens ne parlent pas le même langage et ne conjuguent pas les mêmes verbes. Il est fréquent de constater des couacs au niveau des déclarations de certains opposants. Parfois, on a l’impression que certains sont payés par le pouvoir actuel pour déstabiliser toute l’opposition. Il est clair que certains opposants s’opposent malicieusement à l’opposition. Heureusement que les Ivoiriens sont assez intelligents pour démasquer les faux opposants. Ils sont très nombreux ces traitres qui sont payés chaque mois par la majorité présidentielle pour torpiller tous les combats de l’opposition. La journée, ils sont avec les opposants mais la nuit tombée, ils retrouvent leurs amis, pour faire les comptes rendus fidèlement. Ils font du bruit sans effet et sont amorphes et statiques. Ils sont devenus des rêveurs creux or le rêve sans action conduit au profond désespoir. Ils sont devenus comme des pharisiens dont la seule constance est de dire sans faire. Ils sont semblables à des hommes superficiels attachés à la lettre et non à l’esprit de l’idéologie. Ils sont simplement des « d’hypocrites » et de « sépulcres blanchis ».

2. Pendant que l’autre partie distrait l’opposition

Cette opposition-là est composée de purs comédiens. On peut distinguer deux catégories à ce niveau. La première est semblable à un brave paysan dont les talents et prouesses sont reconnus. Il peut travailler et récolter abondamment pour nourrir tout le village. Mais il refuse d’aller au champ, pour travailler parce que ne trouvant pas sa machette. Les autres lui proposent une autre machette, des haches, des houes mais peine perdue, il souhaite aller au champ qu’avec sa machette perdue. Pendant ce temps, les autres paysans peu valeureux labourent, récoltent et s’enrichissent, sans rien donner au villageois. Dans ce village, finalement, qui est le méchant ? La seconde est reconnaissable en prenant l’exemple de deux grands clubs ivoiriens : Asec et Africa. C’est l’histoire d’un ancien joueur de l’Asec qui est aujourd’hui, à l’Africa. Lors des derbys, le nouveau joueur de l’Africa, dans son propre camp, se met à dribbler tous les joueurs, parfois même ses propres coéquipiers, mais jamais dépasser la moitié du terrain. Quand il arrive à se retrouver face au gardien adverse, il titre au-dessus du poteau. On se demande vraiment s’il ne triche pas. La vérité est qu’il a pour but de distraire son nouveau club et permettre à son ancien club de prendre la tête du championnat.

3. Et pourtant le pouvoir est à portée de main

En Côte d’Ivoire, si nous voulons une alternance dans notre pays, en 2020, alors l’opposition devra être unie et forte. Dans un combat électoral, il faut à la fois une bonne stratégie et une fine tactique. La première est l’art de coordonner des actions, de manœuvrer habilement pour atteindre un but. La deuxième est un ensemble de moyens habiles employés pour obtenir le résultat voulu. La vraie différence c’est que la stratégie voit à long terme, alors que la tactique s’applique dans des actions ponctuelles. Si l’opposition veut participer au jeu électoral, alors elle doit mener de rudes combats pour exiger de bonnes conditions pour des élections crédibles. Lutter pour une commission électorale indépendante (CEI), impartiale et consensuelle. En outre, il faudra revoir le découpage électoral et exiger que tous les jeunes majeurs soient enrôlés. Par-dessus tout, chaque Ivoirien doit avoir sa carte nationale d’identité, pour aller voter en toute tranquillité. Mieux, il faut s’assurer que tous les candidats pourront se déplacer sur toute l’étendue du territoire pour faire campagne. L’opposition ivoirienne doit donc arrêter son immobilisme et la distraction. En tout cas, pour l’heure, en Côte d’Ivoire, l’opposition ivoirienne se cherche encore et elle est divisée. Les Ivoiriens ne perçoivent pas clairement le dénominateur commun entre les différents partis de l’opposition. Les démocrates n’ont aucune idée d’une réelle vision de cette opposition, qui d’ailleurs ne donne jamais de mot d’ordre clair et précis.

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