Capacité insuffisante: Pourquoi la Côte-d’Ivoire a vite mis fin aux tests covid-19 de sortie d’Abidjan

Par Sylvie Kouamé | Connectionivoirienne

Le gouvernement ivoirien a encore étalé ses nombreux tâtonnements et hésitations connues, depuis l’éclatement de la crise du covid-19 le 11 mars dernier.

INJS

Ce furent d’abord les confinés de l’INJS, des confinés qui feront date dans l’histoire de la Côte-d’Ivoire post covid-19.
Des confinés qui vont tous disparaître dans la nature moins de 48 heures après leur confinement car entre temps, des progénitures du chanteur de zouglou Salif Traoré ou encore le joueur de football Max Gradel, avaient réussi par des moyens de corruption à échapper à la quarantaine. Une ministre bien connue de la république sera surprise en train d’accuser directement le Premier ministre, actuellement malade en France, d’en être le responsable.

Mais revenons à l’actualité. Le vendredi 8 mai, le gouvernement ivoirien par la voix du néo-ministre de la sécurité, le général Vagondo Diomandé, annonce l’obligation d’un test négatif au covid-19 avant l’obtention d’une autorisation de sortie du grand Abidjan.

En somme, une bonne mesure, l’intention est bonne, encore que l’État doit être à mesure de tester les milliers de demandeurs potentiels qui allaient affluer, dans une ville de plus de 5 millions d’habitants.

Comme il fallait s’y attendre, dès le lundi 11 mai, c’est la grande affluence. Les Abidjanais accourent de partout vers les centres de dépistage.

Les autorités qui ont encore visiblement improvisé sont confrontées à trois problèmes. Le premier est comment canaliser tout ce beau monde qui respecte très peu les mesures de précautions.

Le deuxième problème est plus sérieux, où se procurer suffisamment de tests pour tout ce monde, alors que les tests de dépistages manquent dans le monde entier. La Côte-d’Ivoire depuis le début des dépistages n’a pas été à mesure de faire plus de 500 tests par jour, contre 500 mille tests quotidiens au pic de l’épidémie pour un pays comme l’Allemagne. Même le Ghana voisin avec ses plus de 130 000 tests depuis le début la crise, a fait 10 fois mieux que la Côte-d’Ivoire et ses 16 000 tests depuis le 11 mars.

Macabre

Un troisième ennui se pointe aussi à l’horizon pour les autorités. En effet, et c’est connu, le plus l’on teste, le plus de cas actifs de covid-19 l’on trouve au sein de la population. Toutes ces personnes diagnostiquées « positif » doivent par la suite être prises en charge par un système de santé déjà largement défaillant dont les limites et carences sont connues de tous.

Ici se profile le côté macabre de certains choix politiques.

Un Premier ministre malade, soigné gracieusement en France en plein confinement aux frais des contribuables ivoiriens, alors que son pays est incapable de tester convenablement ses populations.

Combien de tests la Côte-d’Ivoire pouvait-elle s’acheter avec les frais d’hospitalisation du seul Amadou Gon et les frais de séjours de tous ses accompagnateurs en France ?

Finalement, pour se débarrasser des trois problèmes, une parade échappatoire est vite trouvée par Alassane Ouattara, Amadou Gon et leurs ministres : l’annulation pure et simple de l’exigence des tests négatifs pour la sortie du grand Abidjan, moins d’une semaine après sa mise en application.

Photo: Centre dépistage Yopougon BAE, 12 mai 2020

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