« L’Afrique résiste au covid-19, mais il ne faut pas relâcher » (Alafé Wakili, L’Intelligent d’Abidjan)

Wakili Alafé, Directeur de l’Intelligent d’Abidjan

Entretien paru le numéro 5541 du 5 juin 2020, du quotidien camerounais le Messager

« Directeur de l’Intelligent d’Abidjan, quotidien indépendant ivoirien, partenaire du projet mobilisant les médias et agences de communication, de l’Afrique et ses diasporas, en matière d’information, de sensibilisation et de communication sur le Coronavirus, Alafé Wakili explique son implication.

L’Intelligent d’Abidjan, quotidien ivoirien dont vous êtes le Directeur, participe au projet « Protégeons-Nous » contre la Covid-19 en Afrique. Pour quelles raisons ?

Je participe au projet « Protégeons- Nous » contre la Covid en Afrique, parce que ses initiateurs me paraissent être des acteurs crédibles du secteur des médias et de la communication. Lorsque j’ai été contacté, je me suis dit qu’il était utile d’apporter ma contribution d’autant plus que la sensibilisation ne doit pas s’arrêter, elle doit continuer, se poursuivre à tous les niveaux. Il était donc important de la renforcer à l’échelle de l’Afrique, des populations africaines et la diaspora pour que le continent soit à l’abri de cette pandémie.

Rarement initiative a mobilisé avec telle envergure, médias et agences de communication, à l’échelle de l’Afrique. En quoi cette implication peut-elle être décisive pour l’information, la communication et la sensibilisa- tion sur la crise sanitaire du Coronavirus?

La mobilisation de divers supports peut effectivement être décisive. Mais il faut surtout la renforcer pour qu’elle ait davantage d’impact. Il faut également réfléchir trouver des éléments originaux,
des éléments complémentaires par rapport à ce qui est déjà fait dans chacun des pays en Afrique. Il y a une communi- cation institutionnelle qui est faite, une communication de masse par les médias et les pouvoirs publics, et à travers les réseaux sociaux. Il est par ailleurs important que les initiateurs de ce projet au niveau de l’extérieur, s’imprègnent davantage des initiatives prises sur le plan continental africain pour créer une véritable synergie. Il y a lieu de faire une sorte d’évaluation pour s’assurer que chaque étape du projet est bien implémentée, s’assurer de ce qui est déjà entrepris est bien fait, pour être plus efficace, donner de la cohérence à l’ac- tion et éviter de recommencer les mêmes choses. L’évaluation permet aussi d’identifier les zones où le message a du mal à passer et les zones de scepticisme, qui existent encore, les résistances qu’il y a en Afrique, et sur cette base, propo- ser des thématiques, des messages, des
slogans, récits, des histoires et visuels… Je pense que c’est de cette manière que cette initiative pourra donner plus de résultats et impacter ce qui est déjà fait.

L’Afrique dont certains oiseaux de mauvais augure prédisaient le pire face à la Covd-19 s’en sort plutôt pas mal voire mieux que nombre d’autres continents, pour l’instant. Comment expli- quer cette réalité ?

L’Afrique s’en sort mieux, oui. L’Afrique s’en sort bien. Les mauvaises langues et autres oiseaux de malheur avaient prédit des situations plus compliquées. Mais je pense qu’il ne faut pas pavoiser trop tôt. Pourquoi l’Afrique s’en sort ? Parce que l’Afrique a pris l’affaire au sérieux, elle a écouté les alertes et pris des mesures adéquates. L’Afrique résiste bien jusqu’à présent. Mais, on le voit, en Afrique comme ailleurs, il y a un relâchement. Les gens oublient que c’est parce que l’Afrique a pris en considération ce que prédisaient les oiseaux de mauvais augure et que des mesures fortes ont été prises, qui ont mis en péril nos économies, qui ont réduit la liberté de nos populations avant que la pandémie fasse des dégâts, que le contingent résiste…. C’est tout cela qui nous a mis à l’abri. Alors que ces mêmes mesures n’ont pas été prises à temps aux États-Unis, en France, Espagne, Italie ou au Brésil. La Chine n’a pas pris à la légère cette pandémie. L’Afrique a donc su contenir la propagation de la maladie du fait des mesures drastiques mises en place, avant même son apparition, ou dès les premiers cas. Mais, ne baissons pas la garde, respectons les mesures barrières. Car si à terme, un traitement et un vacin ne sont pas trouvés, la situation risque de se dégrader et le bilan de s’alourdir en Afrique. On ne le souhaite pas. Il y a donc lieu de rester vigilant jusqu’au bout.

Recueilli par J.-C. EDJANGUE

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