Démocratie: C’est au moins le débat et l’acceptation des contradictions

Si méditer et utiliser intelligemment son libre arbitre n’étaient pas vus comme injures et/ou défiance ?

Par Claude Koudou

On peut commencer par dire que nous aspirons tou(te)s à la liberté ; nous aspirons tou(te)s à la démocratie. Mais ces termes (liberté et démocratie) sont souvent interprétés suivant notre éducation et suivant les intérêts que nous visons alors que les définitions empruntées au dictionnaire (Larousse ou Robert, par exemple) et aux sciences sociales sont claires.

J’ai pris part hier, en tant que membre de délégation à la réunion organisée par la CEI, à l’ambassade de la Côte d’Ivoire en France. Si l’idée de l’intérêt collectif et de l’unité de la nation à nous présentée, est alléchante et peut correspondre au minimum à ce qui peut en être attendu, on peut déplorer la nature du magma des considérations dans lequel s’inscrit le préalable énoncé. Je cite :

« … on peut tenir des élections dans un pays et cela peut bien se passer ; il faut regarder l’intérêt du pays ; c’est la Côte d’Ivoire qui doit gagner et non un parti politique … » De tels propos, si la bonne foi était la chose au monde la mieux partagée dans le paysage politique ivoirien, seraient pris au sérieux. Il faut dire que puisque la présentation frisait l’ironie, les réactions ne se sont pas faites attendre au moment des échanges entre la CEI locale et des partis politiques présents dans la salle, sur :

– la composition de l’organe ;
– son mode d’installation et les critères qui ont guidé cela ;
– le contexte et les délais pour l’enrôlement ; …

En fait, que veulent les Africains lorsque le rapport à l’argent est problématique ? On me dira : « nos pays sont pauvres… ». Mais alors quelle approche méthodologique peut être adaptée lorsque la question de la souveraineté d’Afrique et de la dignité de l’homme noir se pose avec acuité ? Pourquoi nous étonnons-nous lorsque nos choix ne visent pas toujours l’efficacité mais privilégient souvent l’entre-soi ?

Le fond du problème doit être d’identifier et de bâtir un modèle sociétal qui s’appuie sur un socle anthropologique, psychologique et sociologique bien ciblé si nous voulons gagner nos batailles. Pourquoi l’indignation est-elle toujours vivace et les contradictions sélectives chez les Africains ? Les partis politiques proclament des droits à leurs militants lorsque ceux-là ont accompli leurs devoirs. Mais ceux qui prennent les résolutions ne respectent pas les textes. Quelle crédibilité pour réussir la démarche pédagogique ?

Par ailleurs, Laurent Gbagbo disait dans une déclaration à La Haye que « … les Africains ont peur d’être libres… » Assertion profonde ! Comment vouloir installer la démocratie et la liberté quand les pratiques des dirigeants sont sujettes à caution.

On vous oppose « la discipline » et vous êtes auréolé(e) quand vous savez adorer et avaler des inepties. C’est une conception qui ne peut pas prospérer. Car nous avons, ensemble vu et vécu. La procuration gratuite serait alors insensée.

Quand un pays a connu un tel nombre de victimes – que la décence ne permet pas de catégoriser – ; quand tant de sacrifices ont été consentis avec des exilés et tous les stigmates induits, il y a un minimum à observer si on veut être crédible.
Comment peut-on gagner avec un peuple qu’on endort à satiété ? Comment peut-on créer une société démocratique quand les débats sont mis sous cloche ?

Enfin, ce dont il faut être sûr, c’est que la force de conviction sur les bons combats est inébranlable. Car l’histoire retient toujours cela.

Claude Koudou

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