Enrôlement et covid-19 en Côte-d’Ivoire: Ayons le courage de nos choix (UNAFESCI, déclaration)

Le mercredi 10 juin 2020, débutera l’opération d’enrôlement des électeurs. Dans le calendrier électoral ivoirien, c’est ce processus qui lance officiellement la campagne.

Or, nul ne peut ignorer que la Côte d’Ivoire est entrée dans la phase assez grave de la crise du Covid-19.

Il nous paraît important d’en faire une analyse approfondie, d’en dégager les conséquences et leçons, avant de faire nos propositions et recommandations.

1- Le choix de l’élection contre la maladie.

Le lancement officiel de l’enrôlement est l’amorce du processus qui aboutira, dans moins de 20 semaines, à l’élection du président de la République. Le gouvernement, ce faisant, ne fait que rendre désormais claire sa volonté manifeste depuis le début de cette année, d’organiser les élections présidentielles le 31 octobre 2020. Il est donc, de notre avis, juste de l’en feliciter tant il est impérieux que le pays se focalise sur l’essentiel et fasse montre de résilience, dans un contexte médical extrêmement difficile à cerner.

On aurait douté un seul instant qu’il en serait autrement qu’on se serait lourdement trompé. Il faut se rendre, par conséquent, compte, qu’au soir du 31 octobre, les ivoiriens auront à voter le nouveau locataire du Palais du Plateau d’Abidjan.

Si, dans ces conditions, le choix du gouvernement, est de faire les élections, vaille que vaille, il est tout aussi incompréhensible qu’il maintienne des mesures de restriction, notamment, par la reconduction du confinement du Grand Abidjan. Alors que toute l’élite politique ivoirienne est basée dans le Grand Abidjan, le lancement de l’enrôlement rend officiellement impossible l’encadrement de ce processus par les partis et associations.
Quelles en sont alors les conséquences?

2- Les Conséquences

La première conséquence est que toute la Côte d’Ivoire est en train de basculer en mode électoral. La lutte contre le Covid-19 est devenue secondaire. La preuve reste le non suivi général des mesures de distanciation sociale et de barrière contre le Covid-19. Il ne sera donc pas surprenant que nous assistions, de jour en jour, à une croissance exponentielle des cas de contamination. Et cela ne doit étonner personne, à commencer par le gouvernement.

La deuxième conséquence qui est liée à la première est que, comme en France avant et après les élections municipales, l’explosion des cas de maladie va être une réalité. Le choix de faire l’élection fut le véhicule de la maladie. Cela aussi il faut l’accepter.

Enfin la troisième conséquence, et non la moindre, est que le maintien du confinement du Grand Abidjan profitera exclusivement au parti au pouvoir parce qu’il sera le seul à ne pas avoir ou demander l’autorisation de sortie de d’Abidjan. Seul le parti au pouvoir est dans toute sa capacité et le reste entièrement handicapé. Cela n’est ni juste, ni compréhensible. Aussi, il nous paraît important de faire les propositions et recommandations ci-dessous.

3- Les recommandations et propositions

Devant le choix du gouvernement d’aller aux élections, il est impérieux de prendre toutes les dispositions y afférentes. Notamment:

.* La levée des mesures de confinement du Grand Abidjan

* La levée de la mesure d’interdiction de rassemblement pour permettre à tous ceux qui le veulent et le peuvent de s’impliquer dans l’encadrement de l’enrôlement

* L’ouverture des frontières terrestres et aéroportuaires

* La levée de l’état d’urgence puisque l’ensemble de la population est amenée à accepter que désormais, le Covid-19 sera une donnée à prendre en compte dans notre quotidien

* La responsabilisation de chaque habitant de ce pays dans la lutte contre le Covid-19 en maintenant intactes les mesures de distanciation sociale et de barrière.

Ce faisant, le gouvernement arrêtera de s’inquiéter du non respect de quelques mesures que ce soient parce que toute la population sait que la rhétorique du respect des directives liées à la maladie ne sont que de la litanie pour se donner bonne conscience.

Aussi, tirant tout aussi les conséquences, il nous paraît important de lancer, en direction de l’ensemble des unafescistes, et de l’ensemble du peuple ivoirien, quelque soit leur opinion ou position,

* De veiller à vérifier qu’il est sur la liste électorale ou alors, de prendre toutes les dispositions pour se faire enrôler

* De se mobiliser pour que le maximum de nouveaux électeurs fasse l’ enrôlement parce que le prix de la liberté de choisir le futur président de la république est de 500F pour les nouveaux majeurs.

* De prendre toutes les dispositions pour soutenir les camarades et personnes moins nanties pour qu’elles établissent leur carte nationale d’identité.

À cet effet, nous lançons la mise en place d’un Fond Spécial de Solidarité qui nous permettra d’accompagner le processus électoral pour garantir sa réussite par la présence massive de nouveaux électeurs.

À la veille de l’enrôlement électoral, il est important de rappeler à tous et à toutes que l’avenir de notre pays dépendra de ceux qui auront exprimer leur voix par le vote. Rien ne devra justifier que nous ne nous mobilisions pas pour en impacter positivement la fin. C’est 500f, le prix de la liberté et du renouveau de notre pays.

La lutte se précise. Pourquoi ne pas y croire?

Fait à Abidjan, le 9 Juin 2020
Pour le BEN de L’UNA-FESCI
Le Président

Ahipeaud Martial Joseph, PhD

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