Dans le monde arabe, le racisme à bas bruit #BlackLivesMatter

Par Jeune-Afrique

Malgré de multiples protestations, l’influenceuse algérienne Souhila Ben Lachhab (à g.) et Tania Saleh, une chanteuse libanaise, ont refusé d’enlever d’Instagram ces photos d’elles-mêmes grimées, qui prolongent la tradition raciste du « blackface ».
Dans les pays arabes aussi, la mort de George Floyd a libéré la parole sur le racisme à l’égard des Noirs. Des discriminations souvent minimisées, réduites à de simples plaisanteries. Et qui s’aggravent quand elles atteignent des personnes situées au bas de l’échelle sociale.

Maryam Abu Khaled ne s’attendait sûrement pas à devenir une des égéries du mouvement Black Lives Matter au Moyen-Orient. Et pourtant, en moins d’une semaine, cette jeune comédienne palestinienne est devenue la voix de tous ceux qui, dans les pays arabes, sont confrontés à un racisme supposément bon enfant parce qu’ils ont la peau noire. « On me dit que le racisme aux États-Unis n’a rien à voir avec celui des pays arabes, qu’au moins ici on ne tue pas. Que ce sont des paroles prononcées avec amour et sans mauvaises intentions », s’insurge-t-elle dans une vidéo devenue virale, qui compte plus de 2 millions de vue sur Instagram.

« Vous vous rendez compte que ce que vous dites avec amour peut ruiner la psychologie d’une personne et briser sa confiance en elle ? » Et de décrire ce moment où elle a entendu une maman dire à son enfant de ne pas rester au soleil « pour ne pas brûler et ressembler à Maryam », ou ce père de famille expliquer à son fils que « si certaines personnes sont noires, c’est parce que leurs familles les ont laissées dans le four ». Elle conjure les personnes qui tiennent de tels propos d’arrêter. « Il n’est pas trop tard. Nous pouvons enseigner à la nouvelle génération ce qui est juste et injuste. »

Coup de gueule
Le coup de gueule de Maryam montre que dans les pays arabes comme ailleurs, la mort abjecte de George Floyd a libéré la parole sur le racisme anti-Noirs. Le débat se déroule surtout sur les réseaux sociaux avec, parfois, des maladresses qui témoignent d’une ignorance profonde. En signe de solidarité avec le mouvement Black Lives Matter, l’influenceuse algérienne Souhila Ben Lachhab s’est ainsi affichée sur Instagram avec la moitié du visage peint en noir. Tania Saleh, une chanteuse libanaise, a posté une photo de son visage noirci et auréolé de cheveux crépus. Malgré de multiples protestations, toutes deux ont refusé d’enlever ces photos qui prolongent la tradition raciste du « blackface ».

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Par Amélie Mouton et Mourad Kamel

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