En Côte-d’Ivoire « des partisans de Ouattara se demandent s’il ne va pas lui-même se présenter » à la présidentielle

Analyse d’Antoine Glaser, ancien directeur de La lettre du continent sur la santé de Gon et le cas Ouattara à quelque mois de la présidentielle ivoirienne de 2020.

Ce seront des élections à hauts risques dans le sens où, finalement, on a l’impression que la Côte d’Ivoire n’a jamais quitté ou passé la période d’Houphouët-Boigny.

Alassane Ouattara ne brigue pas un troisième mandat, mais à partir du moment où son candidat Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, qui n’a que 61 ans, est un homme fatigué qui a des problèmes cardiaques, cela crée une tension. Et un certain nombre de partisans de Ouattara se demandent s’il ne va pas lui-même se présenter à la dernière minute.

C’est Guillaume Soro qui a aidé en 2010 Alassane Ouattara à arriver au pouvoir par la force jusqu’à Abidjan. Ils se sont fâchés lorsque l’ancien chef rebelle a affiché ses intentions de se présenter. On ne sait pas réellement ce qu’il peut représenter comme force dans l’armée mais c’est un homme qui compte et c’est vrai que maintenant il a été condamné à vingt ans de prison en Côte d’Ivoire. Il vit pour le moment, en exil, entre la France et d’autres pays européens.

Du côté du PDCI, le parti démocratique de Côte d’Ivoire, c’est toujours l’héritier traditionnel d’Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié, arrivé au pouvoir en 1995 et « débarqué » par un coup d’État en 1999, qui veut une sorte de revanche. Aux dernières élections, il avait soutenu Alassane Ouattara et considérait que le président avait promis l’alternance à son parti. Ils avaient fait un parti en commun le RHDP, le rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix. Finalement, cette alliance n’a pas tenu.

On se retrouve aussi avec une troisième personnalité, Laurent Gbagbo, qui a été poursuivie par la cour pénale internationale de la Haye. Il a été acquitté en première instance et la cour doit décider à présent d’un appel. Certes, il aura, sans doute, du mal à rentrer au pays, mais il va jouer un rôle de faiseur de roi au sein de son propre parti, le FPI, le front populaire ivoirien.

On se retrouve donc comme lors de la période « Houphouétiste « avec 3 hommes dans un bateau » et cela ne change pas.

On ne peut pas dire qu’il y ait eu une vraie réconciliation politique nationale engagée par Alassane Ouattara. C’est ce qui est assez inquiétant car sur le plan économique cela marche plutôt bien. Mais sur le plan politique, il y a encore des prisonniers politiques, une partie de l’opposition n’est absolument pas d’accord sur la préparation des élections, sur la commission électorale qu’elle ne trouve pas assez indépendante. Donc c’est un climat qui est quand même préoccupant.

Le Courrier quotidien

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