L’épiscopat en Côte-d’Ivoire, publie une énième lettre pastorale sur la réconciliation, la justice et la paix

À trois mois de l’élection présidentielle, la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci) a publié une lettre pastorale intitulée « l’Église en Côte d’Ivoire au service de la réconciliation de la justice et de la paix ». Le document de 79 pages fait des propositions pour consolider la cohésion sociale.

Guy Aimé Eblotié (à Abidjan)

Plusieurs constats, des interpellations, et des propositions. À travers leur lettre pastorale présentée à la presse mardi 21 juillet, les évêques catholiques de Côte d’Ivoire veulent partager avec leurs compatriotes « le souci de la construction d’une société ivoirienne toujours plus fraternelle et ouverte à tous, respectueuse de la dignité et des droits de la personne humaine et préoccupée d’établir entre tous les citoyens des liens d’amitié, de confiance et de respect mutuel ».

Intitulé « l’Église en Côte d’Ivoire au service de la réconciliation de la justice et de la paix », ce document publié à trois mois d’une présidentielle qui cristallise l’attention en Côte d’Ivoire, est une invitation à « regarder ensemble et de façon objective la situation de crise que vit notre pays depuis de nombreuses années et ses conséquences qui marquent chacun dans sa chair et dans son histoire », a souligné le père Emmanuel Wohi Nin, le secrétaire général de la Cecci qui a présenté l’ouvrage.

La lettre pastorale composée de 83 points est subdivisée en 3 grandes parties : une Église appelée à vivre la communion avec Dieu, les autres et la création ; une Église-communion au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ; et l’engagement de tous pour la construction d’une société de paix.

Réconciliation, justice, paix

Les évêques présentent les conditions de réalisation de la réconciliation, la justice et la paix. D’abord, « la réconciliation doit être inclusive et participative en ce sens qu’elle ne doit exclure aucun antagonisme », écrivent-ils. « Elle devra être accompagnée par des actes courageux et honnêtes : la rencontre entre les protagonistes de la crise, l’écoute réciproque, la reconstruction d’une histoire commune, l’acceptation du passé douloureux, la prise en compte des souffrances de tous et de chacun, l’acceptation des motivations, des raisons, et des causes de la crise. »

Quant à la justice, trois conditions leur apparaissent nécessaires pour y parvenir. Il s’agit notamment de « promouvoir un ordre juste, respecter le principe de subsidiarité et lutter contre la corruption ». Car, déplorent les évêques, depuis ces dernières années, les autorités gouvernementales de toutes les tendances idéologiques de notre pays, ont toujours tenté de manipuler la justice selon leurs intérêts. Ces dirigeants l’ont fait « soit pour dénier la nationalité ivoirienne, soit pour la brader, soit pour rendre inéligible un adversaire politique, soit pour remettre à la justice internationale certains compatriotes tandis que d’autres responsables de crimes jouissent de leur liberté » insiste l’épiscopat.

Dans sa lettre pastorale, la Cecci estime qu’« il ne suffit pas d’organiser des élections pour que le pays soit en paix. Il est nécessaire d’y cultiver l’amour et la fraternité entre nous, par des prises de paroles, des actions et des relations empreintes de convivialité. »

Tous concernés

Si aux yeux de l’épiscopat, seule une authentique réconciliation accomplie dans la vérité et la justice apportera une paix durable à la société ivoirienne, c’est donc tous les fils et filles de la Côte d’Ivoire, les évêques, prêtres et tous les consacrés y compris qui sont appelés à construire et consolider la paix. À cet effet, « l’Église ne pourra contribuer de façon crédible à la construction et la consolidation de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire que si les pasteurs et les fidèles laïcs sont réconciliés entre eux. La perte de crédibilité et le discrédit dans la mission exigent de nous une attitude renouvelée et résolue pour résoudre les conflits à l’intérieur de l’Église. » prévient la lettre pastorale qui interpelle le clergé sur sa responsabilité et sa mission prophétique au sein de la société ivoirienne.

La-croix.com

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