Déclaration de L’UNA-FESCI suite aux manifestations en Côte-d’Ivoire

Déclaration de L’UNA-FESCI suite aux manifestations du 13 Août 2020

A l’appel d’Alternative Citoyenne Ivoirienne et des organisations de jeunesse et de femmes de partis politiques de l’opposition ivoirienne, le jeudi 13 Août 2020, ont eu lieu des manifestations dans de nombreuses villes de notre pays. Cette journée de protestation avait pour but de s’opposer à la candidature du Dr Alassane Dramane OUATTARA, Président de la République sortant, à une troisième mandature, le 31 octobre 2020.

Ces manifestations ont dégénéré en affrontements entre partisans de l’opposition et ceux du Président sortant dont la mort d’un jeune de 17 ans, abattu par balle réelle, par un policier, à Bonoua.
Dans certaines villes du pays, ces violentes rixes ont failli tourner en confrontation interethniques.

L’UNAFESCI s’incline devant la mémoire de ces cinq morts de trop des crises de notre pays.

Devant la gravité de la situation, L’UNAFESCI, qui travaille depuis deux ans à la cohésion et à la réconciliation entre fescistes et les fescistes et le reste de la nation, se doit de reagir.

1- De la problématique du 3ème mandat ou de la 3ème République

Au cœur de ce grand imbroglio politico-juridique, il y a le fait que l’interprétation de la constitution de 2016 est source de confusion. Car si pour certains, celle-ci, en ses divers articles, interdit fermement le président sortant de briguer un autre mandat qui serait alors le troisième, donc anticonstitutionnel, l’autre camp conclue que cette même constitution suspend la précédente et crée alors la troisième République.

De là, vient la conclusion que la prochaine élection serait la première de la troisième République, rendant du coup éligible, le président sortant. Car si les deux constitutions parlent de deux mandats, le passage de la deuxième à la troisième république remettrait le compteur à zéro. De là, il n’est point question de troisième mandat mais plutôt du premier mandat de la troisième République. Voilà les arguments qui justifient les positions des uns et des autres. Il reste alors à L’UNA-FESCI, face à ces arguments tranchés, d’en faire une expertise et de conclure pour avoir une position claire et nette.

2- 3ème mandat ou /et 3ème République

L’analyse des différents arguments nous permet de conclure à une lecture politique de la loi fondamentale pour trois raisons.

La première est que le passage d’une république a une autre se fait, du point de vue historique comme juridique, par une suspension, sinon dissolution des dispositions réglementaires passées et de la réécriture de nouvelles avec en plus, la mise en place de nouvelles institutions et règles. La Constitution de 2000 n’a été écrite qu’après un coup d’état et une transition militaire. Dans le cas de la constitution de 2016, il n’y a point eu de rupture institutionnelle, encore moins juridique. Bien au contraire, seuls des « experts » choisis par le Président sortant se sont réunis pour concevoir, une copie conforme de la constitution de 2000 à la différence de l’institutionnalisation de la Vice-Présidence et la Chefferie Traditionnelle. D’ailleurs, les « experts » ont compris cela. C’est pour cela qu’ils ont pris soin d’ajouter formellement l’article 183 qui confirme expressément la continuité de la deuxième république par la non suspension des dispositions réglementaires en cours. Bien entendu, pour la mise en vigueur de la nouvelle constitution, l’ancienne ne peut aucunement être en existence. D’où la disposition qui spécifie l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution. Nul, selon l’emiment ancien Président du Conseil Constitutionnel Francis Wodie, ne peut alors se prévaloir de sa propre turpitude pour vouloir conclure que nous sommes dans la Troisième République. D’ailleurs, la modification de la constitution de 2016, par le Congrès réuni en séance extraordinaire, en 2020, ne nous fait pas passer dans la 4ème République. Par conséquent, c’est la position claire de l’UNA-FESCI que nous ne sommes aucunement dans la troisième République mais bel et bien dans la deuxième avec deux modifications.

Au regard donc de la Loi et des Règles prescrites sous la 2ème République, il est clair que le 3ème mandat du Président sortant est anticonstitutionnel et politiquement motivé.

C’est bien parce qu’il s’agit de politique et non de droit que les arguments nous laissent penser que les acteurs ne veulent pas aller dans le fonds du sujet. Les responsables institutionnels de la légalité constitutionnelle et électorale sont des militants n’ayant pas hésité à sacrifier leur carrière pour engager un combat pour obtenir l’éligibilité de leur champion. Aussi, il est évident que devenus gardiens constitutionnel et électoral de l’ordre politique actuel, ils ne peuvent se dédire en remettant en cause leur engagement politique. L’affaire est donc politique et non juridique. Voilà la simple vérité.

Enfin, la Troisième République n’adviendra qu’après la transition et la réécriture des textes et des institutions pour préparer la troisième génération à la gouvernance de notre pays. Les tenants de la deuxième génération ne doivent aucunement prétendre usurper la troisième République comme argument d’une crise politique et sociale.

3- Recommandations de l’UNA-FESCI

Pour L’UNAFESCI, il y a ici une question politique a résoudre sur des bases politiques. Tout le reste est de la sorcellerie politique de premier ordre. Car ce dont il s’agit, reste de savoir si le Président sortant a le droit d’exclure d’autres potentiels candidats, verrouiller institutionnellement les règles et alors décréter vouloir continuer son règne sans qu’aucune autre voix n’ait droit au chapitre?

Si la réponse à cette question est positive, alors nous reconnaissons que nous ne sommes plus en République mais autrement qu’en Royaume. Or, nous sommes en République. Alors, c’est notre conviction que notre réponse est non. Que faire alors?

-Premièrement considérer que nous sommes encore sage et accepter une élection inclusive et transparente. Cela suppose que le Président sortant soit autorisé à candidater tout comme Le Président Laurent Gbagbo dont la contestation des résultats des élections de 2010 ne peut être utilisée ici comme argument pour justifier son exclusion du jeu. Ceux qui souhaitent candidater doivent aussi être autorises. Point

-Deuxièmement, appliquer le bon sens et l’éthique ainsi que tenir compte de l’aspiration profonde du peuple ivoirien à un changement qualitatif en écartant les trois présidents des trois dernières décennies.

Dans les deux cas de figure, c’est tout aussi notre ultime conviction que La liberté comme le Pouvoir ne peuvent être un héritage légué par un individu ou une collectivité à une autre. Si la Troisième Génération veut mettre en place les fondamentaux qui lui permettront de gouverner autrement la Côte d’Ivoire après la deuxième génération, elle doit assumer ses responsabilités ou la trahir. C’est à elle et à celles qui suivent, qu’incombent la lutte pour l’avènement de la vraie Démocratie puisque nos aînés en ont fait un simulacre.

Vive la 3ème République pour les Générations suivant avec la 3eme en tête!
Non à un 3ème mandat à jamais, En Côté d’Ivoire et partout en Afrique!

Fait à Abidjan
Pour le BEN
Le Président

Ahipeaud Martial Joseph, PhD

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1 réflexion au sujet de « Déclaration de L’UNA-FESCI suite aux manifestations en Côte-d’Ivoire »

  1. Je paraphrase un passage de cette déclaration : « …… si nous somme dans un royaume ou dans une republique… ». Nous sommes bien sur dans un Royaume avec un Roi qui impose tout ce qu’il veut á son peuple………. DRAMANE ressemble t-il une personne ayant obtenu un Phd ?? . DRAMANE a-t-il étudié aux USA ???. When a President is ruling his country with the rule of « DOUBLE STANDARD » , HE BECOMES NOTHING BUT an INDIGENOUS King like the ONE in Swasiland

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