La guerre des «vieux pachydermes» aura bel et bien lieu en Côte-d’Ivoire

Ce samedi 12 septembre, des milliers de partisans de Henri Konan Bédié (HKB) ont rallié Yamoussoukro pour l’investir en grande pompe comme candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain. Sous réserve de l’avis du Conseil Constitutionnel devant lequel un recours a été déposé par le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) contre cette candidature du Sphinx de Daoukro, l’on peut dire que contrairement à la dernière présidentielle, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) aura en face, un pachyderme de sa trempe. C’est donc loin d’être « maïs », pour paraphraser le grand absent et habitué des joutes électorales ivoiriennes, Laurent Gbagbo, toujours dans les mailles du filet de la Cour pénale internationale (CPI) et en indélicatesse avec la loi électorale du pays.

La guerre des « vieux pachydermes » aura donc lieu et promet d’être des plus épiques, surtout si toute l’opposition ivoirienne répond, par un écho favorable, à l’appel de HKB à soutenir sa candidature. Et l’on ne peut que s’en féliciter car, c’est la démocratie ivoirienne qui gagne. Mais il y a des regrets à nourrir face à cette configuration de la présidentielle ivoirienne de 2020. Le premier de ces regrets est que le renouvellement de la classe politique tant attendu, n’aura finalement pas lieu. Ceux qui rêvaient d’un duel entre Guillaume Soro et Charles Blé Goudé à cette élection de 2020 doivent se résigner à attendre, couchés sur leurs lits, et continuer de vivre le cauchemar des luttes fratricides entre les héritiers de Félix Houphouët-Boigny, qui ont pris en otage le pays de l’éléphant depuis la disparition du père de la Nation. L’autre regret que l’on peut avoir, c’est le climat de tension palpable qui entoure cette élection et qui fait remonter dans les souvenirs, les affres des crises électorales de 2000, de 2003-2004 et de 2010-2011.

L’élection de 2020 constitue un véritable challenge

L’atmosphère est si électrique que l’Association démocratique des français de l’étranger (ADFE) aussi connue sous le vocable de « Français du monde », qui regroupe depuis 40 ans des Français établis hors de France, a cru bon de donner l’alerte lors de sa dernière assemblée générale tenue à Abidjan. 20 à 25 000 Français résident en Côte d’ivoire. Et beaucoup expriment des inquiétudes quant aux risques de troubles socio-politiques, à l’orée de cette élection. Enfin, l’on peut regretter la caporalisation, à vue d’œil, des médias d’Etat par le pouvoir et qui fait douter de l’égalité et de l’équité d’accès des candidats aux moyens de communication.

En tout état de cause, il faut craindre, au regard des nuages qui s’amoncèlent dans le ciel ivoirien, que l’herbe, c’est-à-dire les populations ivoiriennes, ne pâtissent de ce duel annoncé entre les deux « pachydermes » de la forêt ivoirienne, qui, malgré leur âge avancé, ont gardé intactes leurs défenses. Il y a donc nécessité que des dispositions soient prises pour ramener toute la sérénité que requiert une élection véritablement démocratique et cela devrait aller au delà des simples déclarations rassurantes du président ADO. C’est en cela que cette élection de 2020 constitue un véritable challenge pour tous ceux qui interviennent dans le processus électoral. Le premier défi est celui de la responsabilité et particulièrement, celle du Conseil constitutionnel qui doit faire preuve d’impartialité pour éviter de se constituer en pyromane dans cette forêt ivoirienne où les anciens tisons peuvent vite s’allumer. Le second défi est celui d’une campagne électorale apaisée et cela devrait passer par la signature d’un code de bonne conduite par les candidats, qui servirait de « gentlemen agreement » pour civiliser les joutes électorales et éviter de jouer au mauvais perdant au sortir de l’élection. Mais tout cela passe par le défi de la transparence de l’élection.

Saho
Lebanco.net

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