Côte-d’Ivoire: «À quoi sert de respecter le 31 octobre si le 1er novembre on a une crise postélectorale ?» (Gervais Coulibaly)

Voici les points à inscrire au dialogue que nous proposons

L’ancien porte-parole du président Gbagbo et président de Cap unir pour la démocratie et le développement (Cap Udd) son parti politique est sorti de sa réserve. Après une interview au quotidien Soir Info, le 31 août 2020, Gervais Coulibaly était face à la presse samedi. Il s’est prononcé sur l’actualité du moment rythmée par la présidentielle polémique du 31 octobre 2020. L’ancien vice-président de la Cei chargée de la liste électorale a dégagé sa position face à cette élection qui fait couler encre et salive. Le conférencier estime que cette échéance n’est pas tenable en l’état actuel des positions tranchées entre pouvoir et opposition au sujet de la crédibilité du scrutin.

« Aujourd’hui, après la décision rendue le 14 septembre 2020 par le conseil constitutionnel, l’atmosphère est de plus en plus tendue et nous savons tous que si rien n’est fait, nous ne pourrons certainement pas aller aux élections le 31 octobre 2020. Si par extraordinaire nous réussissons à y aller, il y a une forte probabilité que les résultats ne soient pas acceptés par certaines parties. Nous allons donc tout droit, c’est certain, dans une crise postélectorale ». Telle est l’analyse de la situation que fait Gervais Coulibaly. De sa lecture des faits, il arrive à la déduction que l’élection ne doit pas être une fixation mais qu’il faut plutôt favoriser la paix avant ou après le scrutin. Aussi convient-il maintenant, selon lui, de la part des dirigeants du pays, d’ouvrir un dialogue entre les parties afin de s’accorder sur les points de discorde actuels. « A quoi sert de respecter le 31 octobre si le 1er novembre on assiste à des casses et que personne ne peut sortir ? », interroge-t-il avant de glisser cette exhortation : « Monsieur le président de la République, c’est à vous qu’il appartient d’ouvrir le dialogue. Prenons le temps de bien dialoguer même si cela doit amener au report de l’élection ».

Sur les points à discuter, Gervais Coulibaly propose que tous les points de désaccord actuels entre pouvoir, opposition et société civile sont à inscrire à l’ordre du jour si une discussion devait s’ouvrir. Il cite notamment – la composition de la Cei qui doit amener à instaurer la confiance en cette institution – l’arrêt du conseil constitutionnel qui a éliminé des candidats qui contestent la décision – la réinscription de Gbagbo, Soro et Blé Goudé sur la liste électorale et même la 3e candidature de Ouattara à laquelle il s’est dit opposé au regard de la loi. « Il ne faut pas s’accrocher à un fétichisme des dates », martèle l’ancien exilé qui interpelle que ceux qui parlent beaucoup aujourd’hui et se braquent sont ceux qui n’ont pas goûté aux affres de l’exil. Pour lui, il y a lieu de tout mettre en œuvre pour que la prochaine élection n’aboutisse pas à des départs en exil.

Et même si la réponse d’Alassane Ouattara est déjà connue à savoir que le dialogue est déjà fait et que l’élection ne peut être reportée, Gervais Coulibaly a dit vouloir se mettre en mission de bons offices pour la recherche de la paix. « Nous irons rencontrer les autorités pour discuter », a-t-il déclaré, optimiste se basant sur l’idéologie de l’houphouëtisme dont se réclament les différentes parties au conflit. La philosophie houphouëtiste étant fondée sur le dialogue, selon l’orateur.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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