JNCC Côte-d’Ivoire: Après les 1000 FCFA le Kg, Cap sur le maintient du prix aux paysans

L’instant était solennel. Les paysans, les organisations de producteurs triées sur le volet, les grands chocolatiers d’ici et d’ailleurs, des industriels de la chaîne des valeurs, des négociants et tout microcosme qui gravite autour du cacao ivoirien ont fait le plein du chapiteau présidentiel aménagé pour la circonstance au sein de la résidence de Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. Ce 1er octobre, c’était bien les 7e Journées nationales du cacao et du chocolat (Jncc) et faire le lancement desdites journées chez Houphouët, revêt pour Alassane Ouattara qui en a donné le top départ tout un symbole. Houphouët, grand planteur ivoirien de cacao et défenseur attitré des producteurs à ses débuts à travers le Syndicat agricole africain (Saa), ancêtre du Pdci. Tel est pour l’histoire.

Cette première journée était très attendue par le monde paysan, les petits planteurs comme les industriels. En pleine rentrée scolaire et à la veille d’une élection présidentielle controversée, ils attendaient tous le prix bord champ pour la campagne 2020/2021, fixé depuis l’avènement de Ouattara par le gouvernement. La cérémonie a pris des allures de fête et elle a été vite transformée en une tribune de campagne électorale. Ouattara qui brigue un troisième mandat est depuis quelques jours en mode séduction et les paysans n’ont pas échappé à leur part de cour assidue qu’il fait depuis un temps aux différentes couches sociales du pays. Et quand à une telle cérémonie, le directeur de campagne associé Kobénan Kouassi Adjoumani par ailleurs ministre de l’Agriculture et du développement rural est de la partie, tout devient propagande politique.

Tout commence par la remise des trophées aux meilleurs producteurs et coopératives avec des récompenses à coups de millions de FCFA en espèces et en nature. Le tout couronné par le don spécial du président aux producteurs d’un montant de 100 millions de FCFA. La cagnotte est annoncée par Adjoumani dans une théâtralisation dont il a le secret.

Il est revenu à Alassane Ouattara de libérer les producteurs en annonçant enfin le prix. « J’ai décidé d’augmenter le prix de 825 F CFA/Kg à 1000 FCFA/Kg, ce qui correspond à un soutien d’environ 355,3 milliards de F CFA aux producteurs. Cette augmentation traduit notre engagement et notre détermination à améliorer les revenus et le niveau de vie de nos parents producteurs », a-t-il déclaré au grand bonheur de l’auditoire qui a accueilli la nouvelle par des ovations nourries. Le président de la République a expliqué que les cours sont en baisse du fait de la pandémie mondiale du corona virus. Et alors qu’il escomptait une hausse des cours, ce choc a plutôt entraîné une baisse des prix sur le marché mondial. Si l’on suivait la logique économique de son explication, le prix bord champ aux paysans serait en chute libre. Selon toute vraisemblance, et comme l’a explicité le chef de l’Etat, les producteurs ivoiriens ont été sauvés par la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux plus grands producteurs mondiaux qui dans leur plan stratégique ont pu aboutir à la mise en place d’une prime de soutien de 400 dollars la tonne soit environ 200 mille FCFA qui revient au paysan. C’est à juste titre que le directeur de la Ghana Cocoa Board était présent aux côtés du chef de l’Etat à cette occasion.

Le président a ensuite ébauché quelques grands projets de la cacaoculture en Côte d’Ivoire tels que la certification qui passe par la traçabilité du produit, la transformation à l’horizon 2025 de 100% de la production nationale. Il a invité les industriels du monde à venir s’installer en Côte d’Ivoire.

Si ce prix du kilogramme est bien accueilli par les paysans, l’autre grand défi reste son application sur le terrain. L’un des représentants des producteurs et non des moindres, Kanga Koffi de l’Association nationale des producteurs de café cacao de Côte d’Ivoire (Anaproci) a exprimé ses inquiétudes sur Rfi ce vendredi. Pour lui, il faut veiller que les acheteurs véreux ne puissent tuer l’espoir des paysans avec des méthodes qu’ils ont jusque-là utilisées pour ne pas payer au prix officiel et ce, en dépit de la loi qui fait obligation de respecter le prix.

SD de retour de Yamoussoukro
sdebailly@yahoo.fr

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