Lettre de « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » au Chef de l’Etat

Monsieur le Président,

Nous ne vous rappellerons pas l’actualité brûlante du moment. Nous voudrions, à travers cette adresse, appeler au dialogue. Il y a trop de haine dans le pays et dans les discours. La Côte d’Ivoire a besoin de paix et de rassemblement, de consensus aussi. L’opposition est dans son rôle et dans son jeu pour obtenir un minimum de consensus ou de compromis. Vous avez été, pendant dix-sept ans, l’un des principaux opposants aux régimes d’Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo. Vous êtes donc bien placé pour savoir ce qu’il en retourne.

Monsieur le Président, nul ne peut être là où vous êtes, subir ce que vous subissez et garder le calme, la sérénité et le stoïcisme d’un bouddha. Mais ce pays a montré au monde que ses leaders sont toujours capables de transcender leurs divergences dans l’intérêt supérieur de la nation. Devrions-nous vous rappeler que si la Côte d’Ivoire a connu la paix malgré les braises de 2002, c’est parce que deux hommes d’Etat, Laurent Gbagbo et Soro Guillaume, ont su convertir leurs divergences en compromis pour aboutir au consens qui a permis l’organisation de la présidentielle inclusive de 2010 dont vous êtes sorti victorieux ? Nul ne doit laisser les forces sanguinivores dévorer la vitalité de ce pays que nous aimons tous d’un amour différent.
Monsieur le Président, Il est toujours possible de vous retrouver avec votre opposition pour offrir à la nation la paix. « Il n’y a pas de sacrifice trop grand pour la paix » avez-vous dit dans votre allocution à l’occasion de la 58e fête de l’indépendance. Vous avez également ajouté ceci : « nous devons œuvrer pour préserver les symboles et les enseignements que nous avons reçus en héritage : l’union, la discipline et le travail, notre devise nationale ; le vivre ensemble, la tolérance et la fraternité, notre credo. Les crises des deux dernières décennies nous ont montré que rompre ce pacte met en danger la cohésion sociale et la Nation elle-même ».

Monsieur le Président, « la paix n’est pas un vain mot mais un comportement ». Dans les comportements conduisant à la paix figure le dialogue qui « es l’arme des forts et non des faibles, (…) l’arme de ceux qui font passer leurs problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d’amour propre » (Félix Houphouët-Boigny, Devant le Corps diplomatique le 1er janvier 1970). « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appellent à un dialogue national inclusif. Mais pour que le dialogue conduise à la paix véritable, il doit être franc et sans trompe-l’œil pour satisfaire quelque publicité et laisser en chemin les préoccupations essentielles. Sortons des sentiers de la surenchère. Abandonnons la voie des paroles incendiaires et allons à la paix. Allons à la paix, vous et l’opposition, avec un rameau d’olivier entre les dents et non avec le glaive levé. Les ivoiriens attendent que vous soyez un faiseur de paix, vous leur premier magistrat. Ce ne sera pas une faiblesse de votre part mais la force et la sagesse des grands hommes d’Etat.

Le Président de « Les Démocrates de Côte d’Ivoire »
Seraphin Prao

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