Dimbokro, ville martyre histoire coloniale Côte-d’Ivoire: Koné Samba, un vrai résistant (portrait)

Portrait – Koné Samba, héros de l’histoire coloniale de Dimbokro

Dans les années 50, Dimbokro, plus que ville martyre, est une ville des héros et Koné Samba Ambroise y fut un héros. Le stade municipal de la ville porte fièrement son nom en souvenir de ses actions dans la lutte anticoloniale. Nous relatons ici ce que nous avons appris par des témoignages et des écrits, de l’histoire de cet illustre défenseur de Dimbokro contre le colonisateur français.

À Dimbokro, actuel chef-lieu de la région du N’Zi, le nom de Koné Samba Ambroise rime avec l’histoire de la lutte anticoloniale de cette région jadis prospère appelée « la boucle du cacao ». Cet opposant à la politique coloniale, natif de Katiola, de l’ethnie tagbana, s’était établi dans la prospère capitale de la boucle du cacao pour mener des activités de commerce et de transport.

A Dimbokro, en janvier 1950, face à la résistance des populations autochtones, le colonisateur n’a trouvé d’autre parade que de briser l’élan de lutte émancipatrice du PDCI-RDA, en réprimant les meneurs dont Koné Samba Ambroise. Il était un grand ami et fidèle compagnon de Félix Houphouët-Boigny dans le combat d’implantation de son parti dans cette région en particulier, et en Côte d’Ivoire en général. Des témoignages révèlent que Koné Samba Ambroise cachait chez lui Félix Houphouët-Boigny poursuivi et recherché par les colons. Arrêté de façon jugée arbitraire dans la nuit du 28 au 29 janvier 1950 à Dimbokro, Koné Samba Ambroise a reçu le soutien de plus de 3 000 manifestants. La manifestation aurait occasionné officiellement 20 prisonniers, 50 blessés et 15 morts dont certains reposent au cimetière des martyrs du PDCI-RDA de Dimbokro.

Koné Samba Ambroise qui faisait respecter scrupuleusement le mot d’ordre de boycott de produits coloniaux, s’empoigne verbalement avec un habitant de la ville. Ce qui, parvenu aux oreilles des colons, fut un élément catalyseur de la répression. Montel, le commandant de cercle de Dimbokro, qui ne s’embarrasse pas de fioritures, fait arrêter Koné Samba Ambroise, le secrétaire général de la sous-section du PDCI-RDA du N’Zi et le met au cachot. Il échappe de peu à une exécution sommaire alors qu’il est au faîte de sa popularité dans la région. En fait, il n’avait fait qu’appliquer les consignes de boycott de produits importés. Plus de 4 000 âmes affluent vers Dimbokro, ville pro-RDA, campent sur la place du marché et partout où cela était possible, le 30 janvier 1950.

Alors effrayés, le commandant Montel et son adjoint Darras tirent et atteignent ainsi les premiers manifestants. La ville de Dimbokro s’embrase. L’armée coloniale composée de tirailleurs noirs, de policiers et surtout d’Alaouites fait feu, causant la mort de treize autochtones le même jour et deux autres le lendemain.

Koné Samba Ambroise survécu à tout cela. C’est trente-deux ans plus tard, le 30 octobre 1982, qu’il décède au service de cardiologie du CHU de Treichville, à Abidjan. Il fut inhumé en avril 1983 auprès de ses compagnons de lutte émancipatrice du RDA dans le cimetière des martyrs du PDCI-RDA de Dimbokro, en présence du président fondateur dudit parti et premier président de la République de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, ainsi que des dignitaires de ce parti. A Dimbokro, en face de la gare ferroviaire, réside encore dans une grande cour familiale, la descendance du disparu.

Robert-Patrice Zouhou
Lebanco.net

 

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