Covid-19 en Côte-d’Ivoire: Plus personne ne respecte les gestes barrières

Depuis un certain temps, il y a un relâchement qui est constaté dans le respect des mesures-barrière relatives à la lutte contre la propagation du Coronavirus (Covid-19) en Côte d’Ivoire.

Des transports en commun aux écoles, en passant par les églises, les mosquées, et les gares routières et autres, très peu sont les personnes qui respectent ces mesures. Le dispositif de lavage des mains installé à l’entrée de la gare UTRAKO d’Adjamé Renault, il y a de cela quelques mois, n’est plus qu’un vieux souvenir. Les équipes chargées de veiller au respect des mesures-barrière ne sont plus en place. Dans l’enceinte de la gare et à l’intérieur des cars, seulement quelques passagers ont porté leur masque. « Le cache-nez m’étouffe. C’est pourquoi, je ne l’utilise que quand c’est vraiment nécessaire », confie Serges Bilé, un voyageur assis à la fenêtre d’un car de cette compagnie.

« J’ai mon masque avec moi. Mais puisque nous ne sommes pas encore nombreux dans le car, j’attends qu’il fasse le plein avant de le porter », affirme Karaboué Aminata pour nous rassurer.

C’est le même décor qu’il nous est donné de constater à la gare SBTA, où aucun dispositif de prévention contre la Covid-19 n’existe. Le port du masque est aussi ignoré dans cette gare routière.

Contrairement à la gare UTRAKO et SBTA, celle d’UTB semble mieux organisée dans ce sens. Même si la plupart des passagers ne portaient pas de masque lors de notre passage le mardi 17 novembre 2020. « Nous avons installé des seaux de lavage des mains à l’entrée et à d’autres endroits de la gare. Et notre équipe d’hygiène veille à ce que les passagers se plient à ce geste. Avant de monter dans les véhicules, nous soumettons également nos passagers au nettoyage des mains avec le gel hydroalcoolique », nous dit Dah Sansan, le responsable de la gare. Il ajoute, dans la même foulée : « Les sièges des véhicules sont désinfectés 15 minutes avant le départ. Et chaque passager doit présenter son cache-nez avant de monter dans le car. Si l’un d’entre eux ne l’a pas, nous lui demandons d’en acheter avec les vendeuses ambulantes ou dans notre boutique. Nous faisons de notre mieux, même si tout n’est pas parfait ».

Du coté des marchés, des maquis et restaurants, c’est le même constat. Aucune mesure n’est respectée par les occupants de ces différents lieux.

« Vraiment, nous sommes fatigués avec cette histoire de Corona. Nous voulons nous mettre à l’aise », dira Beugré Yago, un client rencontré le samedi 14 novembre 2020 dans un maquis à la rue Kimi, au quartier Maroc, pour expliquer sa réticence à appliquer les gestes-barrière. Irène Bath, la tenancière du maquis, rejette d’ailleurs la faute sur les clients. « Certains d’entre eux rechignent à appliquer les mesures-barrière. Mais nous essayons de les amener à la raison. Ils finissent par comprendre ».

Les mesures-barrière aux oubliettes dans les mosquées et églises

Au niveau des mosquées et des églises, les mesures-barrière sont également piétinées, aussi bien par les dirigeants que les fidèles. Les seaux de lavage des mains, qui étaient installés à l’entrée de ces lieux de prière, ne sont plus visibles. Et les comités de gestion chargés de faire respecter les mesures-barrière ont baissé la garde.

Au cours des séances de prières, très peu de fidèles portent leur masque de protection. Le vendredi 13 novembre 2020, lors de la grande prière à la mosquée Bilal de Yopougon Port-Bouët 2, seulement une vingtaine de fidèles avaient porté leur cache-nez, sur une centaine présente.

Il y a tout de même des guides religieux qui veillent au grain. C’est le cas du curé de la Paroisse Saint Elisabeth de Yopougon Ananeraie. Il a profité de la messe du dimanche 15 novembre 2020 pour sensibiliser ses fidèles au respect des mesures-barrières. « Nous répétons à chaque fois la nécessité pour les fidèles de se protéger. Mais beaucoup trichent. Ils ne portent les masques que lorsqu’on le leur rappelle. Alors que cette action devrait être normalement spontanée. Nous avons à maintes reprises refusé l’accès de l’église à des fidèles qui n’avaient pas de cache-nez. Mais, cela n’a rien changé », déplore-t-il.

Pour ce religieux, le relâchement constaté ces derniers temps dans le respect des mesures-barrière, pourrait s’expliquer par la diminution considérable du nombre de cas et aussi par l’assouplissement de certaines mesures, par le gouvernement. Mais pour sa part, tout est une question de civisme et de bon sens.

Difficile de faire respecter les mesures barrières dans les écoles

Dans les différents établissements scolaires que nous avons sillonnés, les éducateurs, les enseignants et les responsables éprouvent des difficultés à faire respecter les mesures barrières aux élèves. Surtout concernant le port du masque. « Les élèves portent leurs cache-nez lorsqu’ils nous voient ou lorsqu’on le leur demande. A part ça, ils ne mettent jamais leur masque », nous explique Diaby Kalilou, éducateur au Lycée municipal Pierre Gadié de Yopougon. Idem au Collège moderne du Plateau et au groupe scolaire BAD d’Adjamé Bromacoté. « Chaque matin, nous veillons au portail à ce que les élèves aient leur cache-nez et qu’ils se lavent également les mains avant d’avoir accès à l’établissement. Les éducateurs et les enseignants continuent de les sensibiliser sur l’importance du respect des mesures barrières. Mais, les enfants étant ce qu’ils sont, nous sommes obligés de faire la police », regrette Mme Sokolo Yolande, directrice adjointe du Collège moderne du Plateau.

Abondant dans le même sens, Mme Koffi Adjoua, enseignante au groupe scolaire Bromacoté renchérit en ces termes : « Ce n’est pas facile avec les enfants. Car, malgré nos efforts, ils ne voient pas les choses comme nous. Nous faisons notre possible pour les amener à porter leur masque. Mais, j’avoue que ce n’est pas facile », nous confie Koffi Adjoua, enseignante au groupe scolaire Bromacoté.

Le port du masque partiellement respecté dans les banques et les pharmacies

Au niveau des banques et des pharmacies, le port du masque est partiellement respecté. A la SGBCI du Plateau, où nous avons fait un tour le mardi 17 novembre 2020, la quasi-totalité des clients avaient porté leur masque de protection. Et chacun était soumis à l’entrée, soit au lavage des mains avec l’eau et le savon ou au nettoyage des mains avec du gel hydroalcoolique par les agents de sécurité. « C’est important de porter le masque. Car en le faisant, on se protège soi-même. Mais, on protège également les autres à savoir sa famille, son entourage et ses proches », souligne Guy Edmond, un client rencontré sur place.

A l’agence SIB de Yopougon quartier millionnaire, bien que le port du cache-nez soit respecté, les autres mesures que sont le lavage des mains ou l’utilisation du gel hydroalcoolique ne le sont pas.

S’agissant des pharmacies, à l’exception de celle de Long Champ et Koralie situées dans la commune du Plateau, où le port du masque est entièrement respecté par les clients, les autres que nous avons sillonnés, notamment les pharmacies Saint Michel et Koro d’Adjamé 220 logements, Sandrina et Phenix à Yopougon ne se plient pas à cette mesure.

Boubakar Barry

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