Côte-d’Ivoire: De «la résistance au terrorisme» politique

De la résistance à la violence politique

J’entends souvent parler de « résistance » et de « lutte »en Côte d’Ivoire. Cependant celles-ci restent à définir et à décrire clairement pour édifier et éclairer l’opinion. En quoi consistent-elles (idéologie, conditions d’apparition, idéologie, évolution, composition, organisation, structures et formes, stratégies, moyens, modes opératoires, méthode et modes d’action), notamment après les dernières manifestations de désobéissance civile et de boycott actif, qui nous conduisent à observer non plus une résistance à un modèle économique et politique, mais aux Institutions de la République. Un défi à l’autorité de l’Etat et à la légalité, qui a opté pour des actions violentes et meurtrières dans le cadre d’un rapport de force avec le pouvoir, en vue de le renverser. S’agit-il en l’occurrence d’une nouvelle forme de militantisme structurée autour de partis politiques (lesquels ?) ou de certains leaders d’opinion en dépit des différences significatives qui peuvent exister entre les obédiences politiques auxquelles ils appartiennent respectivement, pour lutter ensemble temporairement en vue de changer une situation ( laquelle, pourquoi et comment ?) ou de manifestations menées par des activistes regroupés structurellement par affinités et proximité (lesquelles ?) sous l’autorité ou l’influence d’organes bien identifiés, en vue d’exprimer des révendications politiques précises et de soutenir une cause permanente ou ponctuelle donnée (lequelle ?). Comment s’opère les convergences d’opinions, de sentiments et d’action (mots d’ordre, encadrement sur le terrain, conception et cordination de l’action, logistique, financement, relais, tactiques) ? Quels sont les messages adressés aux populations, à l’international et au pouvoir, au-delà de dépeindre notre pays comme étant l’enfer et de diaboliser son image ( détestable, despotique, tribal, extrêmement pauvre et profondément anti-démocratique, en regression constante dans tous les domaines, servant des intérêts étrangers et vassalisé, ect…).

Au plan de l’idéologie, le terme de « résistance » a connu à travers l’histoire des mutations sémantiques qui aujourd’hui, lui donnent le sens moderne de « mouvement qui s’oppose à l’occupation d’un pays par des forces étrangères » . Dès lors, celui-ci nous renvoie à la version politique de « l’ivoirité » qui considère que la Côte d’Ivoire est gouvernée politiquement et dominée économiquement par des étrangers venus des pays limitrophes (Burkina-faso, mali, guinée, etc…). Dès lors, il s’agit d’un discours social et politique porteur d’une connotation négative au départ, qui après avoir stigmatisé cette forme « d’occupation ou d’envahissement » est devenu générique dans l’usage, pour désigner désormais plus largement toutes les formes de luttes contre l’illégalité, la corruption, les injustices (sociales, politiques et économiques) les pratiques anti-démocratiques, etc….

La convergence de ces différentes natures et formes de lutte, regroupant mêmes des idéologie opposées à l’idéologie primitive de l’ivoirité politique mérite une clarification, afin de distinguer le mouvement politique qui s’oppose à des réalités politiques ou des phénomènes sociaux précis dans le but d’une amélioration des choses dont l’intérêt général, de celui qui prône encore insidieusement l’exclusion, une forme de séparatisme, donc la désintégration de la « nation » et la partition géographique de son territoire, malgré une rébellion armée qui l’a combattu (idéologie, actions) pour exprimer la réprobation d’une partie de la communauté nationale et de son sentiment d’indignation face à la situation socio-politique et au système de gouvernance qu’il a inspirés et mis en place. Aujourd’hui et avec le recul, celle-ci est-t-elle restée fidèle à ses mobiles initiaux et était-elle utile, voire justifiée, vue ses déviations, ses reniements, ses motivations politiques et économiques profondes, ses alliances post-crises et ses résultats ? Ceci est une autre question, un autre débat, qu’il conviendra de traiter également ultérieurement.
Sans être parvenu à définir le contenu exact du concept de cette « résistance », celle-ci a évolué vers un mode destructif et violent qui nous conduit à nous interroger sur ce choix et le but poursuivi.

En ciblant la destruction de biens publics et privés, en privilégiant des agressions collectives à caractère ethnique, l’assassinat ou l’agression de personnalités gouvernementales pour le symbole qu’elle représentent ou même pour la haine nourris vis à vis de leurs personnes ou encore des atteintes aux droits fondamentaux de la personne et du citoyen, tant physiques que juridiques, quel est le message politique visé par de telles actions, en dehors du contexte de rapport de force sociale et de négociation politique ? Quels sont les circuits, les moyens et les modalités de mise en oeuvre de cette « lutte » de violence et de criminalité politique, mêlant terrorisme intérieur pour faire plier l’Etat, guerilla éclatée sur tout le territoire menée par des groupucules d’activites rémunérés repertoriés et endoctrinés à une petite échelle locale visant à modifier les comportements électoraux, punir les populations pour leurs réfus de désobéir ou d’adhérer aux idéologies et objectifs de ce mouvement, à exploiter artificiellement cette paralysie imposée de force à la société pour lui en donner des significations politiques étrangères, voire contraires à la volonté populaire et largement majoritaire de cette dernère dans la réalité. Dès lors, la finalité de l’action est de fournir à l’extérieur (médias, politiques et organisaions internationales) un message travesti, falsifié et fabriqué artificiellement de toutes pièces par ce mouvement, en vue d’obtenir soutien, sympathie ( l’opposition est souvent considérée dans l’opinion occidentale comme un contre-poids démocratique nécessaire à la bonne gouvernance et à l’expression des libertés fondamentales.

Dès lors, elle jouit d’un préjugé favorable et d’un capital historique et culturel de sympathie) et influence politique dans le cadre des relations internationales et des négociations pour garantir la paix et la stabilité du pays. Le mouvement n’ayant aucune finalité d’émancipation et de progrès, il ne participe pas du développement du pays et de la construction des solutions à apporter aux besoins et attentes des masses. On crée un besoin superficiel de changement qui n’indique nullement au profit de qui ( individus, partis politiques, protagonistes se partageant le pouvoir, populations) et dans quelle direction ( libéralisme, centrisme, socialisme, extrême droite, ethno-nationalisme, national-socialisme, socio-libéralisme) suivant quelle vision et avec quels moyens (projets, programmes).

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