L’opposition en Côte-d’Ivoire, du front commun « insurrectionnel » en octobre à la division aux législatives

Opposition ivoirienne, du front uni à la présidentielle à la division aux législatives (PAPIER D’ANGLE)

Serge Alain KOFFI

En Côte d’Ivoire, la promesse de l’opposition d’aller “en rangs serrés’’ aux législatives du 06 mars pour ravir au Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti présidentiel) sa majorité à l’Assemblée nationale n’aura tenu que le temps d’une conférence de presse. L’unité affichée jusque-là, a volé en éclats, à un mois du scrutin.

“Oubliées les listes communes… Sous l’impulsion hégémonique des deux grands partis, […] les alliés sont écartés sans ménagement, avec beaucoup de mépris’’, déplorait vendredi, dans un communiqué, Danièle Boni Claverie, la présidente de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), un petit parti de l’opposition, à la suite d’autres formations politiques, qui avaient avant elle soulevé les mêmes griefs.

Lundi déjà, Le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), Le parti de Charles Blé Goudé, avait ouvert le bal en annonçant qu’il se libérait “de tout engagement au sein de la CDRP’’ et reconsidérait “sa collaboration avec ladite coalition’’, mise sur pied et dirigée par le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié.

Evoquant les raisons de sa décision, le COJEP avait expliqué que “l’annonce des élections législatives qui devraient être saisie comme une opportunité pour renforcer la cohésion et l’unité de l’opposition, a malheureusement mis au grand jour les appétits et autres guerres de positionnement entre des entités pourtant supposées être des partenaires’’.

“La guerre de positionnement et la logique de domination ne sont pas l’idée qui avait guidé le COJEP à adhérer à la coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDRP)’’, regrettait le parti, qui estime que ses “objectifs en s’engageant aux cotes des autres plateformes de l’opposition n’ont été qu’une désillusion amère’’.

Le lendemain, le FPI tendance Affi N’Guessan accusait, quant à lui ouvertement, le PDCI et l’EDS, la plateforme pro-Gabgbo, de discuter de candidatures uniques entre eux en laissant les autres partis de la coalition d’opposition à l’écart.

Le FPI Affi a donc décidé de faire alliance avec les autres partis dont les candidats ont pas été écartés par le PDCI et EDS.

Jeudi, l’ex-Première dame Simone Gbagbo, recevant une délégation une sud-comoé, avait de son côté parlé de “tiraillements’’ au sein de l’opposition, écartelée entre les partisans d’une participation au scrutin et ceux qui appellent à un nouveau boycott après la présidentielle du 31 octobre.

Le 13 janvier, sept autres petits partis avaient affirmé « ne pas être concernés » par les législatives, qu’ils jugent “faussées d’avance ». Tout comme GPS de Guillaume Soro, qui a annoncé lui également qu’il ne présentait pas de candidat sous ses couleurs.

Pour le parti de l’ancien président de l’Assemblée nationale, “ce qui est essentiel c’est de préserver l’union de l’opposition politique ivoirienne’’ et non une quelconque participation à ce scrutin.

Pourtant début janvier, les leaders de l’opposition avaient juré presque la main sur le cœur d’aller en rangs serrés au scrutin, lors d’une conférence de presse au siège du PDCI.

“Il n’aura pas officiellement un candidat de la coalition de l’opposition que le président Henri Konan Bédié préside contre un autre candidat. Il y’aura un seul candidat par siège pour le compte de l’opposition. On sera ensemble, quelque soit le candidat choisi, on sera tous derrière lui. Si vous voyez un indépendant quelque part, c’est qu’il n’est pas de l’opposition. C’est un faux indépendant envoyé par le RHDP pour faire diversion. Pour nous tous les candidats indépendants sont RHDP. Y’a pas d’indépendants chez nous’’, avait indiqué Gnamien Konan, leader du mouvement La Nouvelle Côte d’Ivoire), lors d’une conférence de presse, qu’il a conjointement animée avec le président de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), Armand Ouegnin, et le secrétaire exécutif par intérim du PDCI, Niamkey Koffi.

Illustration de la désunion de l’opposition : Marie Odette Lorougnon, vice-présidente de la branche pro-Gbagbo du FPI, est candidate à Gagnoa sous-préfecture et aura face à elle le sortant et numéro deux du PDCI, Maurice Kakou Guikahué.

Serge Alain KOFFI

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