Mankeur Ndiaye exige plus de casques bleus en Centrafrique

Maimouna SANÉ

Le sort de la République centrafricaine (Rca) doit interpeller les Nations unies. C’est ce que le représentant spécial de l’Onu dans ce pays a fait savoir à New York, au Conseil de sécurité. Pour Mankeur Ndiaye, la Rca fait face à «un grave risque de recul en matière de sécurité». Selon le diplomate onusien, il urge pour l’Onu de prendre des dispositions pour garantir une adaptation de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) à la nouvelle situation.

L’alerte de Mankeur Ndiaye

Jeudi, devant le Conseil de sécurité, le représentant spécial de l’Onu en République centrafricaine (Rca) a voulu agir par le verbe pour un pays devenu un volcan en Afrique centrale. Une sur-priorité du fait d’une situation sécuritaire qui se dégrade de jour en jour. Le dernier assaut contre Bangui, la capitale, rappelle bien à propos que le temps est compté pour ce pays qui a tant souffert des coups d’Etat et autres conflits interethniques. Mankeur Ndiaye a averti que «la menace pourrait durer». Il s’est voulu insistant en apprenant à ses interlocuteurs du Conseil de sécurité que de graves risques d’insécurité guettent la Rca. «La Répu­blique centrafricaine court un grave risque de recul en matière de sécurité et consolidation de la paix. Ce qui pourrait saper tout ce que ce Conseil et les partenaires de la République centrafricaine ont contribué à construire», a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité.

Vague de violence lancée par la nouvelle coalition

L’envoyé spécial de l’Onu, faisant le point de la situation, a rendu compte d’une situation tendue. Il a indiqué que «la vague de violences qui a précédé le premier tour des élections a émaillé celui-ci et se poursuit du fait de la nouvelle coalition dénommée Coalition des patriotes pour le changement (Cpc), dont les connivences avec certaines personnalités politiques, notamment l’ancien Président François Bozizé, sont désormais établies».

Mankeur Ndiaye poursuit pour faire comprendre : «Cette situation de violences causée dans les régions par les groupes armés alliés – Upc, 3R, Mpc, ainsi que certaines factions du Fprc et des anti-balaka – contre les populations civiles, les autorités publiques, les forces de défense et de sécurité et la Minusca met à l’épreuve les capacités de la Mission (la Minusca) à assurer ses tâches essentielles de protection des populations civiles dans un contexte politico-électoral tendu, exacerbé par des clivages identitaires.» M. Ndiaye n’a pas manqué d’adresser ses remerciements au Conseil de sécurité de son soutien en permettant la rapide mise en place «du déploiement de troupes et d’hélicoptères de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) dans le cadre de la coopération intermission».

Augmentation des effectifs des casques bleus

L’émissaire onusien a plaidé pour une prorogation de quelques mois de cette «coopération intermission». Ce qui lui a permis d’évoquer la mort de 5 casques bleus causée par «la multiplication des violences et l’adoption des embuscades comme mode opératoire par les combattants de la Cpc». Une stratégie d’aménagement du mandat de la Minusca ne serait pas de trop, au regard du représentant des Nations unies ; d’où cette requête de Mankeur Ndiaye : «Une augmentation substantielle des effectifs des composantes en uniforme de la mission en l’occurrence la force, la police et l’Adminis­tration pénitentiaire, devrait lui permettre de maintenir sa posture robuste tout en disposant d’une plus grande mobilité». «J’appelle ce Conseil à examiner les mesures les plus appropriées pour garantir une adaptation de la Minusca à la nouvelle situation. Si elles peuvent paraître importantes en première approche (3 000 casques bleus demandés), ces troupes additionnelles permettront à la mission de disposer d’un outil robuste et adapté à la menace. Proposition est donc faite de rehausser le plafond des casques bleus autorisés à 14 mille 650 soldats», demande l’émissaire de l’Onu en Rca.

Reprise du dialogue

Convaincu que «la seule réponse durable aux défis actuels est politique», Mankeur Ndiaye milite pour une reprise du dialogue en Centrafrique «avec les éléments des groupes armés qui ont opté pour rejoindre la Cpc, mais qui n’ont pas commis des crimes graves». Une démarche qui pourrait «être fondamentale pour cheminer sur un parcours de réconciliation qui puisse stabiliser le pays sans compromettre la recherche de la justice et de la lutte contre l’impunité».

Senego

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