Auto-neutralisation de l’opposition et victimes collatérales en Côte-d’Ivoire

Les législatives du 6 mars 2021 seront incontestablement les plus ouvertes depuis de nombreux scrutins. Si le RHDP nourrit l’ambition de réaliser un raz-de-marée électoral pour effacer « l’accident » de la présidentielle du 31 octobre 2020, l’Opposition mène, en son sein, une querelle de leadership et de représentativité.

C’est pourquoi l’Opposition s’oppose à l’Opposition. Et s’est confortablement installée dans le jeu de la neutralisation.

Tu ne m’arranges pas? Je te mets les bâtons dans les roues.

Ainsi, le mariage de raison de la présidentielle entre Henri Konan Bédié, président du défunt CNT, et Pascal Affi N’Guessan, son porte-parole, a volé en éclats. A la tête de leur coalition, chacun a contracté de nouvelles alliances politiques. Le président du PDCI-RDA et la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP) s’amourachent avec Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, coalition) et l’aile gbagboïste du FPI. Le président de l’autorité tendance du FPI, avec Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD-CI), s’est jeté dans les bras de l’UDPCI arc-en-ciel.

Ces arrangements conjoncturels ont fait des victimes collatérales au niveau de certains partis de l’Opposition qui, dénonçant l’allégorie du fleuve et de la rivière, ont choisi de faire cavaliers seuls.

Faute de listes communes, c’est donc le choc des rivalités. Sur le terrain, l’Opposition va d’abord en découdre avec elle-même alors que l’objectif affiché est de ravir la majorité des 255 sièges à l’Assemblée nationale. Car, bien qu’étant en alliance, le PDCI-RDA et EDS s’affrontent dans plusieurs circonscriptions dont Port-Bouet, Gagnoa, Abengourou, Diégonefla, etc.

Les deux facrions rivales du FPI, quant à elles, affûtent les armes pour se mesurer et savoir qui a la réalité du terrain. Presque partout dans les bastions du parti, elles présentent des listes concurrentes.

Dans cette guerre fratricide, c’est le RHDP qui pourrait bien se frotter les mains. Il est en ordre de bataille et bénéficie d’un découpage électoral fantaisiste. Alors, en allant en ordre dispersé, l’Opposition réduit sa force de frappe qui risque de devenir inopérante.

Et le malheur des uns va faire le bonheur des autres.

F. M. Bally

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